Akio Toyoda, président du conseil d’administration et ancien PDG de Toyota, a expliqué à la presse lors d’un salon automobile au Japon cette semaine que la baisse de la demande de véhicules électriques (VE) est le signe que les gens prennent conscience de la réalité, à savoir que les VE ne sont pas la solution miracle contre les maux supposés des émissions de carbone qu’ils sont censés être.
« Les gens voient enfin la réalité » concernant la technologie des VE, a déclaré M. Toyoda aux journalistes avant le salon japonais de la mobilité à Tokyo cette semaine, en sa qualité de président de l’Association japonaise des constructeurs automobiles, organisatrice de l’événement.
M. Toyoda, sceptique de longue date quant à l’adoption rapide des VE, a quitté son poste de PDG de Toyota cette année suite aux critiques dénonçant son absence d’engagement dans la promotion des voitures électriques au sein de son entreprise.
Interrogé par des journalistes au salon de l’automobile sur ses réflexions concernant la baisse de la demande de VE, M. Toyoda a répondu qu’il se sentait justifié dans sa réticence.
« Il y a de nombreuses façons de gravir la montagne qui mène à la neutralité carbone », a-t-il affirmé, tout en suggérant que les consommateurs se réveillaient enfin d’un paysage de rêve poussé par les alarmistes du changement climatique qui placent les VE sur un piédestal et exagèrent leurs avantages tout en minimisant leurs inconvénients.
Ses remarques interviennent alors que la croissance de la demande de VE sur différents marchés s’est ralentie, conduisant certaines entreprises à revoir à la baisse leurs projets d’électrification.
Baisse de la demande
Selon le cabinet d’études de marché Canalys, les ventes mondiales de VE ont augmenté de 49% au cours du premier semestre de cette année, soit un ralentissement par rapport au rythme de croissance de 63% enregistré l’année dernière.
Honda et General Motors ont annoncé mercredi qu’ils renonçaient à un projet de 5 milliards de dollars pour développer ensemble des VE, tandis que GM a fait savoir mardi qu’il ralentissait sa stratégie d’électrification.
GM « modère l’accélération de la production des VE pour protéger ses prix, s’adapter au ralentissement de la croissance de la demande à court terme et mettre en œuvre des changements techniques qui augmenteront les bénéfices », a expliqué Paul Jacobson, directeur financier de GM, lors d’une conférence téléphonique sur les résultats avec les journalistes le 24 octobre. La grève qui a duré plusieurs semaines et qui a été menée par les travailleurs syndiqués de l’automobile a déjà coûté 800 millions de dollars à l’entreprise et ce n’est pas fini.
Ford a déclaré au début du mois qu’il supprimerait temporairement l’une des trois équipes d’une usine qui fabrique son pick-up électrique F-150 Lightning après avoir ralenti la montée en puissance de ses VE en juillet.
« La demande de véhicules électriques pour l’année prochaine pourrait être inférieure aux attentes », a annoncé mercredi Lee Chang-sil, directeur financier du fabricant de batteries sud-coréen LG Energy Solution, selon l’agence Reuters.
Le secrétaire d’État aux transports, Pete Buttigieg, qui a aidé l’administration Biden à imposer les VE aux conducteurs réticents, a récemment reconnu certains de leurs inconvénients, déclarant qu’il avait eu du mal à trouver des stations de recharge fiables pour les VE. Cet aveu est intervenu alors que l’agence fédérale qu’il dirige a annoncé un financement de 100 millions de dollars pour les stations de recharge des VE.
Saveur automobile
Les remarques de M. Toyoda au salon de l’automobile, à savoir que les gens sont de plus en plus conscients des inconvénients des VE, contrastent quelque peu avec le discours de Koji Sato, actuel PDG et président de Toyota, en faveur des VE.
M. Sato s’est exprimé lors d’une conférence de presse tenue le 25 octobre au Japan Mobility Show, et a commencé sa présentation en vantant les mérites des VE.
« La première histoire est celle de notre vie future avec les VE à batterie », a-t-il souligné, selon une transcription de ses propos. « Elles ne sont pas seulement écologiques. Les voitures électriques offrent également leur propre saveur quant au plaisir de conduire. »
Toutefois, afin de concrétiser « notre vision des VE à batterie », M. Sato a ajouté que Toyota allait « revoir les principes fondamentaux de la construction automobile » pour surmonter les inconvénients connus des VE, comme son autonomie limitée.
Il a parlé d’un avantage apparent des VE, à savoir un centre de gravité plus bas et un intérieur plus spacieux, les qualifiant de « valeurs que seuls les VE à batterie peuvent offrir ».
« Dans ces voitures, le paysage est complètement différent », a-t-il souligné.
Mais si le centre de gravité plus bas et les intérieurs plus spacieux seront probablement bien accueillis par certains conducteurs, à moins que les constructeurs automobiles ne parviennent à surmonter l’« angoisse de l’autonomie », l’adoption des VE pourrait s’en trouver encore réduite.
Angoisse de l’autonomie
L’une des principales inquiétudes des Américains qui envisagent de passer à un VE est l’angoisse face à l’autonomie, c’est-à-dire la peur de conduire un VE et de se retrouver à court d’énergie sans pouvoir trouver un point de recharge et ainsi se retrouver bloqué sur le bas-côté de la route.
Une étude récente de l’American Automobile Association (AAA) a montré que l’autonomie des VE pouvait diminuer d’un quart lorsque le véhicule transportait de lourdes charges.
« L’angoisse de l’autonomie reste l’une des principales raisons qui font que les consommateurs hésitent à passer des véhicules à essence aux VE », a signalé Adrienne Woodland, porte-parole de l’AAA, dans un communiqué.
Une autre étude récente menée par le cabinet de conseil Ernst & Young, en collaboration avec l’organisme européen du secteur de l’énergie Eurelectric, a révélé que l’angoisse de l’autonomie était la deuxième préoccupation la plus citée concernant l’adoption d’un VE, le manque de stations de recharge publiques arrivant en tête.
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