Les États-Unis ont dit vendredi avoir mené avec « succès » des frappes de représailles visant des forces d’élite iraniennes et des groupes pro-iraniens en Irak et en Syrie dont l’attaque a fait trois morts et plus de 30 blessés. Joe Biden a averti qu’elles allaient « continuer ».
Deux heures après que les portes du fourgon mortuaire se sont refermées sur les trois cercueils recouverts de la bannière étoilée, l’armée américaine est passée à l’acte. L’intervention a duré trente minutes environ et a été « un succès », a indiqué la Maison Blanche, qui a assuré à nouveau ne pas vouloir d’une « guerre » avec l’Iran.
La « riposte » va continuer
« Nous ne voulons plus voir une attaque de plus contre des positions ou des militaires américains dans la région », a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche John Kirby. « Notre riposte a commencé aujourd’hui. Elle continuera selon le calendrier et aux endroits que nous déciderons », a par ailleurs indiqué Joe Biden. Une attaque de drone en Jordanie avait tué trois soldats américains et blessé 30 autres.
Today, at my direction, U.S. military forces struck targets in Iraq and Syria that the IRGC and affiliated militia use to attack U.S. forces.
We do not seek conflict in the Middle East or anywhere else in the world.
But to all those who seek to do us harm: We will respond.
— President Biden (@POTUS) February 2, 2024
« Les États-Unis ne veulent de conflit ni au Moyen-Orient ni ailleurs dans le monde. Mais que ceux qui veulent nous faire du mal le sachent bien : si vous touchez à un Américain, nous répondrons », a encore indiqué dans un communiqué le président américain. L’exécutif américain avait déjà fait savoir auparavant que les représailles seraient multiples et étalées dans le temps, contre des cibles différentes.
Depuis la mi-octobre, plus de 165 frappes de drones et tirs de roquettes ont visé les forces américaines déployées avec une coalition internationale antijihadiste en Irak et en Syrie, mais aucun militaire américain n’avait été tué, jusqu’à l’attaque de dimanche en Jordanie.
Le président démocrate avait assisté plus tôt vendredi, sur une base du nord-est des États-Unis, au retour solennel des corps de trois militaires américains tués dimanche en Jordanie, une attaque attribuée par Washington à des groupes soutenus par l’Iran.
85 cibles visées
L’opération a mobilisé de nombreux avions de combat parmi lesquels des bombardiers à long rayon d’action, a précisé le Pentagone. Un total de 85 cibles sur sept sites différents (trois en Irak et quatre en Syrie) ont été visées, a indiqué John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), au moins 18 combattants pro-iraniens ont été tués dans l’est de la Syrie. Des sources sécuritaires ont par ailleurs confirmé à l’AFP des bombardements de positions de groupes armés pro-Iran dans l’ouest de l’Irak, près de la Syrie.
La Maison Blanche a assuré que les États-Unis avaient « prévenu le gouvernement irakien avant les frappes ». Ce dernier a fustigé une « violation de la souveraineté irakienne ». Ces frappes font craindre des « conséquences désastreuses pour la sécurité et la stabilité de l’Irak et de la région », a condamné un porte-parole militaire du Premier ministre irakien dans un communiqué.
L’opération américaine a visé des centres de commandement et de renseignement, ainsi que des infrastructures de stockage de drones et de missiles « qui ont permis les attaques contre les forces américaines et de la coalition », a précisé le Pentagone.
Joe Biden sous pression
Joe Biden, en campagne pour un second mandat, était sous intense pression pour répondre à la mort des trois soldats américains. Les corps de William Jerome Rivers, Kennedy Ladon Sanders et Breonna Alexsondria Moffett, militaires de l’État américain de Géorgie (sud) ont été sortis un à un vendredi d’un imposant avion de transport militaire, sur la base de Dover (nord-est).
John Kirby a assuré qu’il n’y avait pas de lien entre le moment choisi pour mener les frappes, qui dépendait entre autres des conditions météo, et la cérémonie de retour des dépouilles, à laquelle a assisté vendredi Joe Biden.
Le démocrate de 81 ans, qui est resté immobile dans le vent froid, la main sur le cœur et le regard fixé droit devant lui, était accompagné de son épouse Jill Biden, du ministre de la Défense Lloyd Austin, du chef d’état-major Charles Brown et d’autres personnalités. Les familles des trois militaires, à l’écart de la presse, étaient également présentes.
La cérémonie, réglée au millimètre, a duré une dizaine de minutes, dans un silence total seulement interrompu par des ordres destinés aux militaires. Joe et Jill Biden avaient déjà, au même endroit, assisté au rapatriement des corps de militaires américains tombés lors d’un attentat à l’aéroport de Kaboul le 26 août 2021, au moment du retrait chaotique d’Afghanistan.
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