Le jambon, cuit dans son moule en plastique, prend place à toute vitesse dans des barquettes du même matériau : dans l’usine Monique Ranou du distributeur Intermarché, le plastique est incontournable comme dans l’ensemble de la chaîne alimentaire. Mais des alternatives existent.
Frédéric Giffon, le directeur de l’usine finistérienne des Mousquetaires/Intermarché enlève sa charlotte à la sortie du site de production. Emballer les quelque 125 tonnes de nourriture qui sortent chaque jour de l’usine dans autre chose qu’une barquette en plastique ? Cela nécessiterait de changer toute la ligne de production, explique-t-il à l’AFP lors de la visite du site en juin 2024.
En grande consommation, « le produit est indissociable de l’emballage », confirme Bertrand Swiderski, directeur responsabilité sociale et environnementale du géant Carrefour. Pour réduire l’usage de plastique, « il y a un pari industriel à faire, avec de gros investissements à la clé ».
438 millions de tonnes plastiques par an
Le sujet est d’importance : le collectif « Break Free From Plastic » estime que 438 millions de tonnes de nouveaux plastiques sont manufacturés chaque année dans le monde. L’essentiel des émissions de gaz à effet de serre en lien avec le plastique (90%) vient de sa production, mais le seul traitement des déchets plastiques génère à lui seul autant que « deux Belgique », dixit le collectif.
Dans un « atlas du plastique », publié en 2020, la fondation Heinrich Böll, proche du parti allemand Alliance 90/Les Verts, a estimé que plus de 10% du plastique produit a été utilisé dans les « biens de consommations », et 36% dans les emballages, « principalement à usage unique ».
Pour autant, « il y a de moins en moins d’emballages dans les rayons des supermarchés », assure à l’AFP Franck Charton, le délégué général de Perifem, qui réunit les acteurs de la distribution. « Que ce soit les fabricants, les magasins ou les consommateurs, tout le monde veut aller dans cette direction ».
Les supermarchés essaient de réduire le recours aux emballages à usage unique dans la vente à la découpe ou à l’unité : « pour emballer votre pièce de bœuf ou une part de lasagne par exemple, on encourage l’utilisation des barquettes en inox », réutilisables, dit Franck Charton. Les supermarchés peuvent aussi réduire « les emballages industriels et commerciaux », ceux que les clients ne voient pas forcément, le film plastique entourant les palettes par exemple, ajoute-t-il. Des feuilles de route ont été établies par le secteur en France.
Des progrès lents mais constants dans l’agro-industrie
Au niveau des producteurs, les choses évoluent « encore lentement, mais très sûrement », assure à l’AFP l’Ilec, représentant français des géants de l’agro-industrie comptant parmi ses membres Coca-Cola, L’Oréal, Lactalis ou Haribo. Le secteur a « mis en circulation 5,5 millions de tonnes d’emballages ménagers » en 2022 en France, chiffre en légère hausse depuis plusieurs années.
Des leviers sont identifiés : suppression d’emballages non essentiels, plus grands formats, recharges avec des emballages souples. Et bien sûr le vrac, même si des réticences demeurent et que tous les produits ne peuvent se passer d’emballages. Le frein peut aussi être lié aux habitudes des consommateurs, plus ou moins prêts à acheter des denrées non emballées selon les pays.
Carrefour observe de fortes disparités également dans le traitement des déchets plastiques. Au global, plus de la moitié du plastique utilisé dans l’ensemble de la chaîne de valeur part en décharge, et seulement un quart est recyclé, explique son directeur RSE à l’AFP. Le taux de recyclage est disparate. Il est d’environ 26% en France, il grimpe à 47% en Espagne mais redescend à 1% au Brésil.
Bertrand Swiderski, donne l’exemple des fruits et légumes comme vecteur d’espoir : l’emballage plastique a commencé à être retiré dès 2016, et malgré des réticences initiales, « le client s’y habitue ». Depuis janvier 2022, les emballages plastiques sont même interdits en France pour les fruits et légumes, même si les associations de protection de l’environnement déplorent de trop nombreuses exemptions, 29 au total. Une extension au niveau européen pourrait intervenir d’ici 2030.
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