Le Sénat a adopté à l’unanimité une résolution jeudi faisant de la reconnaissance du génocide de plus d’un million d’Arméniens en Turquie la politique officielle des États-Unis.
Ce génocide a eu lieu de 1915 à 1923.
Le sénateur Bob Menendez (D-New Jersey), membre influent de la Commission sénatoriale des relations étrangères et parrain du projet de loi, a tenté de le faire adopter à trois reprises au cours des dernières semaines et a réussi au quatrième essai.
« En adoptant ma résolution sur le génocide arménien, le Sénat s’est enfin levé pour confirmer l’histoire : ce qui s’est passé de 1915 à 1923 a été – c’est certain – un génocide. Il n’y a pas d’autre mot pour ça. Il n’y a pas d’euphémisme. Il n’y a pas moyen de l’éviter », a déclaré M. Menendez dans un communiqué.
« Ne pas tenir compte de la souffrance humaine n’est pas ce que nous sommes en tant que peuple. Ce n’est pas ce que nous défendons en tant que nation. Nous valons mieux que cela, et notre politique étrangère devrait toujours en tenir compte. Je suis plus qu’honoré de faire partie de ce moment important de notre histoire. »
M. Menendez a remercié le sénateur Ted Cruz (R-Texas), qui a contribué à l’adoption de la résolution, tout en prenant la parole devant la Chambre.
M. Cruz qualifiait l’adoption de cette résolution « un accomplissement pour la vérité, un accomplissement d’avoir affirmé la vérité face aux ténèbres, d’avoir affirmé la vérité face au mal ».
« La résolution Menendez-Cruz affirme la reconnaissance du génocide arménien par les États-Unis », a-t-il ajouté. « Ça faisait bien trop longtemps que ça durait. »
Le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan a fait l’éloge de la résolution, la qualifiant de « victoire de la justice et de la vérité ».
Trois sénateurs républicains différents ont bloqué les trois tentatives précédentes pour faire adopter la résolution.
Le président de la magistrature du Sénat, Lindsey Graham (R-Caroline du Sud), a bloqué une tentative le mois dernier après avoir rencontré le président turc Recep Tayyip Erdogan et le président Donald Trump. M. Graham a déclaré qu’il ne voulait pas « enjoliver l’histoire ou la réécrire ». Il a déclaré plus tard qu’il avait bloqué la résolution parce que M. Erdogan « était toujours en ville » et qu’il « essayait de sauver leur relation, si possible ».
La résolution H 296 a été adoptée par la Chambre 405-11 à la fin octobre.
La résolution déclare que Henry Morgenthau, ambassadeur des États-Unis auprès de l’Empire ottoman de 1913 à 1916, a décrit les meurtres d’Arméniens par l’Empire ottoman comme une « campagne d’extermination raciale » et que Raphael Lemkin, qui a inventé le terme « génocide » en 1944, a évoqué le cas arménien comme un exemple définitif du génocide.
La résolution dit que les États-Unis ont pour politique de « commémorer le génocide arménien par la reconnaissance officielle et le souvenir » et de « rejeter les efforts visant à enrôler, engager ou associer de toute autre manière le gouvernement des États-Unis à la négation du génocide arménien ou de tout autre génocide ».
« Alors qu’Adolf Hitler, en ordonnant à ses commandants militaires d’attaquer la Pologne sans provocation en 1939, a rejeté les objections en disant : ‘Qui, après tout, parle aujourd’hui de l’annihilation des Arméniens ?’, ouvrant ainsi la voie à l’Holocauste », ajoute la résolution.
La Turquie a déclaré vendredi qu’elle avait convoqué l’ambassadeur des États-Unis à Ankara après l’adoption de la résolution par le Sénat. Ce dernier a fait la même chose lorsque la Chambre a adopté la résolution.
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