La Saxe, fief de l’industrie automobile allemande

17 avril 2016 09:48 Mis à jour: 25 avril 2016 23:28

À une portée de regard de la Pologne et de la Tchéquie, la Saxe apparaît aujourd’hui comme la vitrine de référence car elle allie les atouts culturels et industriels du passé avec un extraordinaire redéploiement depuis la réunification allemande…

Comme si elle avait enfin retrouvé la créativité de naguère lorsqu’elle découvrit le secret de la porcelaine ou lorsqu’elle inventa le tube de dentifrice et le filtre à café. Une énergie symbolisée aussi par l’insolite usine de verre Volkswagen qui s’affiche à quelques minutes à pied du vieux centre baroque de Dresde.

L’Allemagne a décidément l’art de surprendre ses visiteurs. Sait-on encore que Dresde était durant le VIIIe siècle la cour d’Europe la plus brillante après celle de Louis XIV ? Que la Saxe était jusqu’à la Seconde Guerre mondiale la région la plus prospère d’Allemagne ? Deux épisodes successifs vont complètement interrompre cet essor. Le 13 février 1945, les bombardiers alliés s’acharnent sur la capitale de la Saxe, histoire de saper le moral des troupes nazies. La ville n’est plus qu’un champ de ruines calcinées. Les superbes collections saxonnes transférées au début de la guerre dans différents abris furent saisies par l’armée soviétique et transportées en Russie. De plus, la Saxe bascule du mauvais côté du rideau de fer. Mille ans d’histoire vont tomber dans l’oubli dont 829 pendant lesquels la Saxe fut gouvernée par une seule et même famille qui contribua à son essor économique sans précédent.

La Neumarkt, le cœur des attractions de la vieille ville de Dresde avec sa splendide église protestante de Notre-Dame et son enfilade de prestigieuses bâtisses. (Charles Mahaux)
La Neumarkt, le cœur des attractions de la vieille ville de Dresde avec sa splendide église protestante de Notre-Dame et son enfilade de prestigieuses bâtisses. (Charles Mahaux)

Fort heureusement, depuis la réunification, Dresde a rejailli de ses cendres à force d’obstination et a retrouvé toute son aura du passé sur les rives de l’Elbe. L’économie saxonne reprend du poil de la bête entre autres grâce à l’automobile. C’est dans cette région que sont nées les entreprises Horch, Audi, Wanderer et DKW qui vont fusionner en 1932 pour former le consortium Auto Union, une fusion à l’origine des quatre anneaux de la marque Audi.

Le régime communiste créa la rupture : on fabriquait désormais des Trabant qui gardent toutefois la cote auprès des collectionneurs. Mais les savoir-faire se perpétuent dès le lendemain de la réunification. En 1990 on pose la première pierre de la nouvelle usine VW de Zwickau  ; près de 6 millions de moteurs VW sont construits à Chemnitz ; depuis 2001, dans les jardins du cœur de la ville de Dresde s’est ouverte la célèbre manufacture de verre où est assemblé le modèle haut de gamme Phaeton, essentiellement vendu hors des frontières européennes. Véritable fief de l’industrie automobile allemande, la Saxe accueille également à Leipzig l’usine de montage de la Cayenne, de la Carrera GT et de la Panamera. C’est également à Leipzig que BMW produit ses modèles Série 3. Une stratégie qui s’est avérée payante car aujourd’hui le land de Saxe a développé autour de ses universités un savoir-faire pointu dans les domaines techniques et on peut véritablement parler de Silicon Saxony.

Petit tour d’horizon !

Résidence des ducs et des rois, Dresde était si belle qu’on la surnommait la Florence sur l’Elbe. Restaurée à l’identique, elle offre une collection unique de toiles exceptionnelles signées par des maîtres comme Raphaël, Rubens, Vermeer, Rembrandt ou Bruegel, des trésors d’orfèvrerie, des horloges savantes, des porcelaines de Chine et de Meissen, du cristal de roche ciselé, des coupes incrustées de pierres précieuses, bref une débauche d’ambre, d’argent, d’or, d’ivoire et de gemmes à la hauteur de l’incroyable mégalomanie des princes de Saxe.

Un petit bijou en porcelaine de Meissen réalisé par le sculpteur Chris Antemann « Love Temple Forbidden Fruit ». (Charles Mahaux)
Un petit bijou en porcelaine de Meissen réalisé par le sculpteur Chris Antemann « Love Temple Forbidden Fruit ». (Charles Mahaux)

C’est à partir de Meissen, sur les rives de l’Elbe, que débuta la colonisation de la Saxe jusqu’à ce que Dresde devienne la nouvelle capitale. Jamais détruite au fil des siècles, la ville dominée par son château fort et les clochers effilés de sa cathédrale invite à une flânerie romantique dans son vieux centre médiéval. Mais Meissen est davantage réputée pour être le temple de la porcelaine grâce à un alchimiste qui en découvrit le secret de la fabrication jusque-là soigneusement gardé par les Chinois et les Japonais. Le roi Auguste II comprit que cette découverte était une mine d’or pour le pays et il logea son créateur dans une forteresse de Meissen où il lui fit aménager une manufacture de porcelaine www.meissen.com/en.

