Double médaillée de bronze en voile olympique, Camille Lecointre visera l’or aux JO-2024 en 470, dont les équipages sont désormais mixtes. Jusqu’aux Jeux de Paris, la barreuse originaire du Havre raconte son parcours à l’AFP.
Dans ce quatrième épisode, elle revient sur l’inattendue médaille de bronze ramenée des Mondiaux d’octobre en Israël, quelques mois après la naissance de son deuxième enfant, et sur les difficultés ensuite rencontrées à l’entraînement avec son nouvel équipier Jérémie Mion.
« Notre idée, c’était que s’il y avait la place, on n’allait pas se gêner, mais sans se mettre aucune pression. C’était quatre mois après avoir donné naissance, avec un seul mois d’entraînement, la force physique n’était pas encore complètement là, l’équipage était tout neuf… En plus, j’ai fait le déplacement avec deux enfants. Même si j’avais le soutien de ma belle-famille (qui vit en Israël, ndlr), les nuits étaient courtes et c’était chaud de tenir le rythme. Mais je ne suis pas seule sur le bateau et Jérémie prenait le relais sur plein de choses. Et en fait, même en ayant l’impression de ne pas être au top, on était pas mal. C’était un an seulement après Tokyo et avec le passage en mixte, beaucoup d’équipages venaient de se former. Nous, on a repris particulièrement tard, mais les autres n’avaient pas non plus repris juste au lendemain des Jeux. En fait, tout le monde galérait un peu. Au bout du compte, c’est une médaille qui n’est pas complètement inespérée, même si c’est une belle surprise. »
Des moments vraiment galère en janvier et février
« Les Mondiaux, c’était un peu la lune de miel. Tout est nickel, on se dit mince, c’est facile en fait, on est épaté par le coéquipier, on se pardonne facilement les erreurs. Mais après, il faut rentrer à la maison et s’entraîner… Et là, on aimerait que tout marche mieux. Jusqu’à très récemment, on ne trouvait pas de solutions à des problèmes de vitesse constatés aux Mondiaux. On a essayé de jouer sur la technique, la conduite du bateau, les réglages, le matériel… On a eu des moments vraiment galère en janvier et février à Lanzarote. On a eu beaucoup de vent, on a beaucoup cassé, physiquement c’était compliqué, on ne trouvait pas et on est entrés dans le dur. Et enfin, toute fin-février, on a trouvé des pistes.
En fait, on était partis sur une mauvais piste liée au grand gabarit de Jérémie, en gardant tout son matériel. Mais on a réalisé que, au-delà du physique, ça jouait beaucoup sur ma manière de barrer. Pour moi, tout était nouveau, l’équipier, le mât, les voiles, même le constructeur du bateau… Et on a vu que je ne pouvais tout simplement pas prendre ce qui marchait pour Jérémie avec son ancien barreur, ça ne me convenait pas. Il a fallu tout remettre à plat et trouver quelque chose qui nous allait à tous les deux, en tant qu’entité. »
« On a de la bouteille et on a bien réagi, on n’est pas partis dans tous les sens à se prendre la tête. Il fallait trouver des solutions et même si on n’est toujours pas les plus rapides, c’est beaucoup mieux. Maintenant, on entre dans une phase de qualification, avec des performances à aller chercher. Il faut être sur les podiums, on ne vise plus le Top 8. Ça fait longtemps qu’il n’y avait pas eu autant de concurrence en équipe de France, ça remonte à 2012. On était déjà trois équipages à se battre pour une place et c’était sanglant. Là ça se passe très bien mais il est inévitable que ça se tende à un moment. Ça n’est pas le monde des Bisounours et il ne restera qu’un équipage. Si je suis repartie après Tokyo, c’est aussi pour ça. J’aime cette sensation de devoir aller chercher les résultats et le chemin qui y mène: les prépas physiques, les recherches, le mental, la vitesse du bateau, tout ce qu’on a mis en place brique après brique. »
Propos recueillis par Stanislas TOUCHOT
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