SCIENCE

Selon une étude britannique, les bébés dans l’utérus sourient lorsque leur mère mange des carottes, mais pleurent au goût du chou kale

octobre 2, 2022 0:22, Last Updated: octobre 2, 2022 0:22
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Pour certains parents, ce n’est sûrement pas une surprise. Selon une étude britannique, les bébés dans le ventre de leur mère peuvent exprimer leur plaisir et leur mécontentement sur leur visage en fonction des saveurs consommées par leur mère.

À l’aide d’échographies codées en 4-D, les chercheurs ont identifié des mouvements faciaux complexes chez les bébés exposés à la carotte (un légume sucré) et au chou kale (un légume amer) et ont confirmé la justesse de leur hypothèse. Les fœtus exposés à la carotte affichaient davantage un sourire ; ceux exposés au chou kale présentaient davantage de visages pleurnichards. Les mouvements faciaux des fœtus ont été mesurés image par image, révélant les réactions à l’ingestion de la mère.

Des chercheurs du département de psychologie de l’université de Durham ainsi que des scientifiques de l’université de Bourgogne et de l’université d’Aston ont testé des femmes enceintes du nord-est de l’Angleterre et leurs fœtus, âgés de 32 à 36 semaines de gestation. Ils ont reçu des capsules à dose unique contenant soit de la carotte, soit du chou kale, soit aucun arôme.

Selon l’étude, le liquide amniotique est le premier endroit où les fœtus commencent à percevoir leur environnement chimique. L’environnement prénatal est imprégné de composés aromatiques transmis par le régime alimentaire de la mère, qui fournit des informations sensorielles continues concernant le goût et l’odeur.

Exemple de la gestalt du « visage qui pleure » chez un fœtus exposé au chou kale : (a) ligne de base, (b) gestalt du « visage qui pleure » (Avec l’aimable autorisation de l’étude FETAP (Fetal Taste Preferences), Fetal and Neonatal Research Lab, Durham University)
Exemple de la gestalt du « visage rieur » chez un fœtus exposé à la carotte : (a) ligne de base, (b) gestalt du « visage rieur » (Avec l’aimable autorisation de l’étude FETAP (Fetal Taste Preferences), Fetal and Neonatal Research Lab, Durham University)

Les papilles gustatives se développent anatomiquement dès la huitième semaine de gestation et peuvent détecter les substances gustatives à partir de la quatorzième semaine, ont-ils ajouté.

Les mouvements complexes du visage contribuent à ce qu’on appelle les « gestalts », qui ressemblent à des expressions associées à un certain nombre de réponses hédoniques positives ou négatives. Les mouvements faciaux sont classés selon un schéma de codage impliquant un ensemble de mouvements musculaires. Par exemple, le froncement des sourcils et l’abaissement de la lèvre vers le menton sont associés à une gestalt négative de pleurs.

Les chercheurs ont constaté que les fœtus exposés à la saveur de la carotte présentaient plus fréquemment des signes de « relever le coin des lèvres » et de « gestalt du visage rieur » que ceux exposés à la saveur de chou kale, qui présentaient davantage des signes « d’abaissement de la lèvre inférieure » et de « gestalt du visage qui pleure ». La saveur complexe de la carotte a été décrite par les juges adultes comme « douce » en raison de sa teneur en sucre, mais aussi parfois comme ayant une saveur fruitée ou boisée. Le chou kale a été choisi parce qu’il transmet plus d’amertume que d’autres légumes verts, comme les épinards, le brocoli ou les asperges.

De plus, l’expérience a confirmé une autre hypothèse : la complexité des gestuelles faciales augmente lorsque la gestation passe de 32 à 36 semaines, en particulier dans le cas du chou kale, mais pas dans celui de la carotte.

Ces résultats ont des implications importantes pour la compréhension des premières preuves de la capacité du fœtus à sentir et à discriminer différentes saveurs. Des tests antérieurs effectués sur des nouveau-nés à terme, dans les heures ou les jours suivant la naissance, ont montré que les bébés présentaient des réactions moins aversives à des aliments tels que l’ail ou le jus de carotte s’ils avaient déjà été exposés à ces saveurs dans l’utérus. De même, les bébés jusqu’à l’âge de 4 jours dont les mères avaient consommé des bonbons à l’anis au cours des deux dernières semaines de grossesse appréciaient davantage l’arôme de l’anis que ceux dont les mères n’avaient pas consommé ces bonbons.

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