La statue de Colbert devant l’Assemblée nationale a été en partie recouverte mardi de peinture rouge et d’une inscription « Négrophobie d’Etat », dont l’auteur a été arrêté, ont indiqué des sources parlementaires à l’AFP.
Ministre de Louis XIV, Colbert est considéré comme à l’initiative du Code noir, rédigé en 1685 et qui a légiféré sur l’esclavage dans les colonies françaises. Mardi, la statue qui se trouve au pied de l’Assemblée nationale à Paris a été recouverte de peinture rouge au torse et aux jambes, tandis que « Négrophobie d’Etat » a été inscrit avec le même matériau sur le socle, ont rapporté des sources parlementaires, confirmant une information d’Outremer-la 1ère.
Une vidéo postée sur Twitter par la « Brigade antinégrophobie » montre l’auteur du tag être interpellé par la police.
Plusieurs responsables politiques, notamment de droite, ont dénoncé mercredi une tentative de « censurer » l’Histoire ou de « culpabilisation », après qu’un graffiti « Négrophobie d’Etat » a été tagué mardi soir sur la statue de Colbert devant l’Assemblée nationale.
« Revisiter l’Histoire » ou « vouloir la censurer dans ce qu’elle a de paradoxal parfois est absurde », a affirmé à l’AFP le président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand (LREM).
« Dans la vie d’un homme public du XVIIe siècle, il y a forcément des parts d’ombre et des parts de lumière », a-t-il ajouté, en estimant que cela ne « serait peut-être pas une mauvaise idée d’enrichir ces statues d’une plaque, d’un panneau qui explique pourquoi cette statue est là, les faits saillants d’un personnage, les faits glorieux comme ceux qui le sont moins ».
La porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, a repris cette même idée, mercredi, lors du compte-rendu du Conseil des ministres.
« Je condamne avec beaucoup de fermeté ceux qui veulent effacer des traits de notre histoire », « cette négation de ce qui a été l’histoire de notre pays », a-t-elle par ailleurs ajouté, en appelant aux « historiens (pour) expliquer avec pédagogie ce qu’ont été les faits et dans le contexte dans lequel ils se sont déroulés ».
Pour la présidente du rassemblement nationale Marine Le Pen « juger l’histoire à partir des principes qui sont ceux d’aujourd’hui n’a juste aucun sens » et « si on fait ça, on va déboulonner tout le monde, le général de Gaulle en premier, Napoléon ».
« L’immense majorité silencieuse » des Français « commence à en avoir soupé de ce type d’exigences, de ce type de récriminations » venant de « minorités violentes, excessives, brutales », a-t-elle ajouté sur LCI, tandis que l’eurodéputé RN Nicolas Bay estimait sur Cnews que « ça aboutit à essayer de remettre en cause les pages malgré tout glorieuses de rayonnement de la France, c’est difficilement contestable s’agissant de Colbert ».
Côté LR, le député souverainiste Julien Aubert a estimé sur Twitter « purement consternante » le tag apposé sur la statue de Colbert, « grand serviteur de l’État et promoteur de notre industrie ».
« Arrêtons cette culpabilisation permanente qui est vraiment ridicule », a affirmé sur Public Senat le député LR des Alpes-Maritimes Eric Ciotti, pour qui « on juge avec des valeurs qui viennent d’autres pays, et nous n’avons pas la même histoire que les Etats-Unis ».
L’homme arrêté mardi après avoir inscrit le slogan sur la statue sera jugé le 14 août devant le tribunal correctionnel de Paris, a indiqué mercredi le parquet. Il sera jugé pour « des faits d’inscription, signe ou dessin réalisés sur une façade, une voie publique ou du mobilier urbain », a précisé le parquet. La statue a été entièrement nettoyée le lendemain.
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