Sebastian Gorka décrit la politique étrangère de Trump : pas d’interventionnisme ni d’isolationnisme, mais une « force chirurgicale »

Sebastian Gorka a évoqué les perspectives du président élu Donald Trump quant à la politique étrangère lors d'une interview accordée à l'émission "American Thought Leaders" d'Epoch TV

Par Ryan Morgan & Jan Jekielek
18 décembre 2024 18:10 Mis à jour: 18 décembre 2024 18:10

Ceux qui cherchent à qualifier la politique étrangère du président élu Donald Trump d’interventionniste ou d’isolationniste se trompent, estime l’un de ses principaux conseillers politiques, Sebastian Gorka.

M. Gorka, qui a été assistant adjoint du président Trump pendant son premier mandat, reprendra ce rôle sous son second mandat. Lors de l’émission « American Thought Leaders » diffusée sur Epoch TV le 17 décembre, M. Gorka a donné son avis sur la politique étrangère et les projets de sécurité nationale de Donald Trump.

L’éventail des mesures prises par M. Trump pendant son premier mandat, combiné à sa rhétorique de campagne et à la diversité des personnes qu’il a choisies pour occuper les postes de sa nouvelle administration, a conduit de nombreuses personnes à spéculer sur la manière dont il a l’intention d’orienter la politique étrangère des États-Unis.

En ce qui concerne la guerre entre la Russie et l’Ukraine, Donald Trump a souligné qu’il souhaitait des négociations pour mettre fin aux combats, mais il s’est montré moins enthousiaste quant à la poursuite du soutien des États-Unis aux forces ukrainiennes alors que la guerre s’éternise. Par ailleurs, il a critiqué les membres de l’OTAN qui ne contribuaient pas davantage au financement de l’alliance militaire collective. Ce mois-ci, alors que le dirigeant syrien Bachar el-Assad perdait son emprise sur le pouvoir, le président élu a exhorté les États-Unis à laisser la situation évoluer d’elle-même.

Certains des collègues républicains de M. Trump, notamment le chef de la minorité du Sénat Mitch McConnell (Parti républicain du Kentucky), se sont opposés à une approche isolationniste. Dans une tribune publiée le 16 décembre par la revue Foreign Affairs, M. McConnell a félicité Donald Trump pour sa décision, prise lors de son premier mandat, de commencer à envoyer des armes à l’Ukraine et pour avoir ordonné des frappes aériennes américaines sur les forces mercenaires russes opérant en Syrie lors de la bataille de Khasham en 2018. Toutefois, M. McConnell a écrit que M. Trump « a parfois sapé ces politiques rigoureuses par ses paroles et ses actes ».

Interrogé sur la rhétorique de Donald Trump sur la politique étrangère et sur son récent appel aux Etats-Unis pour qu’ils se tiennent à l’écart de la vacance du pouvoir post-Assad, M. Gorka a déclaré que M. Trump a adopté une approche délibérée de la politique étrangère qui évite à la fois l’isolationnisme et l’interventionnisme, privilégiant plutôt une approche que M. Gorka a qualifiée de « force chirurgicale ».

« Il ne parle pas de lignes rouges, il agit », a souligné M. Gorka.

Pour lui, la bataille de Khasham illustre parfaitement cette approche de la politique étrangère.

« Lorsqu’il a appris que 300 mercenaires russes sillonnaient le Moyen-Orient, il n’a pas dit : ‘Ne fais pas ça, Poutine’, mais il a ordonné au secrétaire à la Défense de l’époque de les tuer tous », a rappelé M. Gorka.

Selon lui, l’incident de 2018 a permis de montrer que l’administration Trump n’était pas intéressée par l’invasion de la Syrie, mais qu’elle ne pouvait pas non plus tolérer les efforts déployés par la Russie pour déstabiliser la région ou mettre en danger les forces américaines qui s’y trouvent déjà.

Un autre exemple de l’approche de la politique étrangère de Donald Trump fondée sur la « force chirurgicale » fut l’attaque de drone du 3 janvier 2020 qui a permis de tuer le général iranien Qasem Soleimani alors qu’il se rendait à Bagdad, en Irak. L’Iran a lancé une salve de missiles sur les forces américaines en Irak dans les jours qui ont suivi la mort de Soleimani, mais aucun militaire américain n’a été tué, et les tensions entre l’Iran et les États-Unis se sont apaisées dans les semaines qui ont suivi.

« Il s’agit d’un usage très précis et écrasant de la force lorsque c’est nécessaire, tout en se concentrant sur la sécurité nationale des États-Unis et la prospérité des Américains », a poursuivi M. Gorka.

Les défis à venir

En prévision des défis immédiats que l’administration entrante devra relever, M. Gorka a souligné que les priorités seraient avant tout d’évaluer les risques d’attaques terroristes sur le territoire des États-Unis.

M. Gorka a estimé que pas moins de 16 millions de personnes sont entrées illégalement aux États-Unis depuis le début du mandat du président Joe Biden. Il a exprimé son inquiétude quant au nombre de personnes qui franchissent illégalement la frontière et qui pourraient avoir des motivations extrêmes.

« Si seulement 1 % d’entre eux sont des malfaiteurs, des djihadistes, des membres d’Al-Qaïda, d’ISIS, d’Al-Nusra, du Hamas, alors nous pouvons parler d’actifs de la taille d’une division. Nous évoquons potentiellement des milliers, voire des dizaines de milliers de malfaiteurs », a-t-il relevé.

Pour M. Gorka, le retrait des États-Unis d’Afghanistan, géré par l’administration Biden, et les récents bouleversements survenus en Syrie ont alimenté les inquiétudes quant à la résurgence de menaces extrémistes dans le monde entier.

Tout en reprenant son rôle d’assistant adjoint du président, M. Gorka occupera le poste de directeur principal pour la lutte contre le terrorisme auprès du Conseil de la sécurité nationale.

« Nous aurons beaucoup à faire dès le premier jour, qu’il s’agisse de la menace terroriste intérieure ou de la recrudescence du djihadisme à l’échelle internationale », a-t-il insisté.

La nouvelle administration Trump devra également faire face au partenariat grandissant établi entre la Russie, la Chine et l’Iran. Bien qu’un tel partenariat puisse constituer la base d’un bloc géopolitique destiné à contrer les institutions occidentales comme l’OTAN et l’Union européenne, M. Gorka estime que ce partenariat ne pourra se faire qu’en harmonisant des idéologies contradictoires.

La Chine et la Russie restent des concurrents naturels, a-t-il ajouté, alors que la Chine représente une approche communiste maoïste, la Russie moderne adopte de plus en plus une approche qui rappelle son empire pré-soviétique, une « Russie proto-impérialiste ». L’Iran avance sur une ligne de théocratie islamique.

« Ce sont des mariages de convenance, des relations temporaires, n’est-ce pas ? » a relevé M. Gorka. « La Chine a-t-elle intérêt à vendre des équipements à la Russie alors qu’elle agresse l’Ukraine ? Oui, la Chine gagne de l’argent à cette occasion. La Chine veut-elle dominer la Russie à long terme ? Absolument ! »

Pour M. Gorka, la chute d’Assad en Syrie affaiblit la Russie et l’Iran sur la scène internationale. Ces deux pays ont soutenu M. Assad dans sa lutte pour conserver le pouvoir tout au long de la guerre civile syrienne, toujours en cours et aux multiples facettes.

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