Ils étaient séparés depuis six ans, mais Chloé n’a jamais vécu tranquille. Un soir d’été, son ex-compagnon a tué la jeune femme, enceinte de huit mois, dans sa voiture : « Il ne supportait pas qu’elle ait refait sa vie », résume la sœur jumelle de Chloé.
Ce dimanche 4 août, peu après 18H00, Chloé Solari, 29 ans, arrive angoissée devant la maison de son ancien concubin, dans un quartier pavillonnaire de Marignane (Bouches-du-Rhône), à une vingtaine de kilomètres de Marseille.
Elle vient récupérer leur fils autiste de neuf ans, Samuel, dont ils se partagent la garde. Mais Chloé n’a même pas le temps de descendre de sa voiture : Ibrahima Ba, de trois ans son aîné, lui tire plusieurs balles dans la tête et dans l’abdomen. Ni la jeune mère, ni l’enfant qu’elle portait ne survivent.
« En état de sidération », l’ex-concubin ne cesse depuis « de demander des nouvelles de son fils » Samuel, a assuré à l’AFP son avocat, sans s’exprimer davantage sur l’affaire.
Chloé Solari avait 29 ans et était mère d’un garçon autiste de 9 ans. Elle était également enceinte de 8 mois quand son ex compagnon l’a assassinée le 4 août dernier. Stop aux ViolencesConjugales composez le 3919.https://t.co/1uBJSdklvF
— chacapik (@PierreM19180190) 4 septembre 2019
Chloé a 17 ans quand, par l’intermédiaire de voisins, elle fait la connaissance d’Ibrahima. Le jeune homme, qui exerce des petits boulots, notamment dans la climatisation, traîne alors derrière lui « une mauvaise réputation », raconte aujourd’hui Marina, sa sœur jumelle.
Après trois ans de relation, Chloé, employée dans une société de distribution, donne naissance à Samuel. Elle commence alors à confier à quelques proches que son compagnon n’hésite pas à la frapper, même quand elle porte leur enfant dans ses bras. « Il lui donnait des coups de pied, la frappait au dos, lui faisait subir des violences psychologiques », raconte Marina, mais « faisait attention à ne pas lui toucher le visage ».
Fin 2012, Chloé décide de quitter Ibrahima après une énième dispute. Mais le jeune homme continue les pressions à son encontre et « menace d’emmener leur fils au Sénégal, son pays d’origine », poursuit Marina.
Six ans et demi plus tard, malgré le temps écoulé, Chloé et Ibrahima entretenaient toujours des rapports difficiles. Et la situation s’était encore tendue depuis le 19 juillet : ce jour-là, Samuel apprend à son père que Chloé est enceinte et qu’il va avoir une petite sœur.
Ibrahima ne supporte pas la nouvelle et menace de mort son ex-compagne au téléphone : Chloé enregistre la conversation et dépose une main courante auprès de la gendarmerie, mais ne porte pas plainte. Selon sa sœur, on lui dit alors que « cela ne constitue pas une preuve juridique ».
Chloé Solari avait 29 ans et était mère d’un garçon #autiste de 9 ans. Elle était également enceinte de 8 mois quand son ex compagnon l’a assassinée le 4 août dernier. Stop aux #ViolencesConjugales composez le 3919.https://t.co/HJ1dxBigd1
— Union des Mamans d’Enfants Handicapés (UMEH) (@UMEHasso) 4 septembre 2019
« Pendant sa grossesse, j’allais chercher Samuel car elle craignait sa réaction et préférait dissimuler qu’elle était enceinte. Quand il a fini par l’apprendre, il a exigé de la voir, alors je l’ai accompagnée systématiquement », raconte Marina. Sauf ce dimanche 4 août, où elle doit s’envoler pour des vacances au Canada.
Elle tente alors de convaincre Chloé de se faire accompagner par des proches, mais la jeune femme refuse : « Elle ne voulait pas mêler quelqu’un d’autre à son histoire », et encore moins son conjoint, de peur d’envenimer la situation.
Selon sa sœur, Chloé demande toutefois la protection de la police, mais cette dernière lui réplique que si « tout le monde demande à être accompagné alors il n’y a plus d’effectifs pour les choses importantes ». Elle part donc seule, « une bombe lacrymogène » dans le sac, pour récupérer son fils.
« Chloé a longtemps hésité avant d’avoir un deuxième enfant, puis elle s’est dit qu’elle ne pouvait pas aller à l’encontre de son désir par peur de lui », se souvient Élie, avec qui Chloé avait refait sa vie. « J’espère qu’il prendra le maximum, je ne peux rien espérer d’autre », confie-t-il, évoquant Ibrahima. « Tous les jours on entend des drames, il faut que ça cesse ».
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