Aussi kitsch et populaire qu’à ses débuts, l’Eurovision s’est souvent aventurée sur la ligne de front des tensions géopolitiques agitant le Vieux continent. L’édition 2022 en est un tragique cas d’école, avec l’exclusion de la Russie et le statut d’ultra favori de l’Ukraine.
Le tube « Stefania » du Kalush Orchestra, une berceuse mêlant rap et musique traditionnelle, défendra les couleurs de l’Ukraine au concours européen Eurovision de la chanson, dont la finale aura lieu le 14 mai à Turin en Italie. « Je retrouverai toujours mon chemin vers la maison, même si toutes les routes sont détruites », dit le titre.
? #Eurovision Day 5 • Second Rehearsals #StandWithUkraine ? EBU/Andres Putting/Corinne Cumming#Ukraine ?? • Kalush Orchestra – Stefania pic.twitter.com/Mg0kAnziQZ
— Aurelyan Eurovision ??? (@AurelyanESC) May 4, 2022
Le groupe breton Alvan et Ahez donné en 13e position
A deux semaines du grand soir, l’Ukraine a 42% de chances de gagner, loin devant le duo italien Mahmood et Blanco (14%) et la Suédoise Cornelia Jakobs (10%), selon le site eurovisionworld.com, qui agrège les principaux sites de pari en ligne.
Royaume-Uni, Espagne, Pologne, Grèce, Norvège, Pays-Bas et Australie complètent le top Dix. La France, représentée par le groupe breton Alvan et Ahez, est donnée en 13e position.
Benoît Blaszczyk, secrétaire de France-Eurofans, la branche française de l’Organisation générale des amateurs de l’Eurovision (OGAE), indique qu’outre leur capital sympathie lié au conflit avec la Russie, les Ukrainiens pourront compter sur leur talent artistique pour l’emporter et chaque année l’Ukraine, avant-gardiste, est très regardée.
En 2004, l’Ukraine remporte le concours et l’année suivante, après la « Révolution orange », elle se présente avec une chanson très politique mais qui est finalement acceptée.
Et l’Ukraine double la mise en 2016 – deux ans après l’annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie – avec Jamala et le titre « 1944 », une chanson racontant la déportation des Tatars par Staline.
L’an dernier, l’Union européenne de Radio-Télévision (UER) exclut le Bélarus au motif que les paroles de sa chanson attaquent de front l’opposition démocratique au président pro-Russe Alexandre Loukachenko. C’est le groupe de rock italien Måneskin qui a remporté le titre.
L’Eurovision ne doit pas se résumer à une arène politique
« Le public montrera sûrement un fort soutien à l’Ukraine, cela ne signifie pas pour autant qu’elle gagnera. En 1993, la Bosnie et la Croatie n’avaient pas terminé très haut » alors que ces pays étaient sous le feu des troupes serbes, remarque Dean Vuletic.
Slobodan Todorovic, rédacteur en chef du site de fans de l’Eurovision Evrovizija.rs en Serbie, estime que l’Eurovision ne doit pas se résumer à une arène politique.
Le capital sympathie des Ukrainiens en Europe est énorme, reconnaît Benoît Blaszczyk, secrétaire de France-Eurofans, la branche française de l’Organisation générale des amateurs de l’Eurovision (OGAE).
« Mais quoi qu’il arrive ils ont une bonne chanson, et chaque année l’Ukraine, avant-gardiste, est très regardée », tempère-t-il.
Faut-il se fier au vote passé pour savoir quel pays vote pour quels autres ? Certes il existe des « blocs » dans le vote des téléspectateurs : dans l’enfance de l’Eurovision, les pays francophones (France, Belgique, Suisse, Luxembourg) votaient ensemble et raflaient tout ou presque.
Le bloc nordique, votant comme un seul homme, a émergé par la suite, puis des « sous-blocs » sont apparus en Europe centrale et de l’est.
Et en effet le palmarès des vingt dernières années montre que les jeux ne sont jamais faits : Turquie (2003), Ukraine (2004), Russie (2008), Azerbaïdjan (2011) ou Israël (2018) sont venus damer le pion aux nations reines (Irlande, Suède, Pays-Bas, Royaume-Uni).
Pas moins de 4400 fans de l’Eurovision affiliés à l’OGAE ont voté pour établir leur classement avant l’événement de Turin : l’Ukraine ne termine qu’au 11e rang. La Suède est donnée (encore) victorieuse, devant l’Italie et l’Espagne.
Les fans ukrainiens de l’OGAE, eux, ont placé en tête la Pologne (premier pays d’accueil des réfugiés ukrainiens), puis l’Espagne, la France, la Norvège et la Suède.
« Le simple fait d’être représentés sur scène, d’avoir pu quitter leur pays, de recevoir autant de soutien, avec en plus l’exclusion de la Russie, c’est déjà une victoire pour les Ukrainiens », note Dean Vuletic.
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