Le Japon a annoncé son intention de restreindre l’exportation d’équipements de fabrication de semi-conducteurs, après une annonce similaire des Pays-Bas au début du mois, vivement critiquée par la Chine.
La mesure vise à « prévenir le détournement de la technologie à des fins militaires », a déclaré à la presse le ministre japonais de l’Économie, Yasutoshi Nishimura. En effet, les tensions internationales se sont accrues ces dernières années autour du secteur stratégique des semi-conducteurs, composants électroniques indispensables au fonctionnement des smartphones, des voitures connectées ou consoles de jeu mais aussi d’équipements militaires.
Les États-Unis craignent un détournement à des fins militaires
La Chine et les États-Unis se livrent une féroce bataille pour la fabrication de ces puces, et au nom de la sécurité nationale, Washington a multiplié ces derniers mois les sanctions à l’encontre des fabricants chinois. Les Pays-Bas ont de leur côté annoncé début mars qu’ils allaient aussi freiner l’exportation de technologies destinées à la fabrication de puces électroniques pour des raisons de « sécurité », après des pressions des États-Unis en ce sens.
Washington avait annoncé en octobre dernier de nouveaux contrôles à l’exportation visant à limiter la capacité de Pékin à acheter et fabriquer des puces haut de gamme « utilisées dans des applications militaires ».
L’économie nippone prête à en pâtir
M. Nishimura a assuré que la mesure ne visait aucun pays en particulier. Le Japon « entend jouer un rôle responsable au sein de la communauté internationale » en tant que pays disposant d’une technologie de pointe en matière de puces-mémoires, a ajouté le ministre. Le gouvernement nippon va désormais solliciter l’opinion du public sur ce projet concernant 23 types d’équipements de fabrication de semi-conducteurs avancés, qui doit entrer en vigueur en juillet.
Une dizaine d’entreprises nippones, dont Tokyo Electron et Nikon, seront affectées par ces nouvelles mesures, a rapporté l’agence de presse Jiji en citant des sources gouvernementales. Le cours de Tokyo Electron à la Bourse de Tokyo, qui progressait avant les annonces du gouvernement, perdait 0,6% vers 3h50 GMT.
La Chine, isolée, investit dans sa propre production
Face à ces restrictions, la Chine avait annoncé fin 2022 le dépôt d’une procédure auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), accusant les États-Unis de mettre en péril les chaînes mondiales d’approvisionnement. Pékin avait aussi vivement critiqué la décision néerlandaise, résultat selon elle du « harcèlement et de l’hégémonie » de l’Occident.
Afin de réduire sa dépendance aux importations étrangères pour ses puces électroniques, la Chine a dépensé ces 10 dernières années des milliards de dollars dans sa propre industrie de semi-conducteurs. Elle a également annoncé début mars qu’elle allait injecter 1,9 milliard de dollars (1,7 milliard d’euros) de financements dans l’un des principaux fabricants chinois de ce secteur, Yangtze Memory Technologies Co (YMTC).
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