La guerre civile au Soudan est l’une des plus chaotiques au monde. Au carrefour de rivalités ethniques, religieuses et mondiales, elle oppose les islamistes arabes aux Africains autochtones, la société civile aux dictateurs, les Russes aux Ukrainiens et les Iraniens aux Américains.
Pourquoi s’en préoccuper ?
Oussama ben Laden a opéré depuis le Soudan de 1991 à 1996. Certains de ses associés islamistes s’y trouvent encore. Le chaos régnant au pays a permis à Al-Qaïda, au groupe terroriste ISIS et au terrorisme iranien de s’y étendre, progressant de la mer Rouge jusqu’à l’océan Atlantique.
Les Américains et leurs alliés ont intérêt à mettre fin au génocide au Soudan, car c’est ce qui est juste. Nous avons intérêt à entraver les acteurs malveillants au pays, y compris la Russie. Nous avons intérêt à soutenir une société civile démocratique qui apporte une aide humanitaire aux enfants affamés. Cette société civile pourrait un jour devenir un allié stable des États-Unis.
Il est vrai que l’environnement politique est complexe. La Russie et l’Iran soutiennent des camps opposés au Soudan, où l’Ukraine et l’Iran se rangent du côté de l’armée tandis que la Russie soutient les rebelles. Les deux principaux groupes armés impliqués dans le conflit commettent des violations flagrantes des droits de l’homme, mais les rebelles et leur violence génocidaire à l’encontre des petites communautés agricoles sont bien pires. Connus sous le nom de Forces de soutien rapide (FSR), les rebelles se financent en contrôlant la majeure partie du commerce de l’or au Soudan, auquel participent la Russie et les Émirats arabes unis (EAU).
Depuis avril, les FSR ont pris la plus grande partie de Khartoum, la capitale, qui est maintenant sous le blocus des Forces armées soudanaises (SAF). Les FSR ont également occupé la deuxième ville du pays, dans laquelle des rapports datés du 8 mars font état de meurtres, de viols, pillages et incendies criminels encore en cours ayant aggravé la crise des réfugiés. Les FSR, dirigés par des Arabes, sont accusés de génocide contre la minorité des « Africains noirs », une répétition du génocide perpétré par les Janjawids en 2003.
Depuis avril 2023, le général Mohamed Hamdan Dagalo (alias Hemedti) du FSR mène la lutte contre les Forces armées soudanaises du général Abdel Fattah al-Burhan. Les deux dirigeants avaient déjà uni leurs forces pour perpétrer des coups d’État en 2019 et en 2021 contre des administrations civiles.
Bien qu’ils commettent tous deux des violations des droits de l’homme, en août, le général al-Burhan a au moins appelé à la tenue d’élections démocratiques pour mettre fin à la guerre. Il a résisté à la demande iranienne d’accueillir une base navale au Soudan, tentant ainsi de rester du côté des États-Unis et d’Israël. L’Égypte et la Turquie le soutiennent.
Cependant, l’influence iranienne et islamiste au sein des SAF complique fatalement l’engagement des États-Unis et de leurs alliés. Les intérêts islamistes au Soudan, connus sous le nom de « Kizan », sont intégrés dans les forces armées et ont soutenu le Hamas, le Hezbollah et Al-Qaïda par le passé.
Jusqu’en décembre 2020, les États-Unis ont désigné le Soudan comme un État soutenant le terrorisme. Cette année-là, le gouvernement civil soudanais a versé 335 millions de dollars aux victimes américaines du terrorisme et a commencé à normaliser ses relations avec Israël. Tragiquement, le coup d’État de 2021 a replongé le pays dans le chaos.
Le 6 mars, le Wall Street Journal a fait état d’opérations militaires ukrainiennes contre des mercenaires russes opérant au Soudan. En septembre, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rencontré le général al-Burhan dans le cadre de ce qui semble être un partenariat militaire et un commerce d’armes en développement entre les deux pays. Avec l’aide des forces ukrainiennes, les dirigeants des Forces armées soudanaises ont fui Khartoum pour Port-Soudan à l’automne. Les troupes ukrainiennes aident également les Forces armées soudanaises en leur fournissant des technologies de vision nocturne et des drones.
L’Iran a fourni des drones meurtriers aux Forces armées soudanaises, qui ont attaqué sans discrimination des zones civiles à Khartoum. Les États-Unis et l’Union européenne ont critiqué à la fois la FSR et la SAF, notamment pour avoir interféré avec les livraisons d’aide malgré la faim extrême. Les Forces armées soudanaises bloquent l’acheminement de l’aide depuis leur port vers les territoires contrôlés par les rebelles, malgré la famine qui se développe. Selon les Nations unies, la guerre a entraîné le déplacement de près de 11 millions de personnes, et 18 millions souffrent d’une faim aiguë. Plus de 13 000 personnes ont été tuées.
Les Émirats arabes unis auraient fourni des armes aux FSR depuis le mois de juin, en violation d’un embargo sur les armes décrété par les Nations unies. En janvier, un rapport de l’ONU ayant fait l’objet d’une fuite a trouvé des preuves « crédibles » de l’envoi hebdomadaire des Émirats arabes unis d’avions-cargos au Tchad, pays voisin, qui ont livré non seulement de l’aide humanitaire, mais aussi des munitions, des drones, des obusiers, des lance-roquettes multiples et des missiles antiaériens avancés.
La société civile soudanaise a raisonnablement cherché à mettre fin à la guerre civile par une transition démocratique. La meilleure option pour éloigner le Soudan du terrorisme, de l’Iran et de la Russie à l’avenir est de soutenir cette société civile dès maintenant et de faire pression sur les Forces armées soudanaises pour qu’elles respectent des étapes vérifiables qui forceront le pays à s’engager sur la voie de la démocratie. Il faudrait notamment débarrasser le gouvernement de toute influence iranienne et terroriste restante et l’obliger à mieux protéger les civils dans ses combats.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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