Au cœur de l’affaire Jeffrey Epstein, poursuivi pour viols sur mineures et retrouvé mort en prison à New-York, figure un Français, proche du milliardaire américain, Jean-Luc Brunel, recruteur international de mannequins, accusé de viols et d’avoir fourni des jeunes filles à son ancien ami.
Ce retentissant scandale de trafic sexuel d’adolescentes a d’abord pour cadre les États-Unis, notamment les propriétés de M. Epstein à Manhattan et en Floride ou à bord de son jet surnommé « Lolita Express ».
Mais une partie des faits a pu se dérouler dans son appartement de l’avenue Foch, près de l’Arc de Triomphe, longtemps fréquenté par Jean-Luc Brunel. « Il appartient aux enquêteurs (…) de faire la lumière sur l’usage de l’appartement acquis par monsieur Epstein », avait indiqué le 23 juillet l’association Innocence en danger en réclamant une enquête au parquet de Paris.
Affaire Epstein : Mediapart publie deux témoignages clés qui mettent en cause l’ami français d’Epstein, Jean-Luc Brunel, accusé d’être un de ses « principaux pourvoyeurs » de mineures. https://t.co/1J6Y0IbRCI
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Jeffrey Epstein, membre de la jet-set américaine dont l’entourage haut-placé a compté Bill Clinton ou encore le prince Andrew, fils de la reine Elizabeth II, sollicitait très régulièrement des « massages » qui, selon l’enquête américaine, tournaient aux rapports sexuels forcés.
À la rubrique « massages » de son carnet d’adresses, révélé en 2015 par le site américain Gawker, une trentaine de noms figure au chapitre « France ».
Autant d’éléments qui pourraient conduire le parquet de Paris à ouvrir une enquête, comme le réclament deux membres du gouvernement. Le parquet a répondu qu’il effectuait des vérifications avant de se prononcer sur cette éventualité.
Jean-Luc Brunel, septuagénaire disparu des radars, serait-il le premier concerné par une telle procédure en France ? Le nom du fondateur en 1978 de la prestigieuse agence Karin Models, parti aux États-Unis lancer MC2 Model Management, apparaît en effet dès la première enquête sur M. Epstein, en 2007-2008.
Deux enquêtes impeccables sur les ramifications françaises de l’affaire Epstein. Et reste suspendue cette question : comment ces complices ont-ils pu opérer aussi longtemps en toute impunité ?
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Des extraits en ont été révélés en 2015 grâce à la procédure civile lancée par Virginia Roberts Giuffre, une femme qui affirme avoir été l' »esclave sexuel » du milliardaire et avoir été forcée à coucher avec M. Brunel.
A l’époque, au moins deux messages troublants ont été retrouvés par la police de Floride, dont celui-ci, noté en 2015 par un domestique après un coup de fil de « Jean-Luc »: « Il a une prof pour vous, pour vous apprendre à parler russe. Elle a 2×8 ans, pas blonde. Les leçons sont gratuites et vous pouvez avoir la première aujourd’hui si vous appelez. »
Pour les avocats de Mme Giuffre, il s’agirait de la mise à disposition d’une Russe de 16 ans pour un de ces « massages » suspects.
« J’ai décidé d’intenter des poursuites judiciaires en France et aux Etats-Unis contre des allégations qui me causent un préjudice considérable », avait déclaré M. Brunel en 2015 au Guardian, dans sa seule déclaration connue. Il déposa plainte aussi contre M. Epstein, mais aucune de ces procédures n’a prospéré.
Quant aux accusations de viols, des mannequins en faisaient état dès 1988 dans un documentaire de CBS. Et Mediapart a diffusé mardi le témoignage d’un ancien mannequin néerlandais, Thysia Huisman, qui affirme avoir été « droguée et violée » à cette époque par M. Brunel. Elle avait 18 ans.
« Nous avons été contactés par plusieurs mannequins qui ont été représentés par MC2 et Karin au sujet d’accusations de potentiels trafic sexuel et abus sexuels », a déclaré à l’AFP Sara Ziff, une ancienne top model ayant fondé en 2012 l’association new-yorkaise Model Alliance, consacrée à la défense des droits des mannequins.
Dans le monde du mannequinat, « tout le monde était au courant de ces pratiques depuis des années, mais ne disait rien, il y a une espèce d’omerta », a affirmé à l’AFP Ekaterina Ozhiganova, co-fondatrice en France de l’association Model Law.
« Ce n’est pas la première fois que des gens de pouvoir bénéficient d’un traitement favorable » garantissant l’impunité sur des années, note cette mannequin de 26 ans, soulignant la similitude avec l’affaire Weinstein, ce scandale qui a secoué Hollywood et lancé le mouvement #MeToo en 2017.
« Les agresseurs potentiels gravitent autour de ces métiers liés au corps, comme le mannequinat », dit-elle. « Ça leur permet de côtoyer des proies faciles », analyse-t-elle.
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