Les dirigeants européens ont affirmé jeudi à Bruxelles leur volonté d’envoyer un message de soutien politique et économique à l’Ukraine, mais l’unanimité nécessaire à un accord s’annonce difficile face au Hongrois Viktor Orban fermement opposé à cette adhésion qu’il juge prématuré.
Le Président ukrainien Volodymyr Zelensky assure que son pays a rempli toutes les conditions réclamées par Bruxelles pour lancer le processus et attend avec impatience un message des Européens, au moment où les signaux négatifs venus de Washington se multiplient.
« L’adhésion de l’Ukraine à l’UE est infondée et mal préparée »
« Il n’y a aucune raison de discuter quoi que ce soit, car les conditions n’ont pas été remplies », a lâché, dès le début d’un sommet de deux jours à Bruxelles, le dirigeant nationaliste Viktor Orban, qui s’oppose aussi à un soutien budgétaire de 50 milliards d’euros pour l’Ukraine. « Nous devons revenir sur ce sujet plus tard », a-t-il poursuivi, évoquant, sans s’engager plus avant, l’échéance de mars fixée par la Commission européenne.
Viktor Orban avait déjà communiqué à ce sujet en déclarant le 3 décembre sur X : « La proposition de la Commission européenne sur l’adhésion de l’Ukraine à l’UE est infondée et mal préparée. Il n’y a pas de place pour cela à l’agenda du mois de décembre. »
Emmanuel Macron avait reçu le Premier ministre hongrois le 7 décembre 2023 pour évoquer « les différents sujets à l’ordre du jour du Conseil européen des 14 et 15 décembre prochains », selon l’Élysée. L’enjeu était notamment d’éviter un fiasco lors du sommet européen à venir sur la question ukrainienne.
Depuis des semaines les nuages s’accumulent au-dessus de l’Ukraine. Sa contre-offensive militaire n’a pas produit de percée décisive et l’aide occidentale, indispensable à l’effort de guerre, est bloquée. Et sans cette aide, « bien sûr, on ne peut pas gagner », a rappelé mercredi à Oslo Volodymyr Zelensky.
Au moment même où débutait le sommet crucial de Bruxelles, le Président Vladimir Poutine assurait, depuis Moscou, que la Russie était suffisamment en confiance pour « aller de l’avant » malgré les sanctions économiques, le conflit en Ukraine et la confrontation avec les Occidentaux.
Pour le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, « la continuation et la hausse » de l’aide à l’Ukraine est une « question existentielle » pour l’UE. « L’unité de l’UE est la clé », a insisté en écho la présidente du Parlement européen Roberta Metsola.
Encore faut-il savoir ce que le Premier ministre hongrois, souvent seul contre tous, entend cette fois obtenir. « Nous ne sommes pas ici pour offrir quelque chose à Orban », a tonné le Premier ministre néerlandais Mark Rutte. « Nous allons travailler dur » pour trouver une solution, a-t-il ajouté, sans autres précisions sur les contours d’un possible compromis.
Viktor Orban veut « prendre le pouvoir de l’intérieur »
La Hongrie réclame de l’Union européenne qu’elle débloque tous les fonds lui revenant mais qui ont été gelés en raison de manquements à l’État de droit. Elle a obtenu mercredi le déblocage de dix milliards d’euros, après une décision de la Commission européenne qui a provoqué la colère d’eurodéputés. Plusieurs d’entre eux ont dénoncé la faiblesse de Bruxelles face au « chantage » du Premier ministre hongrois.
Le dirigeant hongrois cédera-t-il finalement à la pression de ses partenaires européens, comme il l’a déjà fait dans le passé, après avoir obtenu certaines concessions ? « Viktor Orban est le dirigeant européen le plus expérimenté » au sein du Conseil européen, qui regroupe les chefs d’État ou de gouvernement des 27, explique un responsable européen, sous couvert d’anonymat. « Je pense qu’il sait exactement comment ne pas se retrouver seul dans le coin du ring », isolé de tous les autres pays européens, assure-t-il.
Une solution évoquée par certains diplomates pourrait être de proposer un calendrier offrant des perspectives à Kiev tout en permettant à Budapest de ne pas perdre la face. La Commission européenne a proposé d’ouvrir en deux temps des négociations d’adhésion avec l’Ukraine : une décision des 27 cette semaine et une deuxième l’an prochain sur le cadre devant fixer ces discussions.
À moins que Viktor Orban ne soit cette fois tenté d’aller jusqu’au bout. Interrogé mercredi sur un possible « Huxit », une sortie de la Hongrie de l’UE, le Premier ministre a lancé : « Je ne veux pas partir, mais prendre le pouvoir de l’intérieur », en ralliant de plus en plus de pays.
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