INTERNATIONAL

Soudan: avec un Premier ministre isolé, le chef de l’armée entérine son putsch

novembre 22, 2021 13:30, Last Updated: novembre 22, 2021 13:35
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En réinstallant le Premier ministre civil Abdallah Hamdok un mois après son putsch, le général soudanais Abdel Fattah al-Burhane est parvenu à contenter en apparence la communauté internationale tout en consacrant sa mainmise sur la transition, estiment les experts.

« Le Premier ministre et ses alliés ont totalement capitulé » face au général Burhane, chef de l’armée, qui les avait fait arrêter le jour du putsch le 25 octobre, affirme à l’AFP Magdi Gizouli, chercheur au Rift Valley Institute.

M. Hamdok a signé avec le général Burhane un accord

Dimanche, après la levée de son assignation à résidence, M. Hamdok a signé avec le général Burhane un accord qui prévoit son retour à la tête du gouvernement et entérine le nouveau Conseil de souveraineté expurgé des partisans d’un pouvoir civil et qu’il dirige toujours avec son second, le paramilitaire Mohammed Hamdane Daglo.

C’est « ce que l’armée voulait depuis le début », explique M. Gizouli. Ce n’est donc « pas une surprise, simplement une normalisation du coup d’Etat qui devient de facto le nouvel état de fait ».

Le Conseil de souveraineté, formé de militaires et de civils, est la plus haute instance des autorités de transition mises en place en 2019 après la mise à l’écart par l’armée du général Omar el-Béchir sous la pression de la rue. Il est accompagné d’une instance civile, le gouvernement de M. Hamdok.

Nommer des civils apolitiques

Après le coup d’Etat, le général Burhane s’est maintenu à tête de ce Conseil, en y nommant des militaires mais en remplaçant ses membres pro-civils par des civils apolitiques.

« Si M. Hamdok avait cédé avant le 25 octobre, il y aurait eu beaucoup moins de pertes », poursuit M. Gizouli, en allusion à la mort de 41 personnes dans la répression des manifestations anti-putsch.

Répondre aux exigences de la communauté internationale

En jouant la montre, le général Burhane est parvenu à « un accord qui fait oublier qu’il y a eu un coup d’Etat et permet à l’armée de reprendre son souffle (…) », juge Kholood Khair, spécialiste du Soudan pour Insight Strategy partners.

Déjà, les militaires ont répondu aux exigences de la communauté internationale: ils ont acté le retour de M. Hamdok, promis la libération des dirigeants emprisonnés et bientôt un gouvernement de civils.

Mieux encore, les militaires ont fait entrer M. Hamdok dans leur camp -et il est donc devenu comme eux une cible de la rue qui le conspue désormais autant que le général Burhane.

« Il va rapidement perdre toute sa crédibilité et être plus isolé », dit Mme Khair, soulignant que les Forces de la liberté et du changement (FLC), le bloc pro-civils au Soudan, ont été écartés du Conseil de souveraineté.

« A la merci totale de l’armée »

« Le futur gouvernement est à la merci totale de l’armée et sous la menace désormais quotidienne d’un nouveau coup d’Etat », affirme M. Gizouli. Car « cet accord n’amène aucun changement systémique », complète Mme Khair.

M. Hamdok « sera ce que l’armée voudra qu’il soit car quel que soit l’obstacle qu’il rencontrera, il n’aura plus ni levier politique ni base populaire comme avant », explique M. Gizouli.

Quant aux autres dirigeants civils, « ceux dont l’armée ne veut pas feront sûrement l’objet de poursuites judiciaires », comme l’a déjà laissé entendre le général Burhane, souligne l’expert.

En plus du remodelage des nouvelles autorités avec des purges dans quasiment tous les secteurs, le général Burhane est parvenu à effacer de la transition le principal point qui lui posait problème.

« La rue demande le retrait des militaires de la politique »

Il n’est plus question depuis l’accord de dimanche que les militaires remettent la direction du Conseil de souveraineté aux civils, une passation que la feuille de route de 2019 sur le processus de transition prévoyait sous peu.

« Burhane va rester à la tête du Conseil de souveraineté jusqu’aux élections » promises en 2023, note M. Gizouli.

Il ne lui reste qu’un obstacle: la rue.

« L’exigence principale de la rue n’était pas la libération de M. Hamdok mais le retrait des militaires de la politique », explique Mme Khair.

« Les doutes initiaux de la rue sur la fiabilité de la pression internationale vont augmenter, de même que l’instabilité au Soudan. »  


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t.me/Epochtimesfrance

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