Pour le récompenser de son intervention, la préfecture de Seine-et-Marne a décidé d’octroyer un titre de séjour à Abderrahim Aissaoui et à sa famille.
Les faits ont eu lieu le samedi 6 juin à Chelles, une commune d’environ 55 000 habitants située à une vingtaine de kilomètres à l’est de Paris.
Vers 21 h, une jeune femme de 22 ans est victime d’une tentative de viol alors qu’elle se promène dans le bois de la Montagne de Chelles.
« J’ai vu un homme qui arrivait vers moi et m’a demandé ce que je faisais là à me balader toute seule. Je lui ai répondu que j’avais dû me perdre et que je voulais retourner à ma voiture. Lorsque je lui ai tourné le dos, il m’a suivie, m’a couru après, avant de se jeter sur moi et de me plaquer au sol », a expliqué la jeune femme dans les colonnes du Parisien.
« Il s’est mis sur mon dos et m’a planté le visage dans le sol. Je ne voyais plus rien. Il m’a ordonné de faire tout ce qu’il voulait. Il m’a asséné de violents coups de coude sur le crâne avant d’approcher son couteau de mon visage, puis de ma gorge. J’ai ressenti que son intention était de me violer ! » ajoute-t-elle.
« J’ai crié, j’ai appelé à l’aide, je me débattais de toutes mes forces ! C’était interminable mais au bout d’environ 15 minutes, alors que je voyais la fin arriver, j’ai réussi à me retourner, à éloigner et bloquer la main avec laquelle il tenait le couteau », poursuit la jeune femme.
« Il s’est calmé d’un coup en me disant de ne pas m’inquiéter et qu’il allait me laisser repartir sans rien me faire. J’ai trouvé cela bizarre et je lui ai demandé comment je pouvais être sûre qu’il allait me laisser partir. Il m’a répondu que si je ne bougeais pas, il ne se passerait rien. J’ai profité de ce silence pour être attentive au moindre bruit. J’ai entendu un bruissement dans les feuilles, cela pouvait être un animal mais aussi un promeneur, j’ai alors appelé à l’aide de toutes mes forces ! » raconte la victime.
Un promeneur intervient
Un promeneur accompagné de sa fille de 13 ans et de son fils de 4 ans passe en effet à quelques mètres de la jeune femme et de son agresseur.
Âgé de 49 ans, Abderrahim Aissaoui, un Algérien sans-papiers de 49 ans hébergé par le Samu social dans un hôtel de Chelles avec sa femme et ses quatre enfants, comprend qu’il se passe quelque chose d’anormal.
« Après être passé devant ces deux personnes, j’ai entendu les plaintes de la jeune femme et je me suis dit que quelque chose d’anormal se passait. Je lui ai demandé si tout allait bien et elle a alors crié à l’aide. Je me suis approché de lui en brandissant mon bâton de randonnée. Je les ai vus lutter et se disputer un énorme couteau, comme celui de Rambo, que son agresseur lui a arraché des mains avant de prendre la fuite », explique M. Aissaoui.
« J’ai dû prendre la décision de la secourir en un instant. Je me suis dit que si je la laissais là, je m’en serais voulu toute ma vie et je n’aurais jamais pu me regarder dans une glace. Mais d’un autre côté, il avait une arme de la taille d’un couteau de boucher avec laquelle il aurait pu blesser mes enfants », ajoute-t-il.
Après avoir fait fuir l’agresseur, le quadragénaire prévient la police et raccompagne ensuite la jeune femme, qui « saignait de la tête et avait une large entaille au bras », jusqu’à sa voiture.
« Il a donné rendez-vous aux policiers devant l’hôtel où il est hébergé et m’a raccompagnée jusqu’à ma voiture, qu’il m’a proposé de conduire car je n’étais pas en état de le faire. Il est ensuite resté avec moi encore une heure jusqu’à ce que les pompiers m’amènent aux urgences », souligne la victime.
