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Sur les retraites, le gouvernement tente de rassurer les Français

janvier 13, 2023 9:30, Last Updated: janvier 13, 2023 11:39
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« On ne se voit pas travailler jusqu’à 64 ans… » : dans l’Essonne, le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal, tente de rassurer des Français inquiets sur leur retraite, première étape d’une tournée du pays pour essayer d’amadouer l’opinion sur une réforme décriée.

« Je ne suis pas forcément capable de vous annoncer le mois exact de votre départ en retraite ou le montant à l’euro près, mais je vais essayer », plaisante le ministre, arrachant des rires à la cinquantaine de personnes auxquelles il fait face perché sur un tabouret, micro à la main, jeudi soir dans une salle polyvalente de Juvisy-sur-Orge, au sud de Paris.

Relèvement progressif de l’âge légal de départ en retraite de 62 à 64 ans, allongement de la durée de cotisation à 43 ans, carrières hachées, pénibilité, emploi des seniors… Pendant près de deux heures, le public fait part de ses inquiétudes et Gabriel Attal tente d’apaiser, sans forcément y parvenir.

Aller au devant des Français dubitatifs ou mécontents

Avec cet exercice, le ministre veut aller au devant de Français dubitatifs ou mécontents de la réforme présentée mardi. Selon son entourage, il compte le renouveler chaque semaine, du Nord au Sud de la France, jusqu’à l’examen du texte au Parlement en février.

Mais il aura fort à faire pour gagner la bataille de l’opinion : alors que se préparent grèves et manifestations le 19 janvier, plusieurs sondages mettent en exergue l’opposition d’une large majorité de Français à un recul de l’âge légal.

« Vous êtes de la génération 1965, et donc votre âge légal de départ passe à 63 ans et trois mois », assène-t-il à une quinquagénaire qui a commencé à 16 ans comme apprentie dans la tapisserie-décoration : à l’époque, les périodes d’apprentissage n’étaient pas comptabilisées dans le calcul des droits.

« Ah oui, même en ayant une carrière aussi longue ! », découvre-t-elle, dépitée.

Assis un peu plus loin, un sapeur-pompier de Palaiseau se demande comment il fera pour tenir. Certes, comme d’autres fonctionnaires exerçant des métiers pénibles, il pourra faire valoir ses droits à la retraite plus tôt, à 59 ans. Mais cela reste deux ans de plus qu’avant la réforme, note-t-il.

« Le matériel est lourd, quand on part pour un feu, en trois minutes on se retrouve avec 40 kilos sur le dos. A 20 ans, 30 ans, 40 ans, ça passe. Arrivé à 50, ça commence à tirer vraiment sur la corde. S’il faut aller jusqu’à 59 ans, j’ai peur qu’il y ait des cérémonies aux Invalides de plus en plus fréquemment », souligne-t-il.

Cette préoccupation fait écho dans la salle: une femme explique que son mari se lève à 02h00 toutes les nuits pour travailler au marché de Rungis « où il porte des charges lourdes » ; une autre, dans la petite enfance, fait remarquer qu’« à 64 ans, on ne peut pas être à quatre pattes au sol avec un bébé de trois mois » ; et cette aide-soignante à domicile a « un peu peur » de travailler jusqu’à cet âge-là auprès de personnes âgées.

Des « mesures justes »

Face à ces doléances, le ministre fait valoir l’abaissement des seuils de prise en compte de la pénibilité, notamment pour le travail de nuit.

Des départs anticipés resteront aussi possibles au titre de l’invalidité et pour les carrières longues, souligne-t-il, citant aussi d’autres « mesures justes » comme la prise en compte du congé parental, ou une pension minimale de 1200 euros pour toutes les carrières complètes.

« Index senior »

Aux inquiétudes pour les plus âgés, il rétorque « index senior » qui obligera les entreprises à publier la part des salariés âgés ou amélioration des règles du cumul emploi-retraite.

Quand la ronde des questions se tarit, la salle commence à se disperser, mais des doutes persistent, comme chez des pompiers qui se disent « pas convaincus ».

« Derrière chacune de vos interpellations, il y a probablement des centaines de milliers voire des millions de Français qui se posent les mêmes questions », admet Gabriel Attal. Mais pour lui, travailler plus longtemps reste la seule solution à même de pérenniser le régime solidaire de retraite par répartition, sans rogner le pouvoir d’achat des travailleurs ou la compétitivité des entreprises.

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