Comment éviter le drame de nouveaux attentats sur le territoire européen ? Parmi la cascade de propositions des derniers jours – une surenchère désormais attendue quand surviennent de nouvelles attaques – à en croire l’exécutif, une des propositions semble faire l’unanimité : l’utilisation accrue des nouvelles technologies de vidéosurveillance. À Paris, l’idée a déjà conquis les différents bords politiques. D’autre part, les espaces accueillant le public ne lésinent plus sur les dépenses pour acquérir ces technologies permettant d’assister les agents sur le terrain ou de détecter des profils dangereux.
Les dispositifs sécuritaires en question
On compte à ce jour plus de 70 000 caméras sur la voie publique, désignées comme vidéoprotection depuis la loi Loppsi du 2 mars 2011. Sur les années 2012-2013, 6 827 interpellations ont eu lieu grâce à elles d’après la Préfecture de Paris, dont 1 372 pour vols à la tire et 23 pour « homicide et tentatives d’homicide ».
Si la vidéosurveillance est populaire chez les Français (à en croire certains sondages récents, plus des trois quarts d’entre eux approuveraient), le système est par contre rejeté par l’ensemble des professionnels. Au Royaume-Uni, le dispositif des quatre millions de caméras est mis à mal par son coût et par les diverses études qui mettent en doute son efficacité réelle. Existant depuis le début des années 1990, il a été qualifié d’« utter fiasco » (échec complet) par un représentant de Scotland Yard en 2008, démontrant que seulement 3% des crimes avaient trouvé solution par cette méthode.
La reconnaissance faciale a été présentée comme une technologie efficace, mais les résultats se font encore attendre. « Aujourd’hui, avec une caméra intelligente, on peut dénombrer combien de personnes composent une foule, se rendre compte si une personne tombe, détecter des mouvements de vitesse, si un individu marche à contresens… Des signaux qui peuvent alerter les agents qui analysent les images des caméras de surveillance. Mais, de là à détecter un individu qui transporte une bombe… il y a encore beaucoup à faire », indique Olivier Hassid, directeur de l’offre conseil de PwC France, dans une interview accordée au Monde.
La performance des systèmes experts de vidéosurveillance dépend des hommes qui sont derrière les écrans.
– Olivier Hassid, directeur de l’offre conseil de PwC France
D’après lui, la « performance de ces systèmes experts dépend des hommes qui sont derrière les écrans ». Or, un agent ne peut se concentrer plus de trois heures sur une vidéo. Un constat rigoureusement partagé par le responsable de Scotland Yard cité plus haut, qui mentionnait une « tâche très difficile ». Olivier Hassid reste tout de même optimiste sur l’utilisation de nouvelles technologies : de nouveaux systèmes sont sans cesse testés dans divers pays. Au Japon, aux États-Unis ou au Brésil, des dispositifs ont déjà vu le jour. Mais ces derniers ne peuvent actuellement qu’appuyer le travail des agents sur place.
Difficile mise en place dans l’environnement urbain
Valérie Pécresse, élue en décembre présidente de la région Île-de-France, a promis d’investir dans la technologie pour sécuriser les Franciliens. « Vidéo-protection généralisée et portiques de sécurité », lisait-on dans ses mesures. Ségolène Royal, ministre des Transports, s’est également engagée pour cette mesure. Mais sur le terrain, leur mise en place s’avère plus difficile.
« Au-delà de leur coût, des portiques de sécurité ne feraient qu’embouteiller l’entrée dans les transports et causeraient à moyen terme une perte du nombre d’usagers, qui eux-mêmes auraient sans doute perdu leur emploi faute de moyens de transport pour s’y rendre en temps et en heure…Nous sommes obligés de faire des compromis entre le ralentissement des flux et le degré de liberté que nous voulons conserver », faisait remarquer Gilles Savary, député socialiste de la Gironde.
Comme pour confirmer les propos du député, Patrick Ropert, directeur général de SNCF Gares & Connexions, a réfuté l’idée des portiques. Les files d’attente interminables et les pertes commerciales ont eu raison du projet. En lieu et place, le gestionnaire des gares en France propose d’investir « à fond » dans les « nouvelles technologies », dont la vidéo surveillance, des caméras portatives ou applications permettant aux usagers de signaler des individus aux comportements suspects.
Encadrement strict des mesures de sécurité
Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, a récemment fait savoir que l’utilisation de la biométrie et de la reconnaissance faciale étaient à l’étude, précisant que le gouvernement « n’hésiterait pas à s’en servir ». Néanmoins, si l’emploi de ces technologies devait se généraliser, suivant le modèle américain, il faudrait d’abord obtenir l’accord du Conseil constitutionnel. En 2012, le passeport biométrique avait été rejeté en raison du caractère délicat des données recueillies. Par ailleurs, la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL) devrait encore délivrer un avis consultatif pour ce genre de mesures.
À la SNCF, on parle quand même d’équiper les agents de caméras portatives, dont l’usage ne serait pas strictement anti-terroriste, mais permettrait de vérifier l’action des agents et d’identifier les fraudes. Là encore, un tel système se devra de convaincre le code d’éthique et de déontologie de la SNCF et de la loi. Un chemin qu’il restera encore à faire en France pour faire accepter aux Français l’idée que, dans ce contexte de lutte contre le terrorisme, plus de sécurité permettrait de mieux garantir leurs libertés.
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