Le temps de la construction ?

28 novembre 2016 15:00 Mis à jour: 30 novembre 2016 10:17

Les résultats du premier tour le laissaient présager, François Fillon a remporté les primaires de la droite et du centre avec 66,5% des voix contre 33,5% pour Alain Juppé. La semaine dernière, les deux concurrents s’étaient rendus coup pour coup sur leur programme. C’est finalement le programme de transformation économique et sociale radicale proposé par François Fillon qui a été choisi.

Au soir de sa désignation en tant que candidat des Républicains à la présidentielle, François Fillon a revendiqué une « victoire de fond ». Le terme est pesé, légitime : sur les 4 millions de Français qui se sont déplacés pour voter à cette primaire, 68% auront voté pour l’ancien Premier ministre. La mobilisation importante de ce scrutin, plus importante que lors des primaires du PS en 2011, semble mettre le candidat des Républicains au centre de l’échiquier des prochaines élections françaises.

Les partisans d’Alain Juppé ont de quoi être déçus. Leur candidat, que les sondages donnaient vainqueur face à Nicolas Sarkozy depuis son retour à la tête de l’UMP, il y a presque un an jour pour jour, avait fait la course en tête de la primaire de la droite et du centre. Jusqu’à la surprise du premier tour et la victoire finale de François Fillon grâce à un vote massif aux primaires de son parti. La semaine n’avait pourtant pas été facile pour l’ancien premier ministre, qui était devenu du jour au lendemain la cible des attaques de ses concurrents à droite et à gauche, le qualifiant tour à tour d’« ultra-libéral », de « conservateur », de « thatchérien » ou de « Mr nobody ».

Comme c’est la tradition dans le parti des Républicains, les différents avis auront tôt fait de se ranger derrière le nouveau candidat. L’objectif, faire bloc face à une gauche désunie et une extrême droite qui croit en ses chances. « Ce qui nous unit est tellement plus grand que ce qui nous sépare. C’est pourquoi ce soir, je tends la main à tous ceux qui veulent reconstruire notre pays », a déclaré François Fillon le soir de son investiture.

Les raisons d’une victoire inattendue

Selon Maxime Tandonnet, auteur de l’ouvrage Histoire des présidents de la République, « le résultat est avant tout celui d’une révolte populaire contre les élites politiques et médiatiques, une réponse de la nation au sentiment qu’une caste médiatisée veut lui imposer sa manière de voir, de penser et de voter ». Bien que largement sous-médiatisé depuis le début de sa campagne, François Fillon a su renverser le match prévu entre Nicolas Sarkozy et Alain Juppé et déjouer ainsi tous les pronostics rabattus à longueur de journée par les médias.

François Fillon a aussi bénéficié du report des voix du premier tour après les ralliements de Nicolas Sarkozy (792 181 voix) et Bruno Le Maire (92 022 voix). La campagne « dure » d’Alain Juppé entre les deux tours a également contribué à creuser l’écart, à l’image des 215 parlementaires de la droite et du centre qui ont dénoncé publiquement les attaques.

Enfin, le programme et la personnalité de François Fillon ont été essentiels dans le choix des électeurs de la primaire. François Fillon donne en effet l’image d’un homme politique honnête, connaissant bien ses dossiers et incarnant une certaine idée de la France, à la fois humaniste et libérale.

Un programme de « transformation économique et sociale »

Au-delà de la sympathie des électeurs sur le personnage, François Fillon a proposé le programme le plus radical pour redresser la France. Celui-ci s’articule autour de trois priorités : la libération de l’économie, la restauration de l’autorité de l’État pour protéger les Français et l’affirmation des valeurs de la France. En voici quelques lignes résumées et non exhaustives.

En 2007, en déplacement en Corse, François Fillon déclarait « être à la tête d’un État en situation de faillite ». Aujourd’hui il propose plusieurs mesures afin de changer le modèle social et économique du pays. Parmi elles, on retrouve 100 milliards d’euros d’économies en cinq ans sur les dépenses publiques, 40 milliards de baisse des charges pour les entreprises, la fin des 35 heures dans les secteurs privé et public, le recul de l’âge de la retraite à 65 ans, etc. Il veut également réduire le nombre de ministres et de parlementaires et prévoir en retour 10 milliards d’allégements sociaux et fiscaux pour les ménages. Selon lui, il faut libéraliser l’économie française qui étouffe sous le poids de la bureaucratisation.

Pour la sécurité des Français, il prévoit 12 milliards d’euros supplémentaire à la sécurité, à la défense et à la justice, et la création de 16 000 places de prison. Pour l’éducation, il veut recentrer l’enseignement sur les fondamentaux et laisser plus de libertés aux écoles et aux enseignants pour choisir leur méthode éducative. Au niveau de la santé, le candidat aux présidentielles veut recentrer l’assurance publique sur les maladies graves et les affections de longue durée pour laisser le reste – dont les médicaments dits de confort, aux mutuelles.

Sur les dossiers internationaux, il a répété son engagement en faveur des chrétiens d’Orient, victimes de génocide en Syrie et en Irak, sous la pression du groupe terroriste État islamique. Il souhaite une France souveraine dans une Europe respectueuse des nations. Il prône également un rapprochement diplomatique avec la Russie, pour mettre fin au terrorisme en Syrie.

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