Neuf jeunes ont été mis en examen dans la soirée de samedi par un juge d’instruction dans l’enquête sur l’agression mi-janvier du jeune Yuriy dont cinq pour « tentative d’assassinat » et cinq ont été placés dans la nuit en détention provisoire.
Dans cette affaire qui a suscité l’émoi dans la classe politique mais aussi de la part de célébrités, « les neuf personnes présentées au juge d’instruction samedi ont été mises en examen pour les infractions visées par le parquet à leur égard lors de l’ouverture de l’information judiciaire », a indiqué une source judiciaire dimanche matin à l’AFP.
Mis en cause pour « tentative d’assassinat » et « complicité »
Cinq sont mis en cause pour « tentative d’assassinat » et un sixième pour « complicité » de ce crime.
Quatre mineurs et un majeur ont été placés en détention provisoire, tandis que les quatre autres ont été placés sous contrôle judiciaire, selon la source judiciaire.
Le parquet de Paris a ouvert samedi une information judiciaire des chefs de tentative d’assassinat et complicité de tentative d’assassinat, participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime et vol avec violence ayant entraîné une incapacité totale de travail supérieure à huit jours.
Jeudi et vendredi, onze mineurs, âgés de 15 à 17 ans, et un majeur, âgé de 18 ans, majoritairement domiciliés à Vanves (92), avaient été placés en garde à vue dans cette enquête, dont quatre qui s’étaient « spontanément présentés aux services de police » selon le procureur de Paris Rémy Heitz.
Deux ont été relâchés vendredi sans poursuite à ce stade.
Un avocat de l’un des mis en cause, contacté par l’AFP, a indiqué samedi que « le degré de l’implication des neuf est très divers ».
« Partie civile pour Yuriy et sa mère »
De son côté, Me Francis Szpiner, l’avocat de la mère de Yuriy, Nataliya Kruchenyk, a indiqué que « dès lundi », il se constituerait « partie civile pour Yuriy et sa mère ». « Elle remercie la police de la rapidité avec laquelle les auteurs présumés ont été identifiés et interpellés ainsi que le parquet pour avoir retenu la qualification de tentative d’assassinat », écrit-il dimanche sur Twitter.
Le soir du 15 janvier, Yuriy, collégien âgé de 15 ans, est conduit à l’hôpital dans un état grave après avoir été roué de coups sur la dalle de Beaugrenelle, le toit aménagé d’un centre commercial du XVe arrondissement, un quartier aisé de la capitale, où il se trouvait avec des amis.
Le 22 janvier, une vingtaine de secondes d’images de son agression ont été diffusées sur les réseaux sociaux.
On y voit une dizaine de jeunes en blouson à capuche s’acharnant à coups de pied et de battes, ou de bâtons, avant de l’abandonner.
Selon une source proche du dossier, Yuriy avait « un tournevis dans sa poche » lors de son agression.
Selon le procureur de Paris Rémy Heitz, les neuf mis en examen « sont soupçonnés d’avoir constitué un groupe afin de préparer une action collective violente à l’égard d’un autre groupe de personnes en réaction à une précédente rixe », le 10 janvier, dans le XVe arrondissement, qui fait elle-même l’objet d’une enquête distincte, et « d’avoir dans ce cadre commis des violences sur Yuriy et de lui avoir volé son téléphone portable ».
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait dénoncé « une attaque d’une sauvagerie inouïe », tandis que plusieurs célébrités, dont le footballeur Antoine Griezmann et l’acteur Omar Sy, s’étaient émues du sort de Yuriy et lui ont apporté leur soutien.
L’Élysée avait annoncé dimanche 24 janvier avoir eu « un échange » avec la mère de Yuriy.
Le passage à tabac de Yuriy a braqué les projecteurs sur les phénomènes des bandes dans la capitale, dont la rivalité peut dégénérer en affrontements pour des motifs parfois futiles.
Ces rivalités entre bandes ont coûté la vie à six jeunes en 2017 et 2018 à Paris selon les autorités qui ont recensé 83 affrontements en 2020 dans la capitale (contre 159 en 2016).
Vendredi, la mairie de Paris, la préfecture de police, le rectorat et le parquet de Paris ont annoncé un prochain renforcement de la stratégie anti-rixes, via une coopération avec les communes limitrophes et une augmentation du nombre de médiateurs.
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