Une vaste opération de recherche et de sauvetage est en cours pour retrouver un submersible commercial qui a disparu lors d’une plongée vers l’épave du Titanic.
Selon les garde-côtes américains, le contact avec le submersible a été perdu environ une heure et 45 minutes après le début de la plongée, avec cinq personnes à bord. Le navire n’a plus envoyé de signal à partir de 21h13, heure locale, dimanche.
L’expédition était organisée par la société américaine OceanGate dans le cadre d’un voyage de huit jours. Les clients avaient payé 250.000 dollars par personne pour visiter le site de l’épave. Dès lundi en fin de matinée, le contre-amiral John Mauger, garde-côte américain, a déclaré que le bateau disposait probablement de 70 à 96 heures d’oxygène pour les passagers.
L’épave du Titanic repose à quelque 3800 mètres de profondeur dans l’Atlantique, à environ 700 km au sud de l’ile de Terre-Neuve. Trouver un véhicule sous-marin de la taille d’un petit bus dans cette vaste étendue d’océan n’est pas une mince affaire.
Voici ce à quoi les équipes de recherche et de sauvetage sont confrontées.
Les caractéristiques du submersible Titan d’OceanGate
Les submersibles sont des embarcations habitées qui se déplacent de la même manière que les sous-marins, mais dans un rayon d’action beaucoup plus limité. Ils sont souvent utilisés à des fins de recherche et d’exploration, notamment pour rechercher des épaves et documenter les environnements sous-marins. Contrairement aux sous-marins, ils disposent généralement d’un hublot permettant aux passagers de regarder à l’extérieur, ainsi que de caméras extérieures offrant une vue plus large autour du submersible.
Le submersible manquant en question a été crée par OceanGate. Baptisé Titan, il peut emmener cinq personnes à des profondeurs allant jusqu’à 4000 mètres. Le Titan mesure environ 7 mètres de long et sa vitesse est d’environ trois nœuds, soit 5,5 km par heure. Bien que les submersibles sont souvent reliés à un navire de surface par un filin, la vidéo et les photos suggèrent que le Titan fonctionnait probablement indépendamment du navire de surface. Selon le site web d’OceanGate, il est utilisé
« pour l’étude et l’inspection de sites, la recherche et la collecte de données, la production de films ou de contenus pour les médias, et les tests de matériel et de logiciels en haute mer ».
Il est également équipé d’un « système de surveillance en temps réel de l’état de la coque (RTM) ». Ce système devrait comprendre des jauges de contrainte pour surveiller l’état de la coque en fibre de carbone du Titan. Une jauge de contrainte est un type de capteur qui peut mesurer la force appliquée et les petites déformations du matériau résultant de changements de pression, de tension et de poids.
La coque en fibre de carbone du Titan relie deux dômes en titane composite, un matériau capable de résister aux pressions des grands fonds. À 3800 m sous le niveau de la mer (la profondeur du Titanic), on peut s’attendre à des pressions environ 380 fois supérieures à la pression atmosphérique à laquelle nous sommes habitués à la surface de la Terre.
Communication et sauvetage
Le Titan aurait eu une liaison acoustique avec son navire de surface, établie grâce à un transpondeur (un dispositif permettant de recevoir un signal sonar) à son extrémité, et un émetteur-récepteur (un dispositif qui peut à la fois transmettre et recevoir des communications) sur le navire de surface.
Cette liaison permet le positionnement acoustique sous-marin, ainsi que l’envoi de courts messages textuels vers le navire de surface, mais la quantité de données pouvant être échangées est limitée et comprend généralement des informations de télémétrie de base et des informations sur l’état de l’appareil.
Le Titan est un bateau alimenté par batterie. Étant donné qu’il a perdu tout contact avec son navire de surface, il est possible qu’il ait subi une panne d’électricité. Idéalement, il devrait y avoir une source d’énergie de secours (telle qu’une batterie indépendante) pour maintenir l’équipement d’urgence et de survie, mais il n’est pas certain que le navire disparu disposait d’une telle source d’énergie de secours.
Selon les rapports, au moins deux avions, un sous-marin et des bouées sonar ont été utilisés pour rechercher le navire. Les bouées sonar sont à l’écoute des bruits sous-marins, y compris des éventuelles balises de détresse qui se seraient déclenchées.
L’un des principaux défis de l’opération de sauvetage sera de faire face aux conditions météorologiques, qui réduiront encore davantage une fenêtre de recherche déjà étroite.
Que s’est-il passé ?
Dans le meilleur des cas, le Titan peut avoir perdu de l’énergie et disposer d’un système de sécurité intégré qui l’aidera à remonter à la surface. Par exemple, il peut être équipé de poids supplémentaires qui peuvent être largués pour augmenter instantanément sa flottabilité et le ramener à la surface.
Il se peut aussi que le navire ait perdu sa puissance et se soit retrouvé au fond de l’océan. Il s’agit là d’une issue plus problématique.
Le pire scénario est celui d’une défaillance catastrophique de son logement sous pression. Bien que la coque composite du Titan soit conçue pour résister aux pressions intenses des grands fonds, tout défaut de forme ou de construction pourrait compromettre son intégrité, ce qui entraînerait un risque d’implosion.
Une autre possibilité est qu’il y ait eu un incendie à bord, par exemple à cause d’un court-circuit électrique. Cela pourrait compromettre les systèmes électroniques du véhicule qui sont utilisés pour la navigation et le contrôle du navire. Les incendies sont un événement désastreux dans les environnements sous-marins fermés et peuvent potentiellement mettre l’équipage et les passagers en danger de mort.
Le temps est un facteur essentiel. Les équipes de recherche et de sauvetage devront trouver le navire avant que ses réserves limitées d’oxygène et d’eau ne s’épuisent.
Les milieux scientifiques débattent en permanence de l’intérêt potentiel des submersibles habités, car chaque déploiement comporte un risque pour la sécurité.
À l’heure actuelle, la plupart des recherches sous-marines et des travaux industriels en mer sont menés à l’aide de véhicules robotisés et sans pilote. La perte d’un de ces véhicules peut compromettre les travaux en cours, mais au moins les vies ne sont pas en jeu. À la lumière de ces événements, les risques liés à l’utilisation de ces systèmes pour le tourisme en haute mer feront probablement l’objet de discussions intenses.
Article écrit par Stefan B. Williams, Professor, Australian Centre for Field Robotics, University of Sydney.
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
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