Une route des vins de Saxe se déploie depuis Pirna, traverse Dresde et aboutit à Meissen en passant par Radebeul. Ici plus qu’ailleurs, les vignes escarpées, étagées en terrasses étroites dessinent un décor de carte postale. C’est que le belvédère baroque du château de Wackerbarth, le premier domaine viticole d’État européen, est d’une élégance toute particulière qui rappelle les jardins à la française. L’Elbe agit ici comme un vaste miroir qui réfléchit sur les coteaux la chaleur des journées d’été accumulée par des murs de pierre qui la redistribuent durant la nuit www.schloss-wackerbarth.de/englisch/

Pirna, au sud de Dresde, a tout d’une cité secrète avec ses maisons bourgeoises aux frontons richement décorés, ses ruelles tortueuses et sa place du Marché Renaissance. À croire que le temps s’est arrêté au XVIIIe siècle. Pirna est plus connue pour être la porte de la Suisse Saxonne, site pittoresque au cœur d’un environnement qui ne l’est pas moins car l’Elbe coule entre d’impressionnantes colonnes de grès en forme de tables qui surmontent des gorges profondes. Une perspective qui a inspiré deux peintres suisses en mal de leur Jura natal. Ils imaginèrent ce surnom insolite qui s’est imposé au grand désarroi des autorités…

La petite ville de Meissen avec ses maisons colorées sur une place pavée a conservé tout son charme historique. (Charles Mahaux)
La petite ville de Meissen avec ses maisons colorées sur une place pavée a conservé tout son charme historique. (Charles Mahaux)

 

Görlitz, au bord de la Neisse, frontière naturelle avec la Pologne, est fière de ses 4 000 monuments historiques pour à peine 55 000 habitants ! Cité marchande prospère grâce à ses maîtres drapiers, elle charme par le mariage singulier de plusieurs styles architecturaux qui s’étalent sur mille ans d’histoire : gothique, Renaissance, baroque, Art nouveau. Rencontre inattendue avec des dizaines de Trabant colorées, si petites qu’elles peinent à combler l’Untermarkt !

Sur la Route de l’Argent qui relie Dresde à Zwickau, Freiberg affiche encore son caractère médiéval derrière ses remparts bien conservés. Silbermann, le facteur d’orgues mondialement connu, y installa son atelier et ses œuvres se découvrent dans la cathédrale. Le château abrite une extraordinaire collection de 3 500 cailloux prélevés dans les 20 000 minerais légués par leur propriétaire à l’université de Freiberg spécialisée dans les technologies minières www.terra-mineralia.de.

 

INFOS PRATIQUES

À découvrir sur le site de www.germany.travel/fr/ms/saxe/home/index.html ou en anglais www.sachsen-tourismus.de. Si vous aimez vous faire guider durant votre séjour un bon contact multi-langue Christiane Mörke et son agence www.allegro-dresden.de

Se loger. On peut choisir de se loger à Dresde et nous y avons testé le Innside Hotel www.melia.com/innside un très bon rapport qualité/prix avec une excellente table et idéalement situé à deux pas du centre historique. On peut préférer le charme de Pirna, une petite ville située entre Dresde et la Suisse Saxonne. Son cœur moyenâgeux a conservé tout son charme d’antan et la cité est plus tranquille que la capitale voisine. C’est aussi un point de départ idéal pour toutes les excursions. À découvrir le Romantik Hotel Deutsches Haus www.romantikhotel-pirna.de. A Görlitz, un autre Romantik Hotel, le Tuchmacher idéalement situé dans le décor historique d’une maison de drapier, à deux pas du centre www.tuchmacher.de

Se nourrir. De nombreux restaurants restent fidèles à une gastronomie très germanique et quelque peu roborative. Toutefois, il est des perles à découvrir à Dresde bien sûr, mais surtout à Görlitz au Vino e Cultura, un plongeon raffiné en Méditerrannée avec des produits frais et de saison www.vinoecultura.de

 

Christiane Goor, journaliste. Charles Mahaux, photographe. Un couple, deux expressions complémentaires, ils fixent l’instant et le racontent. Leur passion, ils la mettent au service du voyage, de la rencontre avec l’autre.

 

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