Snapchat est une application de messagerie instantanée couplée à un réseau social, permettant aux utilisateurs de s’échanger des images, ou de courtes vidéos d’une dizaine de secondes. La différence avec les autres applications du même genre tient dans la durée de vie très courtes des fichiers : ceux-ci sont généralement supprimés immédiatement après avoir été visionnés.
L’entreprise a été fondée en 2011 par Evan Spiegel, Bobby Murphy et Reggie Brown, alors qu’ils étaient étudiants à l’université de Stanford.
Particulièrement populaire parmi la génération Y, l’application a atteint 150 millions d’utilisateurs journaliers en juin, dépassant Twitter. En terme de temps d’utilisation, Snapchat se place à la seconde place chez les utilisateurs d’iPhones, juste derrière Facebook.
Malgré ces métriques impressionnantes, les investisseurs s’inquiètent de la capacité de l’entreprise à dégager des bénéfices, ce qui pourrait jouer sur sa cotation au cours d’une éventuelle IPO (Initial Public Offering, introduction en Bourse.)
Le marché américain des IPOs, bien que mis à mal ces derniers temps, se rétablit progressivement. Le retour à un marché « fort » rassure les investisseurs et encourage les nouveaux arrivants. Snapchat pourrait bien d’ici quelques mois être l’une de ces entreprises en quête de fonds publics.
C’est tout du moins ce que laisse sous-entendre certaines rumeurs. Mais la startup, qui à l’heure actuelle, peine toujours à dégager des bénéfices, se doit de présenter un argumentaire percutant afin de justifier sa cotation financière.
« Les investisseurs d’IPOs ne sont pas très enclins à prendre le risque de perdre de l’argent et sont de ce fait très sensibles à la cotation », explique Kathleen Smith, fondatrice et présidente de Renaissance Capital, une société de conseils sur les IPOs.
Ce qui est loin d’être le cas pour les investisseurs privés : par exemple, Facebook a racheté WhatsApp en 2014 pour 17 milliards d’euros (19 milliards de dollars). La même année, Snapchat a décliné une offre de Facebook s’élevant à 2,70 milliards d’euros (3 milliards de dollars).
« Je pense que le prix qu’a déboursé Facebook pour WhatsApp en a étonné plus d’un. Et l’acquisition a été faite alors que WhatsApp n’avait pas encore correctement monétisé sa base d’utilisateurs. Seul un investisseur stratégique, pas un investisseur public, serait prêt à payer une telle somme », explique Smith.
En mai dernier, Snapchat a été évaluée à 18 milliards de dollars par des investisseurs privés, faisant d’elle l’une des startups les plus cotées au monde. Et ce, en dépit de bénéfices ne s’élevant qu’à 53 millions d’euros (59 millions de dollars) pour l’an passé. La société eMarketer, spécialisée dans les études de marché, estime les bénéfices pour l’année à venir à plus de 322 millions d’euros (360 millions de dollars).
Pour Smith, « les investisseurs [des marchés publics] doivent comprendre d’où vient cette valeur… Il y a beaucoup d’engouement autour Snapchat. Cela n’est sûrement pas par hasard que des investisseurs privés misent tant dessus ».
Les services fournis par Snapchat sont entièrement gratuits, la compagnie se rémunérant uniquement sur la publicité. Notons toutefois l’apparition de certaines fonctionnalités payantes, comme certains types de filtres à placer sur une image.
D’après Smith, « cette cotation crée de nouveaux challenges dans les fusions et acquisitions. Plus l’entreprise est cotée, plus il est difficile de trouver un acquéreur ».
Le marché étasunien des IPOs s’est considérablement ralenti depuis la mi-2015, en raison de la volatilité des marchés. Le ralentissement de l’économie chinoise, les bas prix du pétrole et le Brexit en sont autant de causes, contribuant indirectement à la réduction du nombre d’IPOs.
Au 1er septembre, le nombre d’entreprises entrant en bourse aux USA était 56% plus bas que l’année passée d’après Renaissance Capital. Le plus bas niveau depuis 2009.
Mais Smith estime que le marché des IPOs semble entrer dans un cycle d’activité plus prospère.
Le marché à commencer à s’ouvrir alors que les performances des entreprises en attente d’IPOs s’amélioraient. Leurs prix sont raisonnables et leurs bénéfices ont récemment dépassé les marchés, observe Smith.
« Les investisseurs étaient en quête d’IPOs de qualité, à des tarifs attractifs, avec un retour sur investissement de l’ordre de 32%, à comparer avec le gain de S&P 500 s’élevant à 6% », mentionne un rapport de Renaissance Capital.
Et toujours d’après le même rapport, le rendement des dix dernières startups du secteur des nouvelles technologies avoisine les 102% depuis janvier.
Avec de bonnes performances et une baisse la volatilité, le nombre d’IPOs a commencé à augmenter depuis fin août.
« Nous attendons encore entre 35 et 45 IPOs d’ici la fin de l’année, soit une centaine pour l’année 2016, totalisant un investissement d’environ 13 milliards d’euros (15 milliards de dollars) », estime le rapport.
L’activité du marché américain des IPOs devrait être plus élevée en septembre et en octobre, suivie par un ralentissement aux alentours des élections et de la période des fêtes de fin d’année.
« Les marchés peuvent absorber des offres aussi conséquente que celle de Snapchat, reste la question de sa cotation. Une bonne entreprise peut devenir publique tant que son prix est justifié », justifie Smith.
Version anglaise : Is the Market Ready for Snapchat’s IPO?
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