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Série d’agressions à connotation raciste : malaise dans l’Italie de M. Salvini

juillet 31, 2018 17:52, Last Updated: juillet 31, 2018 17:52
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Une série d’agressions à connotation raciste a provoqué un malaise en Italie, où le ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini, cite Mussolini et assure que sa priorité reste la lutte contre les migrants délinquants.

Lundi, l’annonce de l’agression d’une jeune athlète italienne noire a provoqué une avalanche de réactions d’autant plus indignées qu’elle arrivait après un weekend tendu et la révélation par la presse d’une dizaine d’autres cas en moins de deux mois.

Daisy Osakue, une lanceuse de disque de 22 ans, née en Italie de parents nigérians, a été blessée à un oeil dimanche soir après avoir reçu un oeuf lancé depuis une voiture près de Turin.

Souffrant d’une abrasion et de lésions à la cornée, elle risque de ne pas pouvoir participer aux championnats d’Europe la semaine prochaine à Berlin. Pour elle, il n’y a pas de doute : son ou ses agresseurs cherchaient une cible noire.

Selon Le Monde, dans la nuit de dimanche 29 au lundi 30 juillet, Daisy Osakue rentrait chez elle à Moncalieri, une petite ville des environs de Turin  dans le Piémont, lorsqu’une voiture s’est approchée d’elle à pleine vitesse.

L’un de ses deux occupants a lancé un projectile en direction de la jeune femme et l’a atteinte en pleine tête.

« J’ai senti un choc très fort au niveau de mon œil. Je me suis jetée à terre, et lorsque j’ai touché mon visage, j’ai senti ce liquide. J’étais effrayée, je croyais que c’était de l’acide », raconte-t-elle aux micros de la télévision italienne.

Les agressions se multiplient

Dans la nuit de samedi à dimanche dans une petite ville au sud de Rome, le soupçon a coûté la vie à un Marocain de 43 ans, pris en chasse en voiture par des Italiens l’accusant d’être un cambrioleur.

Après avoir percuté un muret, il a été frappé par ses poursuivants et il est mort à l’hôpital.

À Palerme, un Sénégalais de 19 ans qui se tenait devant un bar a été roué de coups par un groupe d’Italiens aux cris de « sale nègre ».

La semaine dernière, le président italien, Sergio Mattarella, avait condamné le tir avec un pistolet à air comprimé ayant blessé – accidentellement selon son auteur – une fillette rom qui marchait dans la rue avec sa mère.

Pas de racisme en Italie répond le ministre de l’intérieur

« Toute agression sera punie et condamnée, je serai toujours au côté de qui subit des violences », a réagi M. Salvini en souhaitant une guérison rapide à Mme Osakue mais sans évoquer les autres affaires.

En revanche, l’homme fort du nouveau gouvernement populiste, omniprésent et très populaire dirigeant de la Ligue (extrême droite), a répliqué : « Alerte au racisme en Italie ? Ne disons pas de bêtises ! ».

Il a d’ailleurs reçu l’appui de son allié gouvernemental Luigi Di Maio, chef de file du M5S et lui aussi vice-Premier ministre.

« La nouveauté c’est que les médias évoquent les épisodes de ce genre même si le nombre d’agressions n’a pas évolué (…). Qui les utilise contre le gouvernement ne s’attaque pas vraiment au problème du racisme », a-t-il déclaré à des journalistes.

700 délits commis chaque jour en Italie

Mais loin de chercher à apaiser les tensions, M. Salvini a poursuivi son offensive : « Je rappelle qu’il y a environ 700 délits commis chaque jour en Italie par des immigrés, soit près d’un tiers du total, et ceci est la seule vraie urgence pour laquelle je me bats en tant que ministre ». 

Son ministère a confirmé lundi : sur les quelque 857 000 personnes arrêtées et/ou dénoncées depuis le début de l’année, tous chefs confondus, 30% étaient de nationalité étrangère, alors que les étrangers représentent 8,3% de la population en Italie.

Les étrangers sont aussi très représentés dans les prisons italiennes : 33% des détenus au 30 juin (pour plus de la moitié Marocains, Albanais, Roumains ou Tunisiens), même si cette proportion tient beaucoup au fait qu’ils réunissent rarement les conditions pour un aménagement de peine.

Les appels à la tolérance se sont cependant multipliés lundi, de la part de l’opposition mais aussi du Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).

« Beaucoup d’ennemis, beaucoup d’honneur »

« L’Italie ne peut pas devenir un far-west où une partie de la population achète un fusil et tire du balcon en blessant une fillette d’un an, détruisant sa santé et son avenir », a-t-il prévenu.

Le discours antimigrants de M. Salvini lui vaut aussi les foudres catholiques, résumées par la Une du magazine « Famiglia Cristiana » la semaine dernière : « Vade retro Salvini ».

Mais l’intéressé, adepte des provocations constantes sur les réseaux sociaux, a répondu à ces critiques à sa manière : « Beaucoup d’ennemis, beaucoup d’honneur », a-t-il écrit dimanche matin, en ajoutant l’émoticône d’un baiser.

Cette variante d’un slogan de Benito Mussolini très connu des Italiens, utilisée le jour de l’anniversaire de la naissance du Duce, a fait sensation.

D. S avec AFP

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