Initialement prévu le jeudi 13 octobre, le procès du maire de Roubaix, Guillaume Delbar, pour détournement de fonds publics « par négligence », via des subventions à une association supposée prosélyte, devrait être renvoyé, a appris ce mardi 11 octobre l’AFP auprès de quatre avocats du dossier.
Selon ces avocats, la demi-journée d’audience programmée pour ce procès est insuffisante et le procès devrait finalement être planifié sur une journée. Ce renvoi doit être formalisé jeudi par le tribunal correctionnel de Lille.
Outre Guillaume Delbar, trois membres de l’association roubaisienne « Ambitions et initiatives pour la réussite » (AAIR) sont poursuivis pour « abus de confiance » entre 2016 et 2020. Ils sont placés sous contrôle judiciaire.
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— Mediacités Lille (@MediacitesLille) October 11, 2022
Des « cours coraniques »
En début 2022, l’affaire avait défrayé la chronique après son évocation dans un reportage de « Zone Interdite », sur M6, consacré aux « dangers de l’islam radical », faisant réagir jusqu’au ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
À la suite de menaces, une protection policière avait été accordée à la présentatrice, Ophélie Meunier, ainsi qu’à un témoin de l’émission, Amine Elbahi, jeune diplômé en droit originaire de Roubaix, qui avait alerté fin 2020 la préfecture du Nord sur cette association.
M. Elbahi –depuis candidat Les Républicains (LR) malheureux aux législatives dans le Nord– soupçonnait la structure de dispenser des « cours coraniques » sous couvert de cours d’arabe en profitant de financements publics. En arrière-plan, des soupçons de clientélisme à l’encontre de Guillaume Delbar.
Après enquête, la préfecture dit avoir constaté que « des cours d’arabe à caractère cultuel » y étaient bien dispensés.
« J’ai pu me tromper »
Le président de l’AAIR, Nordine Khabzaoui, avait réfuté toute « activité prosélyte » à la sortie d’une première audience, le 1er février, où le procès avait été une première fois renvoyé. L’AAIR a « effectivement donné des cours de langue arabe » mais « dans le cadre de nos activités culturelles. Et dans ce cadre-là, nous n’avons jamais utilisé l’argent public », avait insisté cet enseignant âgé de 47 ans.
Son avocat, Me Patrick Lambert, avait invité les journalistes présents à « faire preuve de modération, de prudence » dans leurs « affirmations ».
« Je peux avoir été trompé, j’ai pu me tromper » en soutenant « une association qui venait de faire scission avec une mosquée devenue salafiste », avait pour sa part avancé M. Delbar en début d’année.
La préfecture a refusé de préciser à l’agence France Presse (AFP) les montants versés à l’association. La Région dit elle avoir déboursé 1.500 euros en 2018. Selon la municipalité, l’AAIR devait bénéficier en 2020 de 64.640 euros de subventions, mais l’argent n’a jamais été versé.
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