Une force syrienne antijihadistes soutenue par les États-Unis a accusé pour la première fois samedi l’aviation russe d’avoir bombardé ses combattants dans l’est de la Syrie, pays ravagé par la guerre.
C’est la première fois que les Forces démocratiques syriennes (FDS) disent avoir été la cible de raids aériens de la Russie, alliée du régime syrien dans le conflit. Elles avaient déjà accusé le régime de les avoir bombardées dans la province voisine de Raqa.
Dans cette guerre complexe aux multiples protagonistes, les forces soutenues par les Russes et celles soutenues par les États-Unis mènent des offensives distinctes pour chasser le groupe jihadiste État islamique (EI) de Deir Ezzor, la dernière province qu’il contrôle quasi totalement en Syrie.
L’offensive des prorégime se concentre sur la ville même de Deir Ezzor, capitale de la province du même nom et située dans l’ouest de la province riche en pétrole.
Celle des FDS, une alliance de combattants arabes et kurdes appuyée par l’aviation américaine, vise à chasser les jihadistes de l’est de la province.
Samedi, les raids russes et du régime ont visé les FDS dans cette région. « Nos forces ont été la cible d’une attaque de l’armée de l’air russe et du régime dans la zone industrielle », au nord-est de la ville de Deir Ezzor, on indiqué les FDS dans un communiqué. « Six combattants ont été blessés ».
« Au moment où nos forces remportent de grandes victoires contre l’EI (..), certaines parties tentent d’entraver l’avancée de nos troupes », ont accusé les FDS.
Au moment de l’annonce de leur offensive contre l’EI dans la province de Deir Ezzor, cette alliance avait assuré qu’il n’y avait aucune coordination avec les forces du régime.
Mais, selon la coalition internationale, il existe dans la zone une « ligne de déconfliction », terme utilisé pour désigner les mesures prises pour éviter les incidents dans le ciel syrien, encombré d’avions de la coalition antijihadistes dirigée par les États-Unis, d’avions du régime et d’avions russes.
La province de Deir Ezzor est divisée diagonalement par le fleuve de l’Euphrate. Les FDS opèrent dans des secteurs sur la rive est du fleuve, où les leurs combattants ont été visés par les raids samedi.
Les incidents entre les FDS et le régime, forces rivales, sont rares. En juin, un avion syrien a été abattu par la coalition dans la province de Raqa (nord), Washington affirmant qu’il s’agissait d’une riposte à un tir de cet appareil contre les FDS.
Le régime est très méfiant à l’égard des FDS, dont les forces kurdes sont la principale composante. Les Kurdes de Syrie ont déjà créé une région fédérale dans les zones qu’ils contrôlent, provoquant l’ire du pouvoir.
Vendredi, la conseillère du président Bachar al-Assad, Bouthaina Chaabane, a prévenu que le régime allait combattre « les FDS, l’EI ou toute force étrangère illégitime présente sur le territoire ».
« Les FDS tentent, sous les ordres des Américains de parvenir aux régions pétrolières pour les contrôler. Ils n’y parviendront pas », a-t-elle dit dans une interview.
Les forces du régime, appuyées par les frappes russes, ont réussi début septembre à briser le siège de l’EI sur la partie gouvernementale dans la ville de Deir Ezzor et chassé les jihadistes de plusieurs quartiers.
Elles contrôlent désormais 65% de la ville et cherchent à assiéger totalement les jihadistes dans la cité.
Dans les quartiers où l’EI a été chassé, on se félicite de cette victoire. « Chaque jour, on voyait la mort une centaine de fois », raconte un homme âgé à des journalistes emmenés en tournée par l’armée russe.
Une perte de cette province ébranlerait l’organisation ultraradicale qui n’aurait plus que des poches dans la ville de Raqa et dans le centre et le sud du pays.
Une offensive des FDS est en outre en cours à Raqa pour en déloger totalement les jihadistes.
L’EI, responsable d’attentats sanglants en Occident, a vu son pouvoir se rétrécir comme peau de chagrin en Syrie et en Irak voisin après une montée en puissance fulgurante en 2014.
Malgré ses défaites sur le terrain, l’organisation jihadiste parvient encore à frapper avec des attentats dans ces deux pays et à l’étranger.
Déclenché en mars 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, le conflit en Syrie a fait plus de 330.000 morts et des millions de déplacés.
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