Plusieurs caravanes se sont installées dans la zone industrielle de Mitry-Compans en toute illégalité, menaçant la pérennité de trois entreprises établies sur le site.
Depuis le dimanche 16 février, plus d’une vingtaine de caravanes de gens du voyage occupent illégalement le parking de la société Hidem, spécialisée dans la livraison et l’installation de mobilier d’entreprise, dont une partie des activités se trouve dans la zone industrielle de Mitry-Compans.
Deux autres entreprises établies dans cette zone industrielle sont également victimes de ces occupations sauvages. Ce sont ainsi près de 90 caravanes de gens du voyage qui ont investi les sites des trois sociétés.
« Si cette occupation illégale se poursuit, je peux perdre mon entreprise », confie Fabrice Luce, directeur général de la société Hidem, dans les colonnes du Parisien.
« Nous n’avons plus accès à notre stock et nous ne pouvons plus réceptionner le mobilier livré par nos fournisseurs pour l’installer ensuite chez nos clients. Deux camions venus d’Allemagne et de Suède ont déjà dû faire demi-tour sans pouvoir me livrer », ajoute-t-il.
Trois salariés au chômage technique faute d’activité
Une occupation illégale qui menace la pérennité de cette entreprise créée en 2014 et qui pourrait mettre une trentaine de salariés sur le carreau. Trois salariés de la société ont d’ailleurs déjà été mis au chômage technique. Le chef d’entreprise a déposé plainte.
« Pour l’instant, ce site ne servait qu’à entreposer du matériel, mais j’avais prévu d’y déménager début mars l’ensemble des activités de mon entreprise, dont la majorité se situe à Garonor (Seine-Saint-Denis). Ce déménagement est mis en suspens », poursuit M. Luce.
« Je vais devoir payer un double loyer en attendant, ce qui représente un surcoût de 20 000 euros par mois, auquel s’ajoutent déjà 12 000 euros de frais d’avocat et d’huissier, notamment pour constater les dégâts. Mes clients vont me répercuter leurs pénalités de retard et je vais perdre leur confiance. L’un d’eux m’a déjà demandé de récupérer sa marchandise », s’indigne l’entrepreneur.
Une situation qui ne laisse pas d’exaspérer Joël Marion, le maire (DVG) de Compans.
« Plusieurs entreprises de la zone industrielle ont déjà eu à subir des occupations, dont notamment la société logistique ProLogis située à proximité d’un site classé Seveso seuil. Les gens du voyage qui étaient arrivés en novembre dernier n’en sont partis qu’il y a une dizaine de jours à la veille de leur expulsion », explique l’édile.
Si le commissariat de Villeparisis a bien enregistré les dépôts de plainte des sociétés concernées par l’installation sauvage des gens du voyage, les policiers rappellent qu’une décision de justice ou une décision de la préfecture est obligatoire pour expulser les occupants illégaux par la force.
Le maire de Compans en colère contre l’État
D’après Le Parisien, au vu de la population de la Communauté d’agglomération de Roissy Pays de France (Carpf), le nombre de places proposées en aire d’accueil serait insuffisant compte tenu du Schéma départemental d’accueil des gens du voyage (Sdagv), ce qui ne permet pas de lancer une procédure d’urgence pour expulser des gens du voyage occupant illégalement l’espace public.
Déclinaison départementale de la politique de l’État en faveur des gens du voyage, le Sdagv a été rendu obligatoire par la loi du 5 juillet 2000 relative à l’accueil des gens du voyage. Il identifie notamment les communes devant se doter d’un aire, fixe le nombre d’aires d’accueil à réaliser et le nombre total de places à atteindre selon le site officiel data.gouv.fr.
« Notre intercommunalité a voté un budget de 4 millions d’euros pour 2020 pour créer les équipements requis. Il existe déjà des aires d’accueil à Villeparisis, Dammartin-en-Goële et Louvres (Val-d’Oise) et nous avons prévu la réalisation d’une aire de grand passage à Claye-Souilly et d’aires d’accueil à Mitry-Mory et Othis », affirme toutefois Jean-Claude Geniès, conseiller communautaire délégué au logement et à l’habitat.
« Si ces dossiers avancent aussi lentement, c’est la responsabilité de l’État, qui nous a forcés à fusionner nos intercommunalités ! » ajoute-t-il.
En l’occurrence, les gens du voyage installés illégalement sur les sites des trois entreprises de la zone industrielle de Mitry-Compans n’occupent pas des terrains publics, mais bien des terrains privés.
« Quand j’ai contacté les services de la préfecture, on m’a rétorqué que notre intercommunalité n’est pas en règle avec le Sdagv, alors que cela n’a rien à voir quand il s’agit de l’occupation de terrains privés », conclut le maire de Compans.
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