Pour l’ancien rugbyman Sébastien Boueilh, violé à l’adolescence et dont la vie a inspiré le téléfilm « Le colosse aux pieds d’argile », diffusé jeudi soir sur TF1 avec Éric Cantona dans le rôle principal, l’objectif de cet « outil pédagogique » est de « rendre visible l’invisible » en libérant la parole des victimes d’agressions sexuelles.
« Dès la première réunion avec l’équipe du film, j’ai dit « Voilà ce que j’en attends. Déjà, ce sera un outil pédagogique, et voilà les passages obligatoires qu’il faut traiter dedans », explique le Landais de 44 ans dans un entretien à l’AFP. « Et honnêtement, ça a été très respecté, ajoute-t-il. Le tournage m’a notamment permis de revivre le plus beau jour de mon passé, au tribunal. C’était une journée que j’attendais et qui a été remplie d’émotions. »
Violé de 12 à 16 ans par le mari de sa cousine, qui le ramenait de ses entraînements de rugby avant de boire un café et plaisanter avec ses parents, Sébastien Boueilh s’est tu pendant dix-huit ans, avant d’enfin parler, puis de faire condamner, en mai 2013, son violeur à dix ans de réclusion criminelle.
« Ne laissons pas les violeurs gagner du terrain »
Le film « rend visible l’invisible », souligne l’ancien talonneur de Dax. « Notamment pour mes parents, qui ont « vu » ce qui m’est arrivé. Il montre également la force de ces prédateurs, dont les armes sont la manipulation et la culpabilisation ».
Au lendemain de la condamnation, Sébastien Boueilh crée l’association « Colosse aux pieds d’argile » — dont la devise est « ne laissons pas les violeurs gagner du terrain ». Elle met en place, entre autres, une charte de bonne conduite à l’attention des éducateurs, ainsi que le « filtrage » des bénévoles et propose également des formations de sensibilisation. L’association travaille aussi sur l’accompagnement des victimes ou des proches.
Permettre de « libérer la parole »
Ce que l’ex-rugbyman attend de la diffusion du téléfilm ? Permettre « de libérer la parole » en faisant entrer le sujet des violences sexuelles « dans le maximum de foyers ». Jeudi, précise-t-il, la plateforme téléphonique 119 (Enfance en danger) « avec laquelle nous travaillons sera en alerte, et nous aussi, parce qu’on espère vraiment que le téléphone sonne le soir et dans les jours à venir : il faut que ça fasse parler ». Avant de rappeler que la phase d’ « auto-destruction », par laquelle passent les victimes, s’illustre de différentes manières : enfermement sur soi, changements d’humeur, abus de drogue, d’alcool ou de sexe, dopage, scarifications (chez les filles), troubles alimentaires, etc.
Déclarée d’utilité publique en 2020 et désormais forte d’une quarantaine de salariés, son association, via ses interventions auprès des clubs ou dans les écoles, a déjà « touché plus de 300.000 personnes et aidé plus de 5000 victimes », explique encore le Landais.
Levée de fonds pour l’accompagnement gratuit des victimes
À l’occasion de ses dix ans, elle vient de lancer sa première levée de fonds afin de continuer notamment l’accompagnement gratuit des victimes, ajoute l’ex-rugbyman, qui en attend au moins 100.000 euros. En libérant la parole des victimes, « on va éviter aussi qu’elles passent du « côté obscur », c’est-à-dire qu’elles deviennent auteurs à leur tour », souligne-t-il. On estime en effet qu’un tiers des pédophiles ont été eux-mêmes victimes de violences sexuelles dans leur enfance.
Autre objectif, avance le Landais, faire qu’à travers son témoignage via le téléfilm cesse l’ « invisibilité des hommes victimes, car les hommes, du moment qu’ils sont majeurs, sont positionnés dans la case des potentiels auteurs ». L’idée ultime étant d’entrer « dans une veille collective, conclut-il, qui permettrait, comme Éric (Cantona) dans le téléfilm de « détecter un gamin victime ».
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