Syrie : des femmes et des enfants découverts dans les geôles souterraines du pouvoir déchu de Bachar al-Assad

Par Epoch Times avec AFP
9 décembre 2024 12:05 Mis à jour: 9 décembre 2024 12:06

Des secouristes syriens mènent lundi d’intenses fouilles à la recherche de détenus piégés dans des cachots souterrains de la prison de Saydnaya, symbole des pires exactions de Bachar al-Assad, dont des habitants de Damas célèbrent la chute sous la poussée d’une fulgurante offensive rebelle. 

Au lendemain de ce tournant historique pour la Syrie, qui met fin à un demi-siècle de règne sans partage du clan Assad, le groupe de secours des Casques blancs a dépêché des équipes d’urgence dans le sinistre établissement, à une trentaine de km de Damas, invoquant l’existence de « cellules souterraines cachées, qui contiendraient des détenus ».

Il a précisé avoir déployé à Saydnaya, dont nombre de détenus ont déjà été libérés la veille, « des unités de recherche et de sauvetage, des spécialistes de l’abattage des murs, des équipes chargées d’ouvrir les portes en fer, des unités canines entraînées et des intervenants médicaux ».

À Damas, des Syriens en liesse sont rassemblés sur la place des Omeyyades, après la levée du couvre-feu nocturne imposé par la coalition rebelle qui s’est emparée dimanche de la capitale. « C’est indescriptible, on ne pensait pas que ce cauchemar allait se terminer, on renaît », s’enthousiasme Rim Ramadan, 49 ans, employée du  ministère des Finances, depuis la place. « Cela faisait 55 ans qu’on avait peur de parler, même à la maison, on se disait que les murs avaient des oreilles. On a l’impression de vivre un rêve », déclare-t-elle à l’AFP, sur fond de tirs de joie nourris et de klaxons.

(OMAR HAJ KADOUR/AFP via Getty Images)

Les exilés affluent aussi de la Turquie voisine au poste-frontière de Cilvezogu : « ça fait 14 ans que j’attends ce moment, je voulais être pilote, j’ai dû tout abandonner. On avait tous les criminels contre nous, Assad, les Russes, les Iraniens », dit Hamad Mahmoud, 34 ans, venu d’Istanbul où il a travaillé dans un restaurant.

Le président déchu, qui a dirigé d’une main de fer la Syrie pendant 24 ans, a fui le pays dimanche face à l’offensive insurgée lancée le 27 novembre sous la direction du groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS) de Abou Mohammad al-Jolani. Les agences russes ont dit dimanche qu’il était à Moscou avec sa famille, ce que le Kremlin s’est refusé à confirmer lundi.

Cette avancée rebelle, qui ouvre une période d’incertitude pour le pays, est la plus spectaculaire depuis le début de la guerre civile, déclenchée en 2011 après la répression sanglante de manifestations pro-démocratie, et qui a fait plus de 500.000 morts.

Au cours de leur progression, au départ de leur bastion d’Idleb, dans le nord-ouest, les rebelles ont déjà dit avoir libéré nombre de prisonniers « injustement détenus » dans une série de geôles du pouvoir.

« Cette victoire est un triomphe (…) pour toute la communauté musulmane », « la Syrie a été purifiée », a lancé dimanche Abou Mohammad al-Jolani dans la mosquée historique des Omeyyades, après s’être prosterné sur une pelouse à son entrée à Damas.

Le groupe HTS est l’ancienne branche syrienne d’Al-Qaïda qui dit avoir rompu avec le jihadisme, sans réellement convaincre les chancelleries occidentales.

Plus tôt, le chef rebelle – Ahmed al-Chareh de son vrai nom – avait demandé à ses combattants de rester à l’écart des institutions publiques, laissées sous contrôle du Premier ministre jusqu’à la « passation officielle ».

A la demande de la Russie, principal allié du pouvoir déchu, le Conseil de sécurité de l’ONU se réunit en urgence lundi à huis clos sur la Syrie. Le Kremlin a jugé lundi « nécessaire » de discuter avec les futures autorités de ses bases en Syrie.

La Turquie, qui soutient des groupes rebelles et accueille des millions de réfugiés syriens, a elle appelé lundi à la « formation d’un gouvernement inclusif ».

« Toute transition politique doit veiller à ce que les auteurs de violations graves répondent de leurs actes », a affirmé l’ONU lundi demandant que « toutes les mesures » soient prises pour « assurer la protection de toutes les minorités et éviter les représailles et les actes de vengeance ».

Tout en saluant la chute du pouvoir, plusieurs pays ont mis en garde contre toute dérive extrémiste.

La France a affirmé lundi qu’elle conditionnera son soutien à la transition politique au « respect » des droits des femmes, des minorités et du droit international.

A Damas, les symboles du pouvoir Assad, ont été pris d’assaut. Sa résidence a été saccagée et le palais présidentiel partiellement incendié.

A travers le pays, des manifestants ont renversé et piétiné des statues du président déchu et de son père, Hafez al-Assad, qui a dirigé la Syrie de 1971 à sa mort en 2000.

Les forces gouvernementales se sont effondrées en dix jours, cédant aux rebelles de vastes territoires et les grandes villes d’Alep (nord), Hama (centre), Deraa (sud) et Homs, avant la capitale.

Après des années de soutien, le pouvoir a cette fois, selon les experts, été lâché par ses alliés, la Russie se concentrant sur l’Ukraine et l’Iran et le Hezbollah étant affaiblis par leur confrontation avec Israël.

Au moins 910 personnes, dont 138 civils, ont été tuées pendant l’avancée rebelle, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

Cette ONG a fait état lundi de 11 civils d’une même famille tués dans une frappe de drone turc sur une maison dans un village du nord de la Syrie en zone sous administration kurde, où des combattants kurdes syriens tentent de repousser des attaques de groupes armés soutenus par Ankara.

Le gouvernement israélien a de son côté souligné lundi que l’avancée la veille de ses troupes en Syrie dans la zone tampon à la lisière de la partie du plateau du Golan occupée et annexée par Israël est « une mesure limitée et temporaire ».

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