La plus ancienne république du monde révèle le secret de la paix et de la prospérité

Là où les gens vivent et laissent vivre

Par Felix
22 février 2022 10:25 Mis à jour: 22 février 2022 10:25

Il n’y a qu’un seul pays au monde pouvant se vanter d’avoir plus de voitures que d’habitants sur son territoire – une augmentation stupéfiante de 25 %, selon les statistiques les plus récentes.

Pouvez‑vous deviner de quel pays il s’agit ?

Voici quelques indices supplémentaires :

Le PIB par habitant de cette fascinante enclave est l’un des plus élevés de la planète, presque aussi élevé que celui des États‑Unis. Elle prétend, de manière crédible, abriter le plus ancien État souverain existant ainsi que la plus ancienne république constitutionnelle. Pendant la majeure partie de ses dix‑sept siècles d’existence, elle a été l’un des pays les plus libres et les plus tolérants du monde.

À l’instar de la République romaine, il y a plus de deux mille ans, ce pays est dirigé par deux chefs d’État. Ils sont élus par l’assemblée législative, sont égaux dans leurs pouvoirs plutôt restreints et sont soumis à la limite de mandat la plus stricte au monde. En effet, leurs mandats ne durent que six mois ! Plus de femmes ont été chefs d’État pour ce pays que dans tout autre.

Aux Jeux olympiques d’été de Tokyo en 2020, deux athlètes de la nation ont remporté des médailles de bronze et d’argent, et cette enclave est ainsi devenue le plus petit pays à marquer des points dans les compétitions cette année‑là.

Ce pays, c’est… Saint‑Marin !

Son nom officiel, la Sérénissime république de Saint‑Marin. Celle‑ci ne compte que 61 km2 avec une population d’environ 33 000 habitants. Il est possible de traverser le pays en moins d’une heure en voiture, pause‑café et souvenirs inclus. Enclavée et entourée par l’Italie, elle est située sur les pentes du mont Titan dans les Apennins, la partie nord‑est de la péninsule italienne.

Saint‑Marin tire son nom d’un tailleur de pierre chrétien nommé Marinus, né en Croatie en 275 après J.‑C. À l’âge de 20 ans, alors qu’il travaillait dans la ville italienne de Rimini, ses prédications occasionnelles attirèrent l’attention des autorités romaines païennes. Il fut contraint de fuir et de se réfugier au sommet du mont Titan. Pendant qu’il s’y cachait, il forma une église et finit par faire édifier un monastère. À l’époque, le mont voisin de la ville de Rimini était la propriété privée d’une femme qui en fit cadeau à Marinus. L’État indépendant naquit le 3 septembre 301 de l’ère chrétienne et, à ce jour, la fondation du pays est célébrée chaque année à cette date.

Étonnamment, Marinus et sa minuscule république ont survécu à la grande persécution (des chrétiens) de l’empereur romain Dioclétien, dont le règne a pris fin en 305. Puis Marinus a pu voir la paix religieuse et l’édit de Milan sur la tolérance de l’empereur Constantin en 313. Finalement, Saint‑Marin est mort en l’an 366 à l’âge avancé de 91 ans.

Le célèbre explorateur, archéologue et historien anglais James Theodore Bent a écrit un ouvrage sur Saint‑Marin en 1879 intitulé « A Freak of Freedom ». [Un fou de liberté, ndt.] On y apprend qu’en s’installant sur le mont Titan avec un ami, « ils plantèrent une croix au sommet du rocher, sur laquelle était inscrit le seul mot ‘liberté’, et sous laquelle ils taillèrent des lits. Aujourd’hui encore, il est possible de les voir derrière le maître‑autel d’une petite église consacrée à leur protection… ».

