Selon un porte-parole, les talibans espèrent que Pékin pourra contribuer à la reconstruction de l’Afghanistan

Par Nicole Hao
25 août 2021 18:19 Mis à jour: 25 août 2021 18:19

Le régime chinois a joué un rôle « constructif » dans la promotion de la paix et de la réconciliation en Afghanistan ; les talibans espèrent que Pékin pourra contribuer à la reconstruction du pays, a déclaré un porte-parole des talibans dans une récente interview accordée aux médias d’État chinois.

« La Chine est un grand pays, avec une économie et des capacités énormes. Je pense qu’elle peut jouer un très grand rôle dans la reconstruction, la réhabilitation et le relèvement de l’Afghanistan », a déclaré jeudi dernier Suhail Shaheen, porte-parole des talibans au Qatar, à la télévision publique chinoise CGTN en anglais.

Auparavant, le régime chinois avait joué un rôle « très constructif » dans le processus de « paix et de réconciliation » du pays, a-t-il déclaré.

Suhail Shaheen a expliqué que les talibans et le Parti communiste chinois (PCC) étaient en contact depuis longtemps.

Il a également révélé que Pékin avait nommé un nouveau fonctionnaire comme personne de contact avec les talibans.

« Nous sommes en contact avec lui. Récemment, notre délégation l’a rencontré », a déclaré Suhail Shaheen.

Cette interview a eu lieu alors que les talibans ont pris le contrôle du pays après une série d’avancées rapides, quelques semaines avant que les forces américaines ne se retirent du pays. Depuis cette prise de contrôle, le régime de Pékin a soutenu les talibans et s’est servi du retrait chaotique des États-Unis à des fins de propagande.

Le régime chinois n’a été impliqué dans aucun des conflits qui ont secoué l’Afghanistan au cours du siècle dernier, contrairement aux États-Unis et à leurs alliés de l’OTAN qui ont tenté d’instaurer et de défendre la démocratie pendant 20 ans, et à l’Union soviétique qui a occupé le pays de fin 1979 à début 1989.

Mais le PCC a soutenu les talibans à la fois au niveau de l’armement et de la technologie, selon un rapport de l’Institut de recherche sur la population publié en septembre 2001. À titre d’exemple, le rapport indique que Huawei, la plus grande entreprise de télécommunications chinoise, aurait contribué à la construction de réseaux de télécommunications pour les talibans, qui soutenaient Oussama Ben Laden et ses attaques terroristes contre les États-Unis. Huawei a nié cette allégation.

Lorsque les talibans ont repris le contrôle de l’Afghanistan le 15 août, Waheedullah Hashimi, un haut dirigeant taliban qui a eu connaissance des décisions prises par son organisation, a déclaré à Reuters que le régime taliban serait une théocratie et aurait une structure de pouvoir similaire à celle qui existait entre 1996 et 2001, lorsque les talibans dirigeaient le pays.

Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a rencontré les dirigeants talibans avant le 28 juillet. Au cours de cette rencontre, les talibans ont assuré à Pékin qu’ils n’hébergeraient pas de militants susceptibles de lancer des attaques dans la région du Xinjiang, à l’extrême-ouest de la Chine.

Depuis que les talibans ont pris le contrôle de l’Afghanistan, le régime de Pékin a déclaré sa volonté d’établir des « liens amicaux » avec eux. Il n’a pas encore reconnu officiellement cette organisation.

« La Chine respecte l’intention et le choix du peuple afghan […] La Chine maintiendra le contact et la communication avec les talibans afghans », a déclaré Hua Chunying, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, le 16 août.

Dans le même temps, le régime du PCC et ses médias d’État se sont félicités de la montée en puissance des talibans et ont savouré la « défaite » des Américains en Afghanistan.

Les États-Unis ressemblent en effet beaucoup à un « tigre de papier », a commenté le 15 août le Global Times, un média belliqueux contrôlé par le PCC.

Le journal s’est moqué des États-Unis en déclarant que l’échec de la démocratie en Afghanistan prouve qu’ils sont faibles, et a déclaré que la Chine contrôlait étroitement sa frontière, « même un oiseau peut difficilement survoler l’Afghanistan ».

Nicole Hao est une journaliste basée à Washington et spécialisée dans les sujets liés à la Chine. Avant de rejoindre le groupe Epoch Media en juillet 2009, elle a travaillé en tant que chef de produit international pour une entreprise ferroviaire à Paris, en France.

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