Jusqu’en mai dernier, il était possible de visiter le site modestement intitulé cntransplant.com et de là, par un simple appel téléphonique, organiser une transplantation d’organes dans un hôpital de Tianjin, en Chine.
« Centre de soins de santé Medinet…. Nous sommes les fruits d’un seul arbre, les feuilles d’une même branche », disait à un moment le site pour attirer la clientèle.
« Nous… sommes ici pour aider les patients à obtenir une transplantation de rein, de foie ou de cœur en Chine ». Ses hôpitaux, selon le site, bénéficiaient de toutes les autorisations nécessaires et « sont certainement l’endroit où les patients mourants renaissent ».
Les patients, appelés « touristes de transplantation », n’ont alors plus qu’à voler jusqu’en Chine pour obtenir leurs nouveaux organes et finalement « renaître ».
Les organes en question, en Chine, proviennent toujours de prisonniers exécutés, bien que le type de prisonnier soit en lui-même contesté. La Chine se trouve dans les délicates premières étapes de la mise en place d’un système de don d’organes volontaire, en parallèle aux prélèvements d’organes sur des prisonniers.
Les chiffres officiels indiquent qu’il y avait environ 1.000 donneurs d’organes volontaires en 2013, tandis qu’environ 300.000 patients chinois étaient en attente d’un organe. Mais les clients venus du monde entier sont sans doute disposés à payer un organe plus cher.
L’existence du site de cntransplant.com allait à l’encontre des engagements publics pris ces dernières années par des responsables chinois de ne plus autoriser les greffes d’organes sur des étrangers. La date précise à laquelle le site a disparu d’Internet n’est pas précisée, mais cela semble avoir eu lieu au cours du mois de mai.
Selon la presse chinoise, Huang Jiefu, ancien vice-ministre de la Santé et de facto la plus haute autorité de la transplantation en Chine, avait prévenu : « Les hôpitaux et les médecins qui effectuent des opérations privées de transplantation pour des étrangers verront leurs accréditations révoquées ».
La Société de transplantation, un groupe médical international, a cherché à collaborer avec les autorités chinoises pendant des années, en particulier en essayant de trouver des moyens de réduire les prélèvements d’organes sur des prisonniers exécutés.
Dans une lettre inhabituellement sévère adressée aux hauts dirigeants chinois, La Société de Transplantation a expressément désigné le site de cntransplant.com comme un exemple de l’incapacité de la Chine à respecter ses engagements.
« Le site de Tianjin… continue à rechercher des patients internationaux en quête de greffes d’organes », disait la lettre. « Le fait que des patients étrangers subissent toujours des transplantations en Chine suggère que certains hôpitaux violent sciemment et de façon irresponsable les règles des autorités chinoises, prenant ainsi la loi pour un simple tigre de papier. Ces centres mettent en péril la confiance du public et ternissent la réputation de la Chine sur la scène internationale ».
Dans un récent discours, David Matas, un avocat canadien des droits de l’homme, a qualifié ce phénomène de « terrain éhonté pour le tourisme de la transplantation ».
La suppression du site semble montrer que les responsables tentent d’effacer les contradictions trop évidentes entre les déclarations publiques et les actions sur le terrain. Mais selon les experts, cela ne signifie pas que la pratique ait cessé.
En mars dernier, Huang Jiefu avait à nouveau déclaré qu’il était acceptable d’utiliser les organes des prisonniers exécutés, après avoir promis pendant des années de supprimer cette source d’organes.
« Les instances locales de la justice et de la santé doivent établir des liens et permettre aux condamnés à mort de faire volontairement don de leurs organes et d’être ajouté au système informatique d’allocation des organes, » avait-t-il dit.
« Il n’y a plus de frein à ce système », a constaté Ethan Gutmann, un journaliste d’investigation qui publiera prochainement un livre sur les prélèvements d’organes illicites en Chine. Son travail se concentre sur l’utilisation des pratiquants de Falun Gong emprisonnés pour leurs organes, une pratique soupçonnée d’avoir conduit à l’exécution de dizaines de milliers de personnes innocentes.
« La chasse est ouverte. Ce sera une chasse sanglante », a-t-il ajouté.
D’autres recherches indiquent que les organes provenant de pratiquants du Falun Gong ont probablement été dirigés vers le tourisme de la transplantation. Deux Canadiens, David Kilgour, ancien secrétaire d’état pour la région Asie Pacifique, ainsi que David Matas, ont documenté en 2006 des appels téléphoniques trahissant des employés hospitaliers en Chine en train de vanter la fraîcheur des organes des pratiquants de Falun Gong disponibles pour des clients étrangers.
La fermeture du site ne prouve pas que le tourisme des transplantations a cessé, mais elle résout le problème de publicité directe qu’il posait.
« Cela a été mon tour favori ces six derniers mois », a déclaré M.Gutmann. « Lorsque je m’adressais à un public universitaire, je proposais aux personnes qui avaient des doutes de se connecter le site web avec leurs smartphones. »
Version en anglais : Transplant Tourism Website in China Taken Offline
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