Pas de grande pagaille mais des perturbations localisées : la grève de jeudi à la SNCF à l’appel de tous les syndicats du groupe n’est pas massivement suivie, au lendemain d’annonces de hausses de salaires modérées pour 2025.
Les TGV Inoui comme Ouigo circuleront à peu près normalement mais seulement sept TER sur dix et un Intercités sur deux rouleront par rapport à d’habitude.
En région parisienne, la ligne R du Transilien et le RER D, traditionnels bastions du syndicat Sud-Rail, seront les plus touchés avec seulement un train sur trois.
« Je pense que personne ne comprend aujourd’hui cette grève », a affirmé le ministre délégué aux Transport François Durovray jeudi sur RMC. Il a appelé à la responsabilité des syndicats, alors que des mesures sont déployées « pour assurer le développement du fret ».
Fermeté du ministre des Transports
Cette mobilisation en demi-teinte est un échec pour les syndicats qui cherchaient à mobiliser fortement après l’annonce du démantèlement de Fret SNCF début novembre. Ils avaient présenté cette journée comme un « ultimatum » avant un mouvement de grève reconductible à partir du 11 décembre, si aucune réponse n’était apportée à leurs revendications.
« Cette grève à Noël, les Français n’en veulent pas, on les comprend, et il n’y a pas de raisons surtout », a déclaré le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou jeudi sur RTL.
La CGT-Cheminots, l’Unsa-Ferroviaire, Sud-Rail et la CFDT-Cheminots réclament un moratoire sur le démantèlement – sans licenciement – de Fret SNCF, l’opérateur public, leader du transport de marchandise sur rail en France.
« Le ministre (des Transports) l’a redit récemment, le moratoire en tant que tel c’est non », a rappelé M. Farandou, précisant que les conditions de transfert des cheminots de Fret SNCF vers les nouvelles filiales (Hexafret et Technis) pouvaient être discutées. Deux tiers des 500 employés dont l’emploi a été supprimé ont déjà été recasés dans d’autres sociétés du groupe, a-t-il également souligné.
Les syndicats estiment eux que l’accord conclu entre le gouvernement français et la Commission européenne début 2023 peut être renégocié avec le nouvel exécutif européen, et notamment Teresa Ribera, future commissaire chargée de la transition écologique et de la concurrence.
Une participation « modérée »
La participation reste « très modérée », selon le patron de la SNCF, car « quand on regarde avec raison les sujets de fond, ils sont traités. Sur le fret il y a un peu d’émotion, il faut le comprendre (…), il faut la traiter, et c’est ce qu’on fait ».
« Se dire ‘‘je suis touché par ce qui arrive au fret’’, ce n’est pas une évidence », a reconnu le secrétaire général de la CGT-Cheminots mercredi, alors que 5000 cheminots y travaillent sur 152.500 au sein des sociétés ferroviaires du groupe SNCF.
Mais « ce qui arrive au fret, c’est exactement ce qui est en train de se passer dans le transport de voyageurs, notamment au TER », a complété M. Nier. L’intersyndicale s’inquiète en effet de la création de filiales par SNCF Voyageurs pour répondre aux appels d’offre lancés par les régions pour exploiter leur réseau de train express régional (TER).
Mi-décembre, près de 1200 cheminots vont être transférés pour la première fois dans trois de ces filiales, avec à la clef une organisation du temps de travail moins avantageuse afin de gagner en productivité et compétitivité.
Une augmentation de rémunération proposée
Cette mobilisation intervient au lendemain des négociations annuelles obligatoires sur les salaires à la SNCF. La direction du groupe ferroviaire a proposé 2,2% d’augmentation, nettement moins que les années précédentes marquées par une forte inflation, mais plus que l’inflation prévue en 2025 (+1,5%).
Pour les syndicats, c’est un simple hasard du calendrier. « Si les quatre fédérations syndicales avaient voulu poser la question du salaire comme enjeu de mobilisation (…), on l’aurait fait. Nous ne sommes pas des fourbes, nous sommes clairs et suffisamment lisibles », a insisté Thierry Nier.
Outre le moratoire sur le démantèlement de Fret SNCF et l’arrêt de la « filialisation » dans les TER, l’intersyndicale demande une loi de programmation pluriannuelle pour financer l’entretien du réseau.
Les quatre fédérations syndicales doivent se retrouver dans la soirée jeudi pour discuter de la suite du mouvement.
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