SOCIéTé

Strasbourg : des élèves dotés de gilets équipés de GPS, pour un partage équitable filles-garçons de la cour de récréation

novembre 18, 2024 16:04, Last Updated: novembre 18, 2024 16:04
By

Fermement décidée à enrayer les inégalités entre les filles et les garçons, la mairie écologiste de Strasbourg a décidé de s’attaquer aux cours de récréation. Pour connaître l’occupation de cet espace par les enfants, elle les a dotés de vêtements équipés de GPS. 

Dans certaines écoles de la ville de Strasbourg, le rituel avant chaque récréation est désormais le suivant : les enfants doivent enfiler un gilet connecté capable de les localiser, comme le relate Le Parisien. L’objectif de cette expérimentation est d’arriver à une répartition de l’espace plus équitable entre les enfants des deux sexes, mais aussi de réaménager ces lieux en les végétalisant.

« Des filles qui évoluent dans un très petit espace »

Christelle Wieder, adjointe à la Ville de Strasbourg en charge des droits des femmes, a expliqué à nos confrères que depuis six mois, 125 élèves volontaires de primaire de tous les niveaux et de différentes écoles portent ces gilets connectés. Selon elle, « 80 % de l’espace d’une cour de récréation est occupé par seulement 20 % des enfants et majoritairement des garçons ».

Avec ces gilets connectés sur le dos, la géolocalisation des enfants se fait en temps réel. « Nous obtenons des données très précises », affirme encore Christelle Wieder. « On constate qu’il y a une discrimination de sexe avec des filles qui évoluent dans un très petit espace mais aussi d’âge puisque ce lieu est très largement occupé par les CM2 et CM1 au détriment des CP » souligne-t-elle.

Au sein de l’école élémentaire Paul Langevin, située dans la rue Lavoisier à Strasbourg, des élèves de CM1 expliquent à nos confrères de France Bleu que seulement les filles sont dans le bac à sable ou dans les cabanes. « Et nous les garçons, on prend tout cet endroit pour jouer à épervier tout ensemble. Ou au basket », ajoutent-ils.

Dans la cour de récréation, « de nombreux rapports de pouvoir »

« On lutte quand même contre des milliers d’années de patriarcat », assure de son côté Chantal Magar-Vies, la directrice de cet établissement, mentionnant également auprès de France Bleu que les changements ne vont pas « se faire du jour au lendemain ». Pour elle, même si les choses avancent, « la tâche est ardue » et « une formation extrêmement importante » est à mettre en place.

« La cour de récréation, c’est le premier espace public partagé par les enfants et l’on s’est rendu compte que c’était un endroit où les inégalités existaient déjà », dénonce encore Christelle Wieder. « On voit se jouer de nombreux rapports de pouvoir et les élèves les plus grands s’approprient le ballon au détriment des autres », s’indigne-t-elle. En combattant les inégalités de genre, l’élue espère ainsi que tout le monde pourra avoir « la liberté de jouer dans la cour de récréation, quel que soit son sexe ou son âge ».

Des formations pour les équipes pédagogiques

La municipalité souhaite par ailleurs végétaliser 65% des établissements scolaires de la ville d’ici 2026 afin de changer les habitudes des élèves. « On espère, en changeant l’espace, changer les rapports entre les filles et les garçons, et aller vers plus d’égalité, prévenir aussi les violences sexistes et sexuelles », poursuit l’adjointe à la maire, qui compte impliquer les équipes pédagogiques et périscolaires des établissements scolaires pour mener à bien cette mission, ceux-ci seront notamment chargés d’observer le comportement des enfants.

Des formations destinées à ces équipes pédagogiques vont également être mises en place, comme par exemple « la roue à jeux inclusifs ou le harcélomètre, qui doit sensibiliser les élèves aux attitudes inadaptées », précise l’adjointe.

« Une ville écolo avec des valeurs wokistes »

Si ces initiatives sont favorablement accueillies par la mairie écologiste, elles rencontrent néanmoins des réticences, notamment auprès de certains parents d’élèves. Marie-Pierre, une maman, a critiqué auprès du Parisien « une ville écolo avec des valeurs wokistes ». Pierre, un papa de jumeaux de sept ans, s’inquiète quant à lui de « ne plus pouvoir voir ses garçons jouer au foot à la récré ».

« Cette initiative pourrait paraître anecdotique, mais elle est le symbole d’un progressisme totalitaire qui voudrait forger un homme nouveau à coups d’ingénierie sociale », fustige la journaliste Eugénie Bastié dans les colonnes du Figaro. « Affirmer que toute différence est une inégalité, et que toute inégalité est une injustice, c’est le propre de ce progressisme », a-t-elle encore pointé, avant de poursuivre : « Certes, les petits garçons ne jouent pas au foot dans le ventre de leurs mères, mais des études ont montré que dès la naissance, les enfants avaient des sensibilités différentes dans le choix de leurs activités. »

« À force de vouloir ‘libérer’ les enfants d’un pseudo carcan sociologique et culturel, ils finiront par produire l’inverse de leur objectif : des enfants perdus et empêchés », s’est indignée sur X ce 13 novembre Anne-Caroline Gallimard, déléguée UDR des Hauts-de-Seine.

« Nous n’avons pas pour ambition de déviriliser les cours de récréation ni de régler les conséquences de plusieurs siècles de patriarcat. En revanche, nous sommes certains que des espaces publics où filles et garçons joueront ensemble, cela changera le visage de notre société et nous permettra d’avoir des adultes sans doute plus respectueux les uns envers les autres », se défend Christelle Wieder, tentant d’apaiser les controverses sur ce sujet. Quant au coût de ces gilets connectés, la mairie est restée « très évasive sur le sujet », précise le quotidien francilien, parlant cependant de « plusieurs centaines de milliers d’euros ».

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.

Voir sur epochtimes.fr
PARTAGER