Iaroslav et Nazar, 11 ans chacun, portent une veste kaki, un fusil en bois et une mitraillette en plastique. Lorsqu’ils ne suivent pas leur classe en ligne, ils tiennent un faux « checkpoint » sur la route et arrêtent les passants.
Les deux garçons ont investi un abribus, à la sortie de leur village, sur lequel flotte le drapeau ukrainien jaune et bleu.
Depuis le début de l’été, sur les routes de la province de Donetsk dans la partie du Donbass sous contrôle ukrainien, ou encore sur celles de la région de Kharkiv, ils sont des dizaines à jouer à ce jeu.
Des enfants jouent à la guerre
Certains collectent au passage des fonds pour l’armée en donnant le salut militaire au passage des nombreux véhicules de l’armée qui sillonnent les environs, à quelques dizaines de kilomètres du front seulement. D’autres s’amusent et récoltent des friandises ou des fruits donnés par les passants.
« Quand les militaires me voient, ça les aide à avoir un meilleur moral. »
Soutien des soldats ou victimes des bombes, les #enfants ne sont pas épargnés par la #guerre en #Ukraine ??.
Reportage de @MaryseBurgot pour @infofrance2 pic.twitter.com/WoEZF5ExfB
— FRANCE 24 Français (@France24_fr) September 2, 2022
« On est ici pour arrêter les voitures et vérifier si les gens sont des Russkoffs ou pas », dit Nazar avec son air le plus sérieux et le plus méchant possible.
« Nous les arrêtons et leur disons que la 93e brigade les salue », dit-il en référence à l’une des unités ukrainiennes qui combat l’armée russe sur le front à l’est de la ville de Kharkiv, deuxième plus grande citée du pays, située juste à la frontière avec la Russie mais qui résiste depuis le début de l’invasion le 24 février.
Mots de passe popularisés
Selon l’enfant, « la 93e brigade est légendaire. Elle nous défend pour qu’on puisse avoir une vie paisible ».
Une voiture s’arrête. Le chauffeur est censé connaitre le mot de passe pour s’identifier comme Ukrainien, selon les apprentis soldats.
« Gloire à l’Ukraine! », dit Nazar, « Gloire aux héros », répond l’automobiliste. « Gloire à la Nation », ajoute l’enfant, « mort à l’ennemi », réplique le conducteur. S’en suivent d’autres mots de passe popularisés récemment, dont l’un évoque le président russe Vladimir Poutine en l’affublant d’un nom d’oiseau.
Quand il grandira, Nazar veut être militaire « et soutenir les forces armées ukrainiennes », son copain Iaroslav aussi.
Oleksandre Ivanik, 39 ans, qui passe en voiture, se prête au jeu. « Nous sommes fiers qu’il y ait une génération qui grandisse qui soit patriote et qui comprenne qui est notre ennemi venu nous tuer », dit-il.
Des enfants proposent du thé ou du café
A l’autre bout du village, Arten, 15 ans, et ses trois copains Pavlo, Ivan et Andrïi n’ont pas d’attirail militaire, mais ils agitent un grand drapeau ukrainien devant leur cabane sur le bord de la route.
Ils arrêtent les véhicules qui passent et proposent du thé ou du café. « Nous vérifions les papiers d’identité et ceux des véhicules », dit Arten avant d’ajouter: « nous sommes là toute la journée et le week-end ».
Sont-ils des patriotes? « Oui! », répondent-ils tous en chœur.
Quelques dizaines de kilomètres plus loin, Maksym, 10 ans, arbore un gilet militaire bardé d’écussons, un casque en plastique et un fusil d’assaut en bois. Il salue les militaires et récolte des fonds pour eux.
« J’ai donné à l’armée 15.000 hryvnias (400 euros) », dit-il avec fierté.
Peu bavard, le garçon ajoute simplement qu’il « aime aider les gens et les faire rire », avant de retourner à son poste auprès d’un faux canon, d’une fausse roquette et d’un drapeau ukrainien.
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