NEW YORK – Selon un expert, Taïwan et les États-Unis devraient s’associer pour contrer l’influence néfaste du régime chinois, en particulier les opérations du « Front uni » de Pékin.
Russell Hsiao, directeur exécutif de l’organisation à but non lucratif Global Taiwan Institute, basée à Washington, était l’un des deux intervenants lors d’un événement organisé par le Bureau économique et culturel de Taipei à New York le 27 mars. L’événement était centré sur les relations entre les États-Unis et Taïwan et sur la possibilité d’une attaque du Parti communiste chinois (PCC) contre Taïwan.
En réponse à une question posée par Epoch Times, M. Hsiao a qualifié l’influence néfaste du PCC de « défi collectif » que les deux parties et d’autres partenaires partageant les mêmes idées doivent relever.
« La meilleure contre-mesure pour lutter contre l’influence malveillante est une plus grande transparence », a affirmé M. Hsiao, ajoutant que les gouvernements devraient veiller à ce que le public ait une meilleure compréhension de la question. Il a également appelé à une plus grande coopération entre les chercheurs et les organisations de la société civile, ainsi qu’à un meilleur partage des informations entre les autorités chargées de l’application de la loi.
M. Hsiao a indiqué que les gouvernements pourraient « combler les lacunes » de leurs systèmes juridiques respectifs, ce qui nécessiterait une plus grande capacité d’application et de poursuite.
« Nous pourrions tirer de nombreux enseignements et les partager », a ajouté M. Hsiao.
Pékin considère Taïwan comme une partie de son territoire et s’est fixé pour objectif de s’emparer de l’île, avec ou sans recours à la force militaire. Taïwan, nation de facto indépendante dotée de son propre gouvernement démocratiquement élu, compte sur les États-Unis pour lui fournir les armes nécessaires à son autodéfense, bien que les deux pays ne soient pas des alliés diplomatiques officiels.
L’effort du front uni du régime chinois est dirigé par son Département du Front uni, qui gère un réseau d’organisations visant à coopter des groupes civiques, à recueillir des renseignements, à façonner l’environnement politique d’autres pays et à faciliter les transferts illégaux de technologie.
Le Centre national de contre-espionnage et de sécurité a déclaré dans un rapport datant de 2022 que le département du Front uni joue « un rôle de premier plan » dans les efforts d’influence du PCC à l’étranger.
« Certains des objectifs des opérations d’influence de la République populaire de Chine (RPC) aux États-Unis sont d’accroître le soutien aux intérêts du régime chinois – parmi les dirigeants des États et des collectivités locales – et d’utiliser ces relations pour faire pression sur Washington afin qu’il adopte des politiques plus favorables à Pékin », peut-on lire dans le rapport.
À Taïwan, les efforts du Front uni du PCC sont considérables, comme le note le Global Taiwan Institute dans un rapport publié au début du mois, et visent « tous les partis politiques, les communautés locales, les jeunes, les entreprises et la société civile ».
Les échanges de jeunes dans des camps d’été, les activités culturelles et les programmes éducatifs font partie des moyens utilisés par Pékin pour mener à bien ses opérations du Front uni, d’après le rapport.
Invasion potentielle
L’invasion potentielle de Taïwan par le PCC – y compris la possibilité qu’un tel événement se produise en 2027 – a également été discutée par les membres du panel.
David Sacks, chargé d’études sur l’Asie au Council on Foreign Relations, a déclaré qu’il ne pensait pas qu’une telle attaque aurait lieu avant la fin du mandat du président Donald Trump.
« Si Taïwan tombe et que la Chine l’absorbe par l’agression ou la coercition, alors de sérieuses questions existentielles se poseront au Japon, en Corée du Sud – potentiellement en Australie, aux Philippines aussi – sur la durabilité de leurs alliances avec les États-Unis, sur la crédibilité de l’engagement américain en faveur de leur défense », a déclaré M. Sacks.
« À mon avis, les dirigeants japonais en particulier croient que nous sommes responsables de la défense de Taïwan », a ajouté M. Sacks. « Et si les États-Unis ne répondent pas à leurs attentes, je pense qu’ils se demanderont vraiment s’ils peuvent compter sur les États-Unis. »
Les États-Unis maintiennent depuis longtemps une politique d’« ambiguïté stratégique », ce qui signifie que Washington ne dit pas clairement si le gouvernement américain défendrait Taïwan en cas d’attaque chinoise.
« Je pense que nous sommes à un moment où nous faisons le point sur le rôle fondamental des États-Unis dans le monde », a souligné M. Sacks. « Nous devons définir nos intérêts et les poursuivre, et je pense que Taïwan est un élément important de ce débat. »
En 2023, William Burns, alors directeur de la CIA, a fait savoir que le dirigeant du PCC, Xi Jinping, avait donné l’ordre à ses militaires d’être prêts à envahir Taïwan d’ici 2027.
Le bureau du directeur du renseignement national (ODNI : Office of the Director of National Intelligence) a donné un calendrier similaire. Dans son rapport annuel d’évaluation des menaces publié en février 2023, la communauté américaine du renseignement a écrit que « Pékin s’efforce d’atteindre son objectif de mettre sur pied, d’ici à 2027, une armée conçue pour dissuader les États-Unis d’intervenir dans une future crise entre les deux rives du détroit ».
Au lieu de se concentrer sur un calendrier précis pour une éventuelle attaque chinoise, M. Hsiao a affirmé que les États-Unis, Taïwan et leurs alliés devraient « être en mesure de renforcer collectivement » leurs capacités « afin de dissuader Pékin de s’engager dans cette action militaire très dangereuse ».
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