Le procès tant attendu de Pu Zhiqiang, un avocat défenseur des droits de l’homme renommé, a débuté à Pékin le 14 décembre. À l’extérieur du palais de justice, des policiers ont malmené les sympathisants de M. Pu et les journalistes qui s’étaient rassemblés.
« Les autorités sont extrêmement furieuses qu’autant de médias étrangers et même de diplomates se soient rendus au palais de justice », explique en entrevue téléphonique Teng Biao, un des avocats défenseurs des droits de la personne les plus réputés en Chine et actuellement chercheur invité à la Kennedy School de Harvard. « Elles ont explosé de rage en raison de l’humiliation. »
M. Pu, âgé de 50 ans, est en détention depuis mai 2014. Il est accusé d’avoir soi-disant « incité à la haine ethnique » et d’avoir « cherché querelle et d’avoir causé des troubles » en publiant sept messages sur un site chinois de microblogue.
En réalité, la poursuite est de nature politique, estime Teng Biao. « Pu Zhiqiang est un chef de file du mouvement pour les droits de l’homme en Chine », indique-t-il. Il a fait du bruit en demandant la vérité sur le massacre de la place Tiananmen de 1989, en demandant la fermeture des camps de travail forcé et en critiquant l’ex-chef de la sécurité, Zhou Yongkang, et son appareil hautement répressif.
« Les autorités chinoises envoient un message à la planète pour dire qu’elles ne vont pas céder à la pression internationale dans le traitement de ce dossier touchant aux droits de la personne », ajoute M. Teng.
Le procès intenté contre M. Pu et la répression policière contre les manifestants et les journalistes couvrant l’événement s’inscrivent dans la campagne actuelle du Parti communiste chinois s’attaquant aux avocats et aux militants des droits de l’homme. Les sympathisants de M. Pu associent la poursuite à son égard à l’absence de réelle justice, aux violations des droits de la personne et à l’absence de démocratie en Chine.
Bousculer les sympathisants
Le matin, des policiers en uniforme et en civil ont encerclé le Deuxième tribunal intermédiaire populaire de Pékin, effectuant le contrôle d’identité des passants. Ils ont aussi éloigné du palais de justice environ 50 manifestants, une dizaine de diplomates américains, européens et australiens et une vingtaine de journalistes chinois et étrangers, selon un témoin sur les lieux.
Tandis que les policiers en uniforme démontraient de la retenue, les policiers en civil étaient particulièrement agressifs, selon le témoin. Dans une bousculade, l’un d’eux a frappé un étranger et ce dernier a retourné la politesse.
Des policiers ont également bousculé Dan Biers, un diplomate de l’ambassade américaine à Pékin, alors qu’il lisait une déclaration aux journalistes couvrant le procès.
« Les avocats et les dirigeants de la société civile, comme M. Pu, ne devraient pas faire face à une répression continuelle. Ils devraient plutôt avoir le droit de contribuer à bâtir une Chine prospère et stable », a déclaré M. Biers alors qu’il était bousculé par des policiers lui disant de quitter les lieux.
« Conquérants et pillards »
Le premier jour du procès s’est déroulé sans histoire. Le procès a débuté à 9 h, il a duré trois heures et seule son épouse a pu assister.
Mo Shaoping, l’avocat de M. Pu, a indiqué à Reuters que son client a admis avoir écrit les sept messages de microblogue, qu’il a présenté ses excuses s’il a « causé du tort à d’autres gens » et qu’il « n’avait aucune intention d’inciter à la haine ethnique ou de chercher querelles et de causer des troubles ».
Il a inscrit un plaidoyer de non-culpabilité. « Il s’agit vraiment d’un cas de liberté d’expression, dans lequel aucun tort n’a été prouvé », a déclaré M. Mo à l’Associated Press après l’audience.
Pu Zhiquang a écrit des commentaires peu flatteurs à propos de responsables du régime chinois dans trois de ses messages publiés sur Weibo. Dans l’un d’eux, M. Pu s’est moqué de Mao Xinyu, le petit-fils de Mao Zedong et général de l’armée, et de Shen Jilan, un responsable octogénaire qui fait preuve selon plusieurs que l’assemblée populaire du régime ne fait qu’entériner les décisions du Parti (M. Shen ne s’est jamais opposé à quelconque motion).
Dans d’autres messages, M. Pu a dénoncé avec des termes parfois colorés les politiques brutales du régime contre les minorités tibétaines et ouïghoures.
« Les Chinois han sont-ils tombés sur la tête ? Ou bien les dirigeants des Chinois han sont-ils tombés sur la tête ? », a-t-il écrit dans un message dénonçant la politique d’interdire les femmes musulmanes ouïghoures de porter le voile dans la ville de Ghulja, au Xinjiang.
Dans un autre message, M. Pu a écrit : « Si vous dites que le Xinjiang appartient à la Chine, alors ne le traitez pas comme une colonie et n’agissez pas comme des conquérants et des pillards. »
Dilxat Raxit, un porte-parole du Congrès ouïghour mondial en Allemagne, dénonce la persécution de Pu Zhiqiang pour ses messages supposément insensibles sur le plan ethnique sur Weibo.
« En Chine, la loi est un mensonge », a-t-il affirmé à Epoch Times en entrevue téléphonique. « Quiconque semble contester la loi, même avec tact, en paiera le prix. »
« La communauté internationale devrait prendre soin de Pu Zhiqiang, qui s’est levé pour défendre le bien. »
Luo Ya et Juliet Song ont contribué à cet article.
Version originale : Supporters of Chinese Lawyer Roughed Up as Trial Begins
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