L’arrivée à l’âge fatidique de 20 ans des premiers parcs éoliens de l’Hexagone annonce une multiplication de chantiers de renouvellement, occasion de changer les équipements et par la même occasion de multiplier la puissance et la production électrique offerte.
Au parc de Treilles-Souleilla, mis en service en 2001, ce repowering, comme le secteur appelle la manœuvre, produira 20% d’énergie en plus, avec toujours 16 turbines à taille inchangée mais dernier cri, pour alimenter 35.000 personnes.
Sur ce sommet des Corbières, avec vue sur la mer et vent toute l’année, le chantier a commencé par le retrait des vieilles éoliennes, l’excavation puis la réfection des fondations, et enfin la pose des nouvelles machines, fournies par l’allemand Vensys.
En cette fin de semaine, il en est à la 5ème : d’abord un morceau de mât, dans lequel un grutier, délicat mais assuré, emboîte un autre morceau. Les deux sont rivés de l’intérieur par des techniciens : le bruit de la visseuse s’entend à 100 m. La grue s’empare ensuite de la nacelle, avant le rotor prévu le lendemain.
La maintenance devenait de plus en plus lourde
Bilan : un an de travaux et 40 millions d’euros d’investissement. Mais cela en vaut la peine, assure le développeur, Qenergy. Après 20 ans, les matériaux souffrent, surtout dans ce secteur de l’Aude, lieu historique de l’éolien en France, où Tramontane et vent de mer « turbulents » les mettent à l’épreuve. La maintenance devenait de plus en plus lourde, comme pour une voiture qu’il vaut mieux changer, explique-t-on chez Qenergy France (ex-RES, racheté par le coréen Hanwha).
L’édile fait ses comptes. Il a renégocié à la hausse location du terrain et redevances : 500.000 euros annuels. Le village de 300 habitants a été transformé en 20 ans : route, épicerie, neuf employés…
Le gain en production électrique aurait pu être supérieur si la proximité d’un radar météo n’avait bridé la hauteur des appareils. Ailleurs, ce gain peut en effet atteindre 50% voire 100%, du fait des progrès technologiques dans les matériaux (mâts plus hauts et résistants, pales plus solides), l’électronique de puissance (réduisant la masse de la nacelle), l’aérodynamisme… explique M. Petit. Une éolienne peut atteindre 5 MW, cinq fois plus qu’hier…
Le repowering progressif des quelque 8000 éoliennes de France est ainsi une solution identifiée par l’Ademe pour verdir l’énergie du pays.
L’État a prévu depuis 2018 un cadre spécifique, avec des démarches d’autorisation variant selon l’ampleur des transformations. Mais cela peut aussi inclure de nouvelles obligations liées à l’évolution des normes et des connaissances. Ainsi à Treilles, Qenergy a dû cette fois s’intéresser à l’aigle royal, investissant dans l’entretien de 100 hectares en forêt domaniale pour favoriser son habitat, le tout sous contrôle de l’ONF (Office national des forêts).
Attendu sur le sujet du recyclage, le développeur assure aussi que 99% de l’ancien parc a été recyclé ou réutilisé, à 80% à moins de 100 km. Le béton par exemple est retourné pour un tiers dans les fondations, le reste repris par une entreprise de BTP.
Quant aux pales, sujet le plus difficile par leur teneur composite (fibre de verre, résine, bois), elles ont été données à un artiste local pour finir en sculptures, et en mobilier urbain.
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