« C’est mon sauveur, sans lui je ne serais certainement plus en vie ou alors je ne serais plus que le fantôme de moi-même ! Je ne le remercierai jamais assez, je lui suis extrêmement reconnaissante. Il m’a sauvé la vie ! »
La jeune femme sera ensuite transportée à la clinique de Champigny-sur-Marne afin d’y être opérée pour sa blessure au bras.
Âgé de 22 ans, son agresseur finira par se rendre au commissariat de Chelles pour porter plainte, affirmant avoir fait l’objet d’une agression. Confondu par les policiers, il a été placé en garde à vue avant d’être mis en examen pour tentative de viol avec arme et placé en détention provisoire.
La préfecture récompense M. Aissaoui et sa famille
Afin de récompenser le geste de M. Aissaoui, la préfecture de Seine-et-Marne a décidé de régulariser sa situation ainsi que celle de son épouse et de leurs quatre enfants.
« Pour saluer ce geste de bravoure, le préfet de Seine-et-Marne, Thierry Coudert, a décidé de lui attribuer à titre exceptionnel un titre de séjour vie privée familiale », précise la préfecture dans un communiqué.
« J’ai reçu un coup de fil de la préfecture ce mardi [le 9 juin, ndlr] pour me dire que je suis convoqué ce jeudi pour recevoir une carte de séjour. C’est un rêve et en plus ça tombe le jour de mon anniversaire ! » a confirmé l’intéressé – arrivé en France en février 2019 avec un visa touristique – aux journalistes du Parisien.
Émue par le geste de la préfecture, la jeune femme secourue par le quadragénaire ne s’attendait pas à ce qu’il soit récompensé de la sorte.
« Je suis absolument ravie pour lui, il le mérite vraiment ! C’est quelqu’un de très humble. Alors qu’il m’a sauvé la vie, il m’a dit que c’était moi qui lui avais sauvé la vie. Lors de notre audition ce lundi au commissariat, il m’a dit que j’étais comme sa fille, nous nous sommes pris dans les bras et j’ai fondu en larmes. Je suis très agréablement surprise que la préfecture ait réagi si vite pour récompenser cet acte citoyen », explique la jeune femme.
Couturier de profession – pendant le confinement, il a confectionné gratuitement près de 400 masques en tissu destinés aux municipalités de Melun, Vaux-le-Pénil, La Rochette et Fontainebleau – Abderrahim Aissaoui espère pouvoir recommencer à travailler rapidement.
« J’ai déjà plusieurs pistes pour travailler comme couturier à Melun. Si je peux, dès le lendemain de la remise de mon titre de séjour, je commence le travail. Si le Samu social nous trouve un logement, nous l’accepterons, mais je suis prêt à laisser ma place pour une autre famille dans le besoin dès que j’aurai un salaire pour payer moi-même le loyer de mon propre appartement », observe le père de famille.
« Mon seul regret, c’est de ne pas être parvenu à obtenir ce titre de séjour un peu plus tôt pour voir ma mère une dernière fois en Algérie. Elle était mourante et me demandait si je pouvais rentrer pour la voir une dernière fois. Mais je ne pouvais pas quitter la France au risque de ne pas pouvoir y retourner et d’y laisser mes enfants », souligne M. Aissaoui.
Ce jeudi, il est ressorti de la préfecture de Seine-et-Marne avec le récépissé de son titre de séjour « vie privée vie familiale » en main.
« Depuis quatre jours je ne dormais plus, mais maintenant que j’ai le document en main, je suis en règle ! Je remercie le préfet de Seine-et-Marne pour sa réactivité ! » assure le quadragénaire, tout sourire.
« Je serai un bon citoyen ! Je n’ai pas encore le droit de travailler, mais je vais commencer à postuler tout de suite, comme ça j’aurai peut-être trouvé un travail lorsque ma carte de séjour arrivera, je pourrai commencer », précise-t-il.
Chaudement félicité par ses proches pour son geste, Abderrahim Aissaoui préfère rester modeste : « La victime a été une héroïne parce qu’elle a réussi à résister pendant près d’un quart d’heure à son agresseur, ainsi que les policiers qui sont intervenus très rapidement après l’agression ou encore les pompiers qui ont expliqué à mes deux enfants témoins de la scène que la dame n’avait pas été tuée ! »
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