La famille d’un paysan d’Anché (Indre-et-Loire) qui s’est donné la mort le 12 mars dernier a décidé de dénoncer publiquement les raisons qui ont poussé Vincent Vuzé à commettre l’irréparable. Ce drame n’est que le reflet d’un mal généralisé qui ronge les campagnes françaises.
« Le système a eu raison de son courage. Broyé, comme tant d’autres dans son cas, par toujours plus de normes, de contraintes, de paperasseries », dénonce Monique Vuzé, la maman de Vincent, auprès de nos confrères de La Nouvelle République. « M. Sarkozy disait ‘travailler plus pour gagner plus’. Dans le cas des éleveurs, c’est ‘travailler plus pour gagner moins’. »
Cela fait des années – depuis 2009, après la crise de 2008 – que la famille Vuzé vit grâce au salaire de Cathy, la femme de Vincent, aide-soignante. Le fils du couple, Jean-Simon, travaillait depuis trois ans auprès de son papa sans toucher davantage de salaire.
La ferme compte un élevage de vaches et la polyculture des 306 hectares pour en assurer l’autonomie alimentaire. La seule bonne année financière a été celle de « la récolte du siècle » en 2012, suivie par une descente aux enfers avec des prix qui ont connu une chute dès l’année suivante.
Au-delà des problèmes financiers, la mère de Vincent Vuzé, elle-même éleveuse à la retraite, assure que c’est aussi à cause d’un problème généralisé de société que le drame s’est produit. En effet, selon elle, les agriculteurs sont « salis, harcelés, humiliés par une partie de nos concitoyens ».
Le maire de Champagné-Saint-Hilaire, Gilles Bossebœuf, est tout-à fait d’accord avec les propos de Mme Vuzé mère, allant jusqu’à dire que « c’est notre société qui l’a tué ». « Son suicide montre la détresse et la solitude engendrées par le travail dans ce rude métier mal reconnu, qu’est le métier d’agriculteur et d’éleveur », remarque l’élu, dont Vincent a été le bras droit en tant que conseiller municipal de 2008 à 2020.
« Comment pouvons-nous accepter que des tragédies comme celle-ci se jouent à répétition autour de nous sans qu’on s’en émeuve, mais surtout sans qu’on agisse sur les causes ? » a écrit le maire aux représentants de l’État et aux élus deux semaines après le drame.
Le cas de Vincent Vuzé n’est en effet pas isolé. En Bretagne, un ancien maraîcher rend hommage depuis plusieurs années aux quelque 600 agriculteurs qui se suicident chaque année, selon des données de la Mutualité sociale agricole de 2015.
Le chiffre est « plus de trois fois supérieur à la moyenne des autres catégories socioprofessionnelles », remarque le Breton Jacques Jeffredo, qui assure que les besoins essentiels des agriculteurs ne sont pas remplis. « Il y a insécurité, plus de reconnaissance des autres. On leur dit qu’ils polluent, etc. Et malgré tout, ils continuent à travailler des heures et des heures, sans être payés à leur juste titre. »
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