Un sexagénaire russo-suédois comparaît lundi devant un tribunal à Stockholm, soupçonné d’avoir transmis des technologies occidentales pendant près de dix ans aux services de renseignement militaire russe.
Sergueï Skvortsov, installé en Suède avec sa femme dans les années 90, est accusé d’avoir recouru aux sociétés d’import-export de composants électroniques qu’il dirigeait pour ses activités d’espion. Ce procès intervient dans un contexte d’inquiétudes accrues des autorités suédoises pour la sécurité nationale, quelques mois après la condamnation d’un ex-agent du renseignement suédois pour espionnage aggravé au profit de la Russie.
Des charges « extrêmement graves »
Sergueï Skvortsov va comparaître devant les juges pour « activités de renseignement illégales » au détriment de la Suède et des États-Unis, après une enquête de la police suédoise menée avec l’aide du FBI américain. Le procès doit durer jusqu’au 25 septembre mais se déroulera en partie à huis clos pour des motifs de sécurité nationale.
Sergueï Skvortsov, détenteur de la double nationalité russe et suédoise, risque jusqu’à quatre ans de prison. Son avocate, Ulrika Borg, a indiqué à l’AFP que son client « dément tout acte criminel ». L’homme avait été arrêté le 22 novembre 2022 à l’aube dans sa maison d’une banlieue huppée de Stockholm au cours d’une spectaculaire opération d’unités commando de la police ayant mobilisé deux hélicoptères. Placé en détention depuis, l’accusé est soupçonné d’avoir organisé « l’acquisition d’informations et l’acquisition effective de divers produits que l’État russe et les forces de défense ne pouvaient pas acquérir sur le marché libre en raison des règles et sanctions en matière d’exportation ».
Il aurait espionné les États-Unis depuis le 1er janvier 2013 et la Suède depuis le 1er juillet 2014, jusqu’à son arrestation. « Il faisait courir un risque grave aux intérêts nationaux en matière de sécurité, tant en Suède qu’aux États-Unis », a dit à l’AFP le procureur Henrik Olin. « Il suffit de regarder le champ de bataille en Ukraine pour voir que le complexe militaro-industriel russe a besoin de cela », a-t-il ajouté.
Le ministre de la Justice suédois, Gunnar Strommer, a jugé « extrêmement graves » les charges retenues contre le suspect. En 2016, la justice américaine a arrêté et jugé, essentiellement à New York, des personnes ayant fourni au système militaire russe des appareils électroniques. « L’analyse des autorités américaines est que l’accusé a pris la suite de ces personnes », a ajouté M. Olin.
« Des pays et des acteurs étatiques pourraient profiter de la situation »
Les enquêteurs suédois ont retrouvé des emails du ministère de la Défense russe envoyés à Skvortsov et saisi à son domicile des ordinateurs, disques durs, clés USB et téléphones mobiles, recensés parmi les 81 pièces à conviction dévoilées dans l’acte d’accusation. Juste après l’arrestation du couple en 2022, le ministère russe des Affaires étrangères avait estimé qu’il s’agissait d’un nouvel acte « d’hystérie antirusse de la part de l’Occident ».
Le Premier ministre suédois Ulf Kristersson a jugé au contraire en juillet que son pays devait affronter « la situation la plus sérieuse du point de vue de la sécurité depuis la Seconde Guerre mondiale ». « Des pays et des acteurs étatiques pourraient profiter de la situation », avait-il dit. Le ministre suédois de la Justice a estimé que la Russie, au même titre que l’Iran et la Chine, figuraient parmi les menaces.
Le procès intervient peu après la conclusion d’une autre spectaculaire affaire d’espionnage au profit de la Russie. La justice suédoise a condamné en janvier à la prison à perpétuité un ex-agent du renseignement suédois, reconnu avec son frère coupables d’« espionnage aggravé ». Peyman Kia, 42 ans, était jugé pour avoir collecté des informations sensibles que son frère cadet a ensuite transmis au GRU, entre 2011 et 2021.
L’affaire a été décrite comme le plus grand scandale d’espionnage de l’histoire récente de la Suède, signe d’une infiltration de l’espionnage russe au cœur du renseignement suédois.
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