Scandale des eaux minérales : Alexis Kohler refuse de témoigner devant la commission d’enquête du Sénat

Par Epoch Times avec AFP
8 avril 2025 11:29 Mis à jour: 8 avril 2025 19:12

Le secrétaire général de l’Élysée Alexis Kohler a décliné la convocation d’une commission d’enquête sénatoriale sur le scandale des eaux en bouteille, invoquant le motif de « séparation des pouvoirs » à la veille de son audition, a indiqué lundi l’Élysée.

Le proche collaborateur d’Emmanuel Macron, qui s’apprête à quitter ses fonctions, devait être entendu par les sénateurs mardi après-midi, dans le cadre de cette commission d’enquête créée en novembre à la suite des révélations de presse sur des traitements possiblement illicites d’eaux minérales.

Selon les deux médias, l’ARS Occitanie avait conclu en août 2024 que l’usage de certains traitements non autorisés, qui incluent les lampes UV et les filtres à charbon, a bien cessé sur le site de Vergèze de la firme Nestlé Waters. En revanche, elle avait notamment estimé que la microfiltration, dont la réglementation a été assouplie par le gouvernement en 2023, n’est « pas réglementaire » en ce qu’elle a un « effet désinfectant avéré ».

Photo prise le 17 mai 2001 de l’usine Perrier à Vergèze. La source de Vergèze est entourée d’un périmètre d’intervention foncière de 3500 hectares dont 900 sont la propriété du groupe Perrier Vittel. (Photo DOMINIQUE FAGET/AFP via Getty Images)

« Incohérence »

Auprès de l’AFP, le sénateur socialiste Alexandre Ouizille, rapporteur de cette commission d’enquête, s’est dit « surpris » de cette décision.

« Cela ne correspond pas à l’esprit qui était celui des échanges qu’on a eus avec l’Élysée », a-t-il regretté, rappelant que la présidence de la République avait accepté de livrer des documents à cette commission d’enquête.

« Je ne vois pas en quoi le fait de nous envoyer des documents ne serait pas couvert par le principe de séparation des pouvoirs et pourquoi le fait de venir en audition le serait. C’est une incohérence », a-t-il ajouté, sans vouloir s’avancer sur d’éventuelles poursuites judiciaires postérieures à ce refus.

Passible de deux ans d’emprisonnement et de 7500 euros d’amende

Selon une ordonnance du 17 novembre 1958, toute personne dont une commission d’enquête a jugé l’audition utile est tenue de déférer à la convocation qui lui est délivrée. La personne qui ne comparaît pas ou refuse de déposer ou de prêter serment devant une commission d’enquête est passible de deux ans d’emprisonnement et de 7500 euros d’amende.

Cette audition était particulièrement attendue depuis de nouvelles révélations en février concernant une rencontre entre des représentants de Nestlé et Alexis Kohler, à la suite de laquelle le gouvernement aurait autorisé le plan de transformation du groupe. Ce plan consiste à retirer les traitements non conformes (filtres à charbon et UV) et à les remplacer par une microfiltration à 0,2 micron dont la légalité a fait l’objet de nombreuses auditions de la commission.

Emmanuel Macron avait démenti être au courant de cette rencontre, ajoutant qu’il n’y avait eu ni « entente », ni « connivence », et Nestlé a de son côté démenti avoir exercé une forme de lobbying.

Rapport prévu le 19 mai

M. Kohler, qui quittera l’Élysée mi-avril après huit ans aux côtés du président de la République, avait déjà décliné la convocation d’une commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur le dérapage budgétaire à la fin de l’hiver, invoquant les mêmes raisons.

Après avoir entendu des dizaines de personnes, dont trois ministres ou anciens ministres, leurs collaborateurs, des dirigeants de Nestlé, des ONG, des élus locaux, des responsables de l’administration mais aussi les journalistes à l’origine des révélations ou des chercheurs spécialistes des eaux, la commission est en passe de conclure ses auditions.

Le directeur général de Nestlé Laurent Freixe sera auditionné mercredi, une « dernière chance » pour le groupe d’expliquer pourquoi des traitements non conformes ont été mis en place et quand, selon le président de la commission Laurent Burgoa, qui a plusieurs fois déploré le manque de coopération de l’entreprise.

Le rapport de la commission sera présenté le 19 mai prochain.

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