Mille ans plus tard, le pape Boniface VIII dépêcha un émissaire pour en savoir plus sur cette curieuse parcelle de territoire appelée Saint‑Marin. Selon le récit de l’explorateur, lorsque l’émissaire demanda aux Saint‑Marinais ce qu’ils entendaient par le mot « liberté » avancé avec tant de fierté, on lui répondit :

« [Les hommes] s’appartiennent à eux‑mêmes car ils n’ont à rendre hommage à personne d’autre parmi eux, [ils doivent] seulement [rendre hommage] au Maître de toutes choses. »

Sous la papauté de Boniface VIII (1294‑1303) Saint‑Marin a reçu à deux reprises l’ordre de payer un tribut à l’Église catholique. Si le pays avait eu un roi, il aurait probablement été contraint de dépenser beaucoup d’argent comme tous les monarques à l’époque. Mais les républicains de Saint‑Marin refusèrent de payer et les représentants de l’Église durent faire marche arrière à deux reprises. « Au fur et à mesure que la prospérité augmentait sous l’atmosphère bienveillante de la liberté », écrit James Theodore Bent, « de nombreux regards envieux se tournaient vers le mont Titan ».

Par deux fois, l’indépendance de longue date du pays est brièvement interrompue. Les forces de Cesare Borgia, fils du pape Alexandre VI, envahissent et occupent Saint‑Marin pendant six mois en 1503. Le successeur de son père, le pape Jules II, ordonne à Borgia de partir et de laisser la petite enclave tranquille. Lorsqu’un autre seigneur de guerre cupide occupe Saint‑Marin en octobre 1739, le pape Clément XII force son expulsion quatre mois plus tard.

À la fin des années 1790, c’est Napoléon qui menace d’envahir le pays, mais il est dissuadé par l’un des deux principaux dirigeants de Saint‑Marin (consul connus sous le nom de capitaine‑régent). Finalement, Napoléon propose d’étendre le territoire de Saint‑Marin jusqu’à l’Adriatique, ce que la république décline poliment. C’est une des raisons pour lesquelles ce petit pays est si apprécié dans la région : il s’occupe de ses propres affaires.

Une autre raison est son rôle de refuge pour les opprimés. Saint‑Marin a accueilli de nombreuses personnes en danger pendant les conflits liés à l’unification de l’Italie au 19e siècle. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la république a ouvert ses portes à 100 000 réfugiés, un chiffre plusieurs fois supérieur à sa propre population.

Saint‑Marin n’est pas membre de l’Union européenne, bien qu’il partage une frontière ouverte avec l’UE et utilise l’euro comme monnaie. Une proposition d’adhésion à l’UE a été présentée lors d’un référendum national en 2013. Il a échoué en raison d’un taux de participation trop faible pour atteindre le quorum requis de 32 %.

Aujourd’hui, le taux d’imposition des entreprises du pays est inférieur à celui de l’Italie et plus globalement à la moyenne de l’UE, ce qui en fait un paradis fiscal pour les entreprises européennes. Par ailleurs, l’impôt sur les plus‑values n’est que de 5 %, soit un tiers du taux américain. Selon l’indice de facilité à faire des affaires de la Banque mondiale, Saint‑Marin se positionne à la 92e place sur les 190 pays classés. Son économie est dominée par la finance, l’industrie manufacturière et le tourisme. C’est un pays très convivial et accueillant.

Le rapport 2021 sur la liberté dans le monde de Freedom House félicite Saint‑Marin pour sa protection des droits fondamentaux, notamment la liberté de culte et de réunion, la propriété privée et la presse, mais souligne la nécessité de lutter contre la corruption dans son système judiciaire. Freedom House classe Saint‑Marin au 12e rang des pays les plus libres du monde.

Cette fascinante vidéo d’une demi‑heure (en anglais) sur Saint‑Marin, montre non seulement de magnifiques paysages saint‑marinais, mais constitue un exposé exhaustif sur la situation du pays, citant par exemple l’histoire intrigante de cette mafia locale du pain qui s’était imposée grâce à ses relations politiques pour escroquer les contribuables, heureusement démantelée désormais.

Félicitations à San Marin ‑ une république libre durable, un endroit où les gens vivent et laissent vivre.

Inscrivez‑moi pour être le prochain ambassadeur américain à San Marino (nom italien), s’il vous plaît. Je le ferai gratuitement.

Pour plus d’informations :
A Freak Of Freedom par James Theodore Bent
La liberté dans le monde 2021 : Saint‑Marin par Freedom House

Cet article a été initialement publié sur FEE.org.

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