Un ancien officier supérieur de l’agence d’espionnage canadienne estime que les personnes impliquées en politique devraient être tenues de déclarer qu’elles ne coopéreront pas avec une puissance étrangère, ajoutant qu’elles devraient être condamnées à une peine de prison, si elles sont prises en flagrant délit.
Michel Juneau-Katsuya, ancien chef de l’unité Asie-Pacifique du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), a déclaré : « Parce que nous sommes proches de la trahison, littéralement ».
M. Juneau-Katsuya, qui a quitté l’agence au début des années 2000, témoignait devant le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre des communes (PROC) le 11 mai, dans le cadre de son étude sur l’ingérence étrangère.
L’ancien officier, connu pour ses commentaires explosifs sur le sujet, a déclaré que tous les gouvernements depuis celui de Brian Mulroney ont été compromis par des agents de la Chine communiste.
Il a également déclaré au comité d’éthique en mars qu’une nouvelle agence indépendante dotée de pouvoirs d’arrestation devrait être créée pour lutter contre l’ingérence étrangère, le SCRS et la GRC étant incapables d’enrayer la menace et le gouvernement étant pénétré.
M. Juneau-Katsuya a fait plusieurs recommandations au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, la première concernant l’obligation pour les candidats aux élections, le personnel politique et les bénévoles de signer une déclaration indiquant qu’ils ne sont pas « sous l’influence ou n’agissent pas pour le compte d’un gouvernement ou d’une entité étrangère ».
« Ce formulaire avertira clairement que des procédures pénales sont possibles en cas de tromperie intentionnelle », a-t-il déclaré, suggérant que les contrevenants soient envoyés en prison.
« Pas d’amende, pas de peine avec sursis ou quoi que ce soit de ce genre. »
Il a fait d’autres affirmations sérieuses, comme le fait que certains membres du personnel d’Affaires mondiales Canada sont sous l’influence d’agents chinois.
« Mon hypothèse, en tant qu’enquêteur, est que malheureusement, aux Affaires étrangères ou aux Affaires mondiales aujourd’hui, certaines personnes travaillent naïvement et non intentionnellement, ou peut-être intentionnellement, pour le compte de la Chine, et qu’une certaine forme de remaniement doit être effectuée sur ce site également », a-t-il déclaré.
M. Juneau-Katsuya a étayé son affirmation en soulignant le temps nécessaire pour déclarer un diplomate chinois persona non grata.
Le 1er mai, le Globe and Mail a rapporté qu’un agent consulaire chinois à Toronto, Zhao Wei, avait été impliqué dans des efforts visant à cibler le député conservateur Micheal Chong et sa famille en raison de sa défense des droits de l’homme en Chine.
Zhao a été déclaré persona non grata par la ministre des affaires étrangères Mélanie Joly le 8 mai. Elle a déclaré que la décision avait été prise après un « examen minutieux de tous les facteurs en jeu » et que le gouvernement s’attendait à des représailles.
Le lendemain, Pékin a annoncé l’expulsion du consul canadien à Shanghai, un diplomate d’un rang supérieur à celui de M. Zhao.
Sur la question de l’ingérence dans le processus démocratique canadien, le député néo-démocrate Matthew Green a demandé à M. Juneau-Katsuya s’il avait déjà eu connaissance d’informations de quelque qualité que ce soit indiquant que des acteurs étrangers avaient utilisé le processus de nomination pour trouver des candidats préférés.
« Pire que cela », a répondu M. Juneau-Katsuya. « J’ai vu des candidats se rendre au consulat et demander leur aide pour être élus, et il a été élu ».
Ces dernières semaines, deux élus fédéraux et provinciaux ont quitté le caucus de leur parti après que des médias, s’appuyant sur des fuites concernant la sécurité nationale, ont affirmé qu’ils étaient impliqués dans le réseau d’ingérence de Pékin à l’étranger.
Une autre des recommandations de M. Juneau-Katsuya est de supprimer la possibilité pour les étrangers de voter pour les nominations des partis. Il a déclaré qu’il s’agissait d’un « non-sens évident ».
Les conditions d’adhésion au Parti libéral stipulent que les membres peuvent inclure ceux qui « vivent habituellement au Canada », alors que tous les autres partis limitent l’adhésion aux citoyens ou aux résidents permanents puisqu’ils doivent payer pour l’adhésion, une sorte de don politique.
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