Des enseignants d’un collège de Strasbourg se sont mis en grève lundi, réclamant que des logements de fonction vides soient mis à disposition de huit enfants et leurs familles qui dorment à la rue.
Cette grève a été décidée « après des mois de dialogue qui n’a mené à rien », avec la Collectivité européenne d’Alsace (CEA), propriétaire des bâtiments, a expliqué sur place Céline Balasse, professeure d’histoire-géographie au collège Lezay-Marnésia. Elle a indiqué que 80% des enseignants étaient en grève et que le mouvement se poursuivrait jusqu’à ce que les enfants « soient mis à l’abri ».
« Nous avons conscience que notre place est en classe avec nos élèves mais nous avons également conscience que la place de nos élèves n’est pas à la rue », a-t-elle justifié.
« Il fait froid »
Le collège avait déjà été occupé tout le week-end par des membres du personnel éducatif portant la même revendication. « Il fait froid », témoigne pour l’AFP Ermela, une jeune Albanaise de 12 ans, qui dort sous la tente dans le square de Krimmeri, proche du stade de la Meinau, avec quelque 300 autres personnes.
« Ma petite sœur de 2 ans est malade, elle a froid tout le temps », explique-t-elle. Cette élève de 5e, qui parle couramment le français, est arrivée en France voilà trois ans. Sa famille s’est installée à l’été à Strasbourg après avoir dû quitter Épinal où elle était logée, explique son père, Redon Xhebexhia, 44 ans. « On ne peut rien faire. On attend. Nous n’avons nulle part où aller », ajoute cet homme aux traits tirés, dont la demande d’asile est actuellement en réexamen et qui n’est donc pas autorisé à travailler.
Ermela raconte que ses camarades de classe savent qu’elle dort sous une tente. Elle confie qu’elle a de bonnes notes même si elle ne fait jamais ses devoirs : « Les professeurs sont compréhensifs ». « Quand il pleut, la pluie rentre sous la tente. À force de dormir comme ça, j’ai un peu mal au dos », ajoute l’enfant aux cheveux clairs bien peignés en queue de cheval, qui traduit pour son père.
« Garantir un toit pour toutes et tous »
Présent devant l’établissement lundi matin, Florian Kobryn, élu écologiste à la CEA, a regretté que « le premier réflexe » de la collectivité soit de « se défausser, sous prétexte que ce ne serait pas de la compétence du département ».
« Pourtant, en 2022, la majorité alsacienne s’était montrée beaucoup moins frileuse à mettre en place, sans délai, ce même dispositif pour loger des réfugiés ukrainiens. Pourquoi aujourd’hui cette différence de traitement ? Pourquoi cette solidarité à géométrie variable ? », s’est-il interrogé.
« Nous ne pouvons pas accepter dans un pays, comme le nôtre, que des enfants dorment à la rue », a déclaré le député LFI Emmanuel Fernandes, également venu en soutien. « Il y a ces huit enfants ici, mais il y a plusieurs dizaines, plusieurs centaines de personnes, d’enfants, à la rue, dans l’Euro-métropole » (de Strasbourg), a-t-il affirmé, appelant à « garantir un toit pour toutes et tous, singulièrement dans cette période hivernale ».
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