Suzy Delair, comédienne et reine du music-hall, est décédée à 102 ans

Par Epoch Times avec AFP
16 mars 2020 16:57 Mis à jour: 17 mars 2020 10:48

Actrice, chanteuse, danseuse, reine de l’opérette et des revues de music-hall, Suzy Delair, décédée à 102 ans dans la nuit de dimanche à lundi, a régné sur le spectacle parisien au milieu du 20e siècle. 

De son vrai nom Suzanne Delair, la comédienne a brillé dans les années 40 et 50 avec un inimitable chic canaille. Née à Asnières (Hauts-de-Seine) le 31 décembre 1917, elle adore, enfant, imiter Sarah Bernhardt dans l’atelier de couture maternel.

Un de ses derniers rôles fut celui de Germaine Pivert, mariée à Louis de Funès dans « Les aventures de Rabbi Jacob » (1973). Elle y joue avec facétie une dentiste très jalouse.

« Elle est partie sans son p’tit tralala à 102 ans. Suzy Delair jouait très bien la comédie, surtout le rôle de l’enquiquineuse (…) », a réagi l’ancien président du Festival de Cannes, Gilles Jacob, sur Twitter.

Lady Paname

Découverte par le cinéaste Henri-Georges Clouzot, Suzy Delair a tenu son plus grand rôle en 1947 dans « Quai des orfèvres » où elle campait une vedette de music-hall. Deux ans plus tard, elle était pour Henri Jeanson une éblouissante « Lady Paname » toute en plumes et en strass.

Jeune fille, elle fait de nombreuses tournées en province, dansant dans des revues, lorsque le cinéaste allemand Kurt Bernardt la remarque et la fait débuter à l’écran dans « L’or dans la rue » aux côtés d’Albert Préjean et de Danielle Darrieux. Avec ces mêmes acteurs, elle tourne ensuite « La crise est finie » de Robert Siodmak et « Poliche » d’Abel Gance.

« Quai des orfèvres », « L’assassin habite au 21″…

C’est alors qu’elle a retrouvé le music-hall qu’un long jeune homme, pipe vissée aux lèvres, fait irruption dans sa loge et va bouleverser sa vie : Henri-Georges Clouzot, inlassable découvreur de talents, tombe amoureux fou de cette jolie fille aux yeux malicieux et à la répartie vive. Il lui offre en 1942 le rôle de la petite amie de Pierre Fresnay dans « L’assassin habite au 21 » puis, cinq ans plus tard, celui de Jenny Lamour dans « Quai des orfèvres ». Elle sera la compagne de Clouzot pendant dix ans.

Suzy Delair a fait partie en 1942 du groupe d’acteurs et actrices français invités par les Allemands pour visiter des studios de cinéma à Munich et Berlin. Un épisode qui lui vaudra à la libération d’être frappée de trois mois de suspension par le Comité d’épuration.

Du cinéma à l’opérette

Avec Jean Grémillon, elle tourne en 1948 « Pattes blanches », avec Christian-Jaque, en 1950 « Souvenirs perdus » et en 1956, « Gervaise », avec René Clément. Interprète, en 1960, des « Régates de San Francisco », de Claude Autant-Lara, elle tourne, deux ans plus tard, en Italie, « Rocco et ses frères », de Luchino Visconti, avec Alain Delon.

On la voit ensuite dans « Du mouron pour les petits oiseaux », de Marcel Carné, et dans « Les aventures de Rabbi Jacob », de Gérard Oury.

Sur les planches, on l’a vue dans « La vie parisienne » de Jacques Offenbach ou dans « Nuits de Chine », d’après Woody Allen. En 1980, elle se produit pour la première fois dans un spectacle de l’Opéra de Paris avec « Véronique », d’André Messager.

Couronnée de l’Orphée du meilleur enregistrement d’opérette

En 2004, Suzy Delair, qui était aussi connue pour son interprétation de la chanson « Avec son tralala », de Francis Lopez, retrouve le chemin des plateaux pour évoquer la mémoire d’Albert Willemetz, un des pères de l’opérette moderne au 20e siècle, et fredonner quelques-unes de ses chansons.

La même année, elle est couronnée de l’Orphée du meilleur enregistrement d’opérette pour son CD anthologique « De l’opérette à la chanson ».

 

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