Après Volkswagen et BMW, c’est au groupe automobile Stellantis d’abaisser ses objectifs pour l’année 2024, à cause de fortes difficultés sur les marchés américain et européen mais aussi de la morosité de l’automobile mondiale.
Le groupe aux quinze marques (Peugeot, Citroën, Fiat, Opel, Chrysler, Jeep…) qui avait enchaîné les records, fait le constat d’une « détérioration » globale du marché automobile. Le groupe vise désormais une marge opérationnelle pour l’année 2024 entre 5,5 % et 7 % contre « deux chiffres » auparavant.
Début septembre, le groupe automobile lançait une petite voiture électrique chinoise produite en Pologne, alors que l’entreprise italienne produisant la Fiat 500 électrique est maintenue à l’arrêt jusqu’en novembre.
Stellantis décroche en Bourse
Alors que le constructeur affichait les plus belles marges opérationnelles de l’industrie automobile mondiale, le titre du groupe automobile a dévissé le 30 septembre de 15 % à la Bourse de Paris, dans un marché en baisse de 0,51 %.
Stellantis avait déjà publié des résultats en forte chute au premier semestre, freiné par une baisse des ventes de 48 % par rapport au bénéfice record réalisé début 2023, en Europe et en Amérique du Nord.
La compétition est de plus en plus dure avec une « augmentation de l’offre » et « une concurrence chinoise accrue », indique la direction de Stellantis dans un communiqué. Stellantis rejoint ainsi Volkswagen, BMW, Mercedes, Volvo ou Aston Martin parmi les constructeurs qui ont revu leurs objectifs à la baisse, avec parfois des suppressions de postes à la clé.
La dégradation des objectifs « soulève des questions importantes sur la vision de la direction pour l’entreprise […] et sa crédibilité auprès des investisseurs », a observé le cabinet Oddo BHF dans une note.
Des ventes en baisse en Europe et un marché de l’électrique morose
Les ventes sont restées faibles sur le marché européen depuis le début de l’année 2024, avec un total de près de 7,2 millions d’immatriculations. La croissance a été plus lente que prévu sur les ventes de voitures électriques, notamment avec l’entrée en vigueur en 2025 de normes de CO2 plus sévères, rendant les perspectives plus négatives pour les constructeurs comme pour les équipementiers.
« Il serait surréaliste de changer maintenant les règles » européennes sur les émissions de CO2, estimait pourtant, le 15 septembre, le patron de Stellantis, Carlos Tavares, alors que le lobby automobile ACEA demandait à l’UE une révision des règles sur les émissions en 2025. Ces règles obligent les constructeurs automobiles européens à vendre plus de modèles électriques, sous peine de lourdes amendes, alors que le marché électrique est à la peine.
Le marché électrique n’a en effet pas évolué comme prévu en 2024, notamment en raison de la suppression d’aides à l’achat en Allemagne, des véhicules trop chers et une insuffisance des infrastructures de recharge. Les ventes de voitures électriques ont commencé à baisser depuis la fin 2023 en Europe, les acheteurs se montrant frileux en raison de leur coût élevé et leur autonomie jugée limitée.
Carlos Tavares s’était opposé initialement à la mise en place de règles trop contraignantes pour l’industrie automobile. « Le dogmatisme (des décideurs européens) s’est brisé sur le mur de la réalité », a-t-il expliqué. « On est dans un système où le régulateur veut que les consommateurs achètent ces voitures, et le consommateur dit non merci, pas à ce prix-là. »
Stellantis prolonge la suspension de la production de la Fiat 500 électrique
Dans ce contexte, la suspension de la production de la Fiat 500 électrique, initialement prévue pour durer jusqu’au 11 octobre, sera prolongée jusqu’au 1er novembre en raison de la faiblesse des commandes, a annoncé le 1er octobre le constructeur automobile en Italie.
Ces annonces successives de suspension surviennent sur fond de polémique avec le gouvernement de Giorgia Meloni qui reproche au constructeur de délocaliser sa production dans des pays à bas coûts, comme la Pologne, au détriment des usines italiennes. Le groupe a réitéré son engagement à fabriquer « à partir de début 2026 », une production initialement envisagée même pour 2025, une nouvelle version hybride de la Fiat 500 sur le site de Mirafiori.
Les salariés de Mirafiori, où est produite aussi la Maserati, ont enchaîné cette année des périodes de chômage technique dues à une baisse de la demande et au retard qu’a pris le lancement par le gouvernement de bonus écologiques pour l’achat de véhicules électriques, un dispositif qui n’est entré en vigueur qu’en juin.
En réponse, les principaux syndicats du secteur automobile ont appelé les salariés de Stellantis en Italie à observer une grève nationale le 18 octobre pour protester contre la chute de la production et le « désengagement » du constructeur.
Les syndicats sont en outre vent debout contre la suspension du projet de construction d’une méga-usine de batteries pour voitures électriques à Termoli (sud), décidée par ACC, une coentreprise de Stellantis, Mercedes et TotalEnergies.
Début septembre, Stellantis lançait un petit modèle électrique chinois en Europe
Alors que le groupe annonce le maintien de la suspension de la production de la Fiat 500 électrique en Italie, il a lancé le 24 septembre une petite voiture électrique chinoise en Europe, visant l’entrée de gamme avec des tarifs « très bas », a indiqué le groupe.
La marque chinoise Leapmotor a ouvert les commandes pour sa citadine T03, proposée à partir 19.500 euros, pour une livraison en octobre, a indiqué Stellantis.
Mais contrairement à la Dacia Spring, assemblée en Chine, la Leapmotor T03 est assemblée en Pologne, dans l’usine Fiat de Tychy, et évite ainsi les surtaxes de la Commission européenne visant les véhicules chinois, accusés de concurrence déloyale. Cette nouvelle voiture électrique chinoise devrait bénéficier en France du bonus écologique (de 4.000 euros maximum), après validation par l’Agence de l’environnement (Ademe).
Leapmotor a aussi un avantage face aux autres constructeurs chinois qui tentent de se lancer sur le marché électrique en Europe, comme BYD, MG, Seres ou Skyworth : la start-up chinoise, encore inconnue en Europe, va bénéficier du dense réseau de concessionnaires de Stellantis sur le Vieux Continent. Leapmotor compte avoir 350 points de vente en Europe d’ici fin 2024, et 500 d’ici 2026.
En s’associant avec Leapmotor, Stellantis voulait « faire partie de l’offensive plutôt que d’en être une victime », avait expliqué son patron Carlos Tavares fin 2023. Le groupe détient 51 % d’une coentreprise avec Leapmotor, laquelle produit des véhicules électriques pour l’international.
Il faudra voir si ce partenariat de la dernière chance, donnant un large accès à des véhicules de technologies chinoises sur le territoire européen, intéressera les acheteurs européens alors que le véhicule de petite taille de près de 20.000 euros n’a qu’une capacité de 265 kilomètres.
Le groupe a d’ailleurs lancé fin septembre un processus de succession pour son directeur-général Carlos Tavarès, dont le mandat s’achève début 2026, une procédure « normale » pour un groupe de cette importance, avait indiqué un porte-parole du constructeur, alors que certains pointent les ratés de la méthode Tavarès.
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