En réalisant une nouvelle levée de fonds de 155 millions d’euros, la start-up spatiale allemande Isar Aerospace, qui prévoit un tir inaugural de sa fusée au second semestre, se place aux avant-postes dans la course aux projets de minilanceurs en Europe.
Le nouveau tour de table réalisé auprès d’investisseurs privés soutenus notamment par les Fonds européen d’investissement a été effectué « dans un contexte de marché difficile » pour le financement du secteur de la technologie, pointe l’entreprise basée à Ottobrunn, près de Munich. Il lui permet d’atteindre un financement cumulé de plus de 310 millions d’euros (330 millions de dollars) depuis sa création en 2018, faisant d’elle « la société indépendante la plus capitalisée de l’Union Européenne dans le domaine des nouvelles technologies spatiales », assure Isar Aerospace dans un communiqué publié mardi.
Avec les allemandes RFA, Hyimpulse, la française Latitude, la britannique Orbex ou encore l’espagnole PLD Space, la start-up, qui compte 350 salariés, est l’une des nombreuses jeunes pousses européennes à s’être lancée dans le développement d’un micro ou minilanceur spatial pour répondre au marché en forte croissance des constellations de satellites.
« Nous avons testé avec succès tous les éléments du lanceur »
Et elle pourrait bien être la première à atteindre l’espace avec un premier vol de sa fusée Spectrum prévu au second semestre 2023 depuis la base spatiale d’Andoya en Norvège. Elle prévoit d’ores et déjà de lancer également depuis la base de Kourou, en Guyane française, à partir de 2025. « Nous avons testé avec succès tous les éléments du lanceur », expliquait récemment le PDG d’Isar, Daniel Metzler à quelques journalistes, dont l’AFP en marge du salon spatial Satellite à Washington.
Propulsée par un mélange d’oxygène liquide et de propane, quand la plupart des fusées actuelles le sont avec un mélange d’oxygène et d’hydrogène ou de kérosène, Spectrum pourra emporter une charge utile d’une tonne en orbite basse, à quelques centaines de kilomètres d’altitude. Ces nouveaux financements donnent « les moyens d’aller jusqu’au premier lancement et au-delà, avec le développement de la réutilisation, l’industrialisation, l’augmentation des cadences et en étant capable de survivre à plusieurs échecs », selon le directeur financier d’Isar, David Kownator.
Une entreprise qui ne compte pas s’arrêter là
En recourant à la fabrication additive, c’est-à-dire à l’impression 3D de la majeure partie de la fusée et de ses dix moteurs, Isar est en mesure de « fabriquer un lanceur complet et de le tester en deux mois », assure Daniel Metzler.
Suivant les résultats du premier vol, l’entreprise prévoit quatre lancements en 2024. Et elle compte bien ne pas s’arrêter là : elle peut actuellement produire huit lanceurs par an mais, compte « d’ici trois-quatre ans, avec notre prochaine usine, pouvoir fabriquer et lancer une fusée par semaine », selon la directrice technique Stella Guillen.
Sur le modèle développé par l’Américain SpaceX, « nous pensons déjà à la réutilisation » du lanceur sur plusieurs vols, confie Daniel Metzler. « Ce ne sera pas pour le tir inaugural, nous aurons besoin de quelques lancements réussis d’abord ».
Le jeune entrepreneur est conscient des écueils. « Les six derniers mois ont montré qu’aller dans l’espace c’est difficile », rappelle-t-il, dans une allusion à l’échec du premier lancement commercial de la fusée italienne Vega-C, ou de celui de la fusée Terran 1 de la start-up californienne Relativity Space.
Un carnet de commandes déjà bien rempli
« Nous voulons être sûrs de pouvoir survivre à un, deux ou trois échecs », martèle-t-il.
Isar Aerospace peut compter sur un carnet de commandes « à neuf chiffres », soit supérieur à 100 millions de dollars, affirme-t-il sans plus de précision.
Parmi ses clients, Airbus. Le géant européen, copropriétaire d’Arianegroup qui fabrique Ariane 6, s’est engagé dès 2021 pour un contrat de lancement ferme pour un petit satellite d’observation de la Terre et plusieurs options.
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