Sur les berges du Gange, les derniers moments apaisés avant la mort

Par Epoch Times avec AFP
4 septembre 2024 10:10 Mis à jour: 4 septembre 2024 10:37

A Varanasi, les bûchers funéraires s’étalent sur des kilomètres le long des rives du Gange. Chaque année, des milliers d’hindous fervents se pressent dans la capitale spirituelle de l’Inde pour y mourir au plus près du fleuve sacré.

Les plus faibles ne restent que quelques jours, les plus prévoyants patientent parfois pendant des années. Mais tous sont convaincus, comme l’enseigne la tradition religieuse hindoue, que ce pèlerinage sans retour dans cette ville, située dans le nord du pays, leur assurera la paix éternelle.

« Ici, c’est le pays de Dieu », se réjouit Badri Prasad Agarwal. Malgré ses 92 ans, il n’a pas hésité à parcourir plus d’un millier de kilomètres depuis son domicile situé dans le Rajasthan (au nord-est) pour y franchir le seuil de la mort. Sereinement.

Mourir près des berges du Gange, c’est la garantie d’y être incinéré et de voir ses cendres dispersées dans les eaux sombres du fleuve depuis les « ghats », ces fameux escaliers de pierre empruntés par tous ceux qui viennent se baigner. C’est aussi la certitude que son âme atteindra directement la « moksha », la libération définitive du cycle des réincarnations.

« Bientôt je serai en paix, dans sa maison »

Le nonagénaire assure que Dieu lui a confié qu’il n’avait plus que cinq mois à vivre. Il les passera dans un de ces nombreux établissements qui accueillent les croyants au seuil de la mort. « Je parle à Dieu tous les jours », confie Badri Prasad Agarwal, « bientôt je serai en paix, dans sa maison ».

Il a élu résidence au Mumukshu Bhawan, « la maison de ceux qui cherchent le salut », un hospice d’une quarantaine de chambres idéalement situé à quelques minutes de marche du Gange.

Depuis des siècles, seuls, en couple ou en famille

Là, depuis des siècles, le ronflement des flammes des bûchers ne s’interrompt jamais. Également connue sous le nom de Benarès, la ville de Varanasi est entièrement dédiée à Shiva, l’un des principaux dieux de l’hindouisme. Celui, entre autres, de la destruction qui précède la création. Les croyants s’y pressent depuis des siècles, seuls, en couple ou en famille. La plupart ont économisé toute une vie pour payer ce voyage sans retour.

Nathi Bai, 72 ans, est arrivée à Varanasi il y a deux ans. Elle se réjouit de pouvoir un jour être incinérée sur le site du « ghat » Manikarnika.

Sur cette photo prise le 31 août 2024, des personnes se tiennent près de bûchers funéraires en feu dans un lieu de crémation improvisé le long de Manikarnika Ghat, sur les rives du Gange en crue, à Varanasi. Des bûchers funéraires fumants bordent le Gange dans la ville sainte de Varanasi, en Inde, où des milliers de fidèles hindous se rendent chaque année depuis tout le pays pour passer leurs derniers jours au bord d’eaux qu’ils considèrent comme sacrées. (Photo by NIHARIKA KULKARNI/AFP via Getty Images)

« Je veux être incinérée (…) pour que mon âme repose en paix et que mes cendres soient immergées dans le Gange », explique la résidente de l’hospice Mumukshu Bhawan.

« Il y a tant de respect, tout est si bien fait »

Ce qu’elle a vu des cérémonies d’incinération a conforté son souhait. « Quand des gens sont envoyés à leur incinération, c’est comme si on les asseyait sur un trône à la façon d’un dieu », commente-t-elle, « il y a tant de respect, tout est si bien fait ».

Gulab Bai, elle, est arrivée à Varanasi il y a plus de trente ans avec son mari. Il y est décédé au bout de sept ans. Même si ses enfants continuent à lui rendre visite, elle se dit prête à partir. Revêtue de son sari safran, la couleur sacrée de l’hindouisme, elle attend son heure, sereine. « Mourir et être incinérée ici rompt le cycle de la vie et de la mort », récite-t-elle, « j’atteindrai alors le salut ».

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