Sciences Po Paris de nouveau plongé dans la tourmente : Mathias Vicherat, le directeur de cette école des élites, soupçonné depuis décembre de violences conjugales, a annoncé mercredi sa démission après avoir appris son renvoi devant la justice.
« J’ai appris que mon ex-compagne et moi-même étions renvoyés devant le tribunal correctionnel », a-t-il écrit dans un message envoyé à la communauté éducative de Science Po et confirmé à l’AFP par la direction de l’établissement. « Des convocations devant le tribunal correctionnel ont été délivrées à M. Vicherat et Mme Sansal-Bonnefont pour des violences réciproques au sein du couple », a confirmé le parquet de Paris à l’AFP.
Les ex-concubins se voient reprocher notamment « des violences sur conjoint ayant entraîné une incapacité de travail supérieure à huit jours », a précisé le ministère public. Ils comparaîtront à l’automne, d’après une source proche du dossier.
Mathias Vicherat, 45 ans, et son ex-compagne Anissa Bonnefont, qui s’accusaient réciproquement de violences conjugales, avaient été placés en garde à vue le 3 décembre avant d’être remis en liberté le lendemain. Une enquête préliminaire avait été ordonnée par le parquet de Paris. Les deux ex-concubins n’avaient cependant pas porté plainte. Le parquet de Paris a rappelé « que la charge d’engager des poursuites incombe au seul ministère public ».
Dans son message interne, mercredi, Mathias Vicherat indique contester « toujours les accusations de violences qui ont été formulées et diffusées à mon égard » et estime que « la justice permettra d’établir la réalité des faits ».
« C’est moins ma personne que l’institution qui m’importe, c’est pourquoi j’ai décidé, afin de la préserver, de démissionner de mes fonctions de directeur de l’Institut d’études politiques de Paris et d’administrateur de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP) », a-t-il ajouté.
« Une administration provisoire » mise en place
En attendant la nomination d’une nouvelle équipe dirigeante, « une administration provisoire » va être mise en place « dans les prochains jours », a indiqué à l’AFP la direction de Sciences Po Paris. Dans un message à toute la communauté éducative, Laurence Bertrand Dorléac, présidente de la FNSP, instance qui exerce la tutelle sur Sciences Po Paris, a assuré « du bon fonctionnement de l’institution » et « du meilleur choix pour la diriger ».
Suite aux accusations de violences conjugales en décembre, Mathias Vicherat avait proposé son retrait de la direction, avant de revenir fin janvier, sous les huées d’étudiants. Le « retour » de Mathias Vicherat avait constitué une « offense et une marque de mépris à l’égard de toutes les victimes de violences sexistes et sexuelles », a cinglé le syndicat Union étudiante dans un communiqué, mercredi. « La personne choisie devra garantir une gestion déontologique de Sciences Po et s’engager activement dans la lutte contre les VSS », a complété l’organisation.
« Priorité absolue » contre le VSS décrétée
Fin 2021, à son arrivée à la tête de l’établissement, Mathias Vicherat avait décrété « priorité absolue » les violences sexistes et sexuelles (VSS). Sciences Po Paris cumule déboires et scandales autour de ses dirigeants depuis une dizaine d’années sans que son prestige académique n’en soit pour l’heure entaché.
Mathias Vicherat avait succédé en novembre 2021 à la tête de Sciences Po Paris à Frédéric Mion, contraint de démissionner en février de cette année-là pour avoir dissimulé les soupçons d’inceste visant le politologue Olivier Duhamel.
M. Duhamel était alors le président de la FNSP. Frédéric Mion avait lui-même été désigné à la tête de Sciences Po Paris après le décès accidentel dans une chambre d’hôtel à New York de Richard Descoings, emblématique patron de Sciences Po de 1996 à 2012 qui a profondément modernisé et développé l’institution fondée en 1872.
Souvent présentée comme la fabrique des élites françaises, Sciences Po Paris est également visée par une autre polémique avec les nombreuses condamnations qui ont suivi l’action d’un groupe d’étudiants qui a occupé mardi un amphithéâtre de l’établissement à Paris en soutien aux Palestiniens et empêché une membre de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) d’y entrer.
Sylvain Maillard, chef des députés Renaissance, a appelé sur Radio J, « la ministre de reprendre choses en main » tandis que Sébastien Chenu, vice-président du RN, a demandé sur CNews/Europe1 à la direction de « plier bagage ». Des propos tenus avant ce nouveau coup de théâtre, mercredi matin.
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