Moins de trois mois avant le stage obligatoire de deux semaines prévu en juin pour les secondes : les 560.000 lycéens concernés, en filières générale et technologique, ont accès à partir de lundi à une plateforme, qui doit pallier au manque d’offres.
« On vient tout juste de commencer à travailler sur nos CV au lycée… J’ai peur que ce soit très compliqué de trouver une place car c’est très tard », s’inquiète Nathalie, 15 ans, en seconde dans un lycée de Bagnolet (Seine-Saint-Denis). « Et à la différence du stage en 3e, on débarque tous en même temps dans les entreprises, ça va être l’enfer », redoute cette élève interrogée par l’AFP.
Auparavant, les secondes entamaient leurs vacances d’été dès début juin, pour cause d’enseignants et de lycées mobilisés par l’organisation du baccalauréat. Mais l’actuel Premier ministre Gabriel Attal avait souhaité, quand il était ministre de l’Éducation, s’atteler à une « véritable reconquête du mois de juin » – comme d’autres avant lui.
À son initiative, la deuxième quinzaine de juin sera ainsi consacrée cette année aux épreuves du bac pour les classes de première et de terminale et à « un stage en milieu professionnel » pour les secondes. Ce stage obligatoire, dans une entreprise, une association ou un service public, durera deux semaines, du 17 au 28 juin, pour toutes les secondes en filières générale et technologique scolarisés dans le public et le privé. Objectif ? « Approfondir leur découverte des métiers, mieux préparer et affermir leurs choix d’orientation », écrit le ministère, qui doit publier prochainement une circulaire.
Stage non encore validé par de nombreux lycéens
Pour aider ces élèves âgés entre 15 et 16 ans, une plateforme collectant les offres, accessible depuis l’espace dédié « 1jeune1solution », ouvre lundi. Mais à moins de trois mois de l’échéance, de nombreux lycéens n’ont pas encore validé de convention de stage, ni même, pour certains, encore commencé à chercher, comme Nathalie, la lycéenne de Bagnolet.
Setti, 15 ans, qui fréquente le même établissement, est en revanche « presque débarrassée de la recherche ». « J’attends la confirmation mais je dois aller chez un vétérinaire spécialiste des NAC » (Nouveaux animaux de compagnie), qui soigne à la fois les reptiles, les oiseaux ou encore les cochons d’Inde. « C’est ma coiffeuse qui m’a mise en relation avec lui », lance la jeune fille, qui estime être « une des rares » de sa classe à avoir décroché le sésame.
À Lille, Florence Delannoy, proviseure du lycée Montebello, fait un rapide calcul : « Sur 460 élèves de seconde, je n’ai à ce jour que 20 conventions signées, c’est très faible », regrette la cheffe d’établissement, syndiquée au Snpden-Unsa, pour qui il est « dommage que la plateforme n’ouvre que fin mars, c’est trop tard ». Interrogé par l’AFP, le ministère de l’Éducation n’a pas communiqué le nombre d’offres disponibles sur cette plateforme.
« Intérêt pédagogique » en cause
D’autres remettent en question « l’intérêt pédagogique » de ce stage. « Fin juin, ces élèves auront déjà fait le choix de leurs spécialités pour l’année de première, les jeux de l’orientation sont faits », déplore Karile Richard, proviseure du lycée Turgot à Paris. « Tout ça est un non-sens », lâche cette syndiquée ID-FO.
Certains élèves pointent, eux, les « vacances volées ». « Ça fait six ans que j’attends d’avoir trois mois de vacances ! », s’agace Lucien, en seconde au lycée Voltaire à Paris. « Je voulais profiter d’avoir enfin 16 ans pour travailler en juin, en attendant le début des vraies vacances ».
Et que se passera-t-il si un élève ne trouve pas de stage ? « L’élève est accueilli dans son établissement » et « bénéficie de solutions en ligne de découverte des environnements professionnels et y effectue des recherches documentaires pour préciser ou parfaire son projet d’orientation », peut-on lire sur le site de l’Éducation nationale. « Impossible », tranche Karile Richard. « C’est une période rouge où tout le lycée est monopolisé sur les examens du bac, avec les épreuves écrites et orales, donc pas de temps pour gérer des secondes sans stage ».
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