INTERNATIONAL

Syrie: le régime a ouvert un corridor aux civils voulant fuir la région d’Idleb

août 22, 2019 13:55, Last Updated: août 22, 2019 14:11
By Epoch Times avec AFP

Le régime syrien a annoncé jeudi l’ouverture d’un corridor pour permettre aux civils le souhaitant de quitter la région d’Idleb, où une campagne militaire du pouvoir et de l’allié russe a fait des centaines de morts et entraîné un exode de la population.

Soutenu par l’aviation russe, le régime de Bachar al-Assad bombarde quasiment sans cesse depuis fin avril la province d’Idleb et des zones voisines, dans le nord-ouest du pays en guerre, dominées par les djihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS) et abritant des groupes rebelles.

Près de 900 civils ont péri dans les bombardements aériens et à l’artillerie sur Idleb et les secteurs adjacents aux mains de HTS et des insurgés dans les provinces voisines d’Alep, de Hama et de Lattaquié, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Le « corridor » annoncé est destiné aux habitants d’une région composée de plusieurs villages, située à cheval entre le sud d’Idleb et le nord de Hama et qui se retrouve assiégée par les prorégime après leur progression ces derniers jours.

Tout au long de ses reconquêtes ces dernières années, le pouvoir avait ouvert de tels « corridors » pour permettre aux civils de quitter des bastions rebelles et rallier les régions gouvernementales ou aux mains de ses adversaires. Craignant toutefois les arrestations, les habitants rechignent généralement à les emprunter.

« La République syrienne annonce l’ouverture d’un corridor humanitaire dans la région de Sourane, dans le nord de la province de Hama, pour permettre aux citoyens le souhaitant de sortir des régions sous contrôle des terroristes dans le nord de Hama et le sud d’Idleb », ont indiqué les Affaires étrangères à Damas, citées par l’agence officielle SANA.

Un sommet prévu le 16 septembre à Ankara

L’initiative intervient alors que la Turquie, frontalière de la province d’Idleb et qui soutient des groupes rebelles syriens, a annoncé un sommet le 16 septembre à Ankara entre les présidents russe, iranien et turc pour parler de la Syrie.  Elle a lieu également au lendemain de la reconquête par le régime de Khan Cheikhoun, une ville du sud d’Idleb abandonnée par les djihadistes et les rebelles face à l’avancée des forces gouvernementales.

La région désormais assiégée par le régime englobe aussi les localités de Morek, où se trouve un poste d’observation militaire turc, et Kafr Zita, toutes deux dans la province de Hama. Ankara dispose de plusieurs postes d’observation militaires dans les provinces d’Idleb et de Hama.

Difficile dans l’immédiat de dire si des civils emprunteront le corridor. Et la région concernée est déjà quasi vidée de ses habitants selon l’OSDH. Car depuis fin avril, plus de 400.000 déplacés ont fui les violences dans le sud d’Idleb et le nord de Hama d’après l’ONU.

« Nous recevons des informations sur d’importants déplacements dans le nord-ouest », a confirmé à l’AFP David Swanson, porte-parole régional de l’ONU pour la Syrie. Après Khan Cheikhoun, l’objectif du régime semble être la ville de Maaret al-Noomane, également dans le sud d’Idleb, selon l’OSDH.

Jeudi, des raids aériens du régime et russes ont visé des secteurs dans les environs, a indiqué l’ONG.

Des villages fantômes, sans vie

Les villes de Khan Cheikhoun et Maaret al-Noomane se trouvent sur une autoroute stratégique qui relie la capitale Damas à Alep (nord), deux villes aux mains du régime.

Dans les environs de Maaret al-Noomane, située au nord de Khan Cheikhoun, « la plupart des villages ont été vidés de leurs habitants », a confié à l’AFP Abou Hussein, un habitant qui a fui depuis deux jours Maaret al-Noomane.

« Ce sont des villages fantômes, il n’y a plus de vie, juste des avions qui bombardent », a-t-il dit. Il reste toutefois de rares habitants qui « mettent leur vie en danger pour protéger leurs maisons ».

Déclenchée en 2011 après la répression par le régime de manifestations prodémocratie, la guerre en Syrie qui s’est complexifiée avec l’implication de plusieurs acteurs régionaux et internationaux, a fait plus de 370.000 morts et déplacé des millions de personnes.

Depuis septembre 2015 et l’intervention militaire de Moscou dans le conflit, le régime Assad, déjà aidé par l’Iran et le Hezbollah libanais, a multiplié les victoires face aux rebelles et djihadistes, reprenant le contrôle de près de 60% du territoire syrien.

Outre les territoires contrôlées par les djihadistes et rebelles dans la région d’Idleb et autour, de vastes de pans de la Syrie lui échappent encore dans l’est du pays, où forces kurdes syriennes soutenues par Washington contrôlent la grande partie des régions